« Au Burundi, l’inflation se trouve à un niveau où la population burundaise n’est plus capable de satisfaire ses besoins fondamentaux », a déploré Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), dans un point de presse animé ce 16 janvier.
Il évoque le récent rapport de la Banque centrale (BRB) qui stipule un taux d’inflation de 26,8 % pour le mois de novembre 2022 : « C’est un taux record. C’est la première fois au Burundi que l’inflation atteint ce niveau ».
Selon lui, la pénurie périodique des produits sensibles comme les fertilisants, les médicaments et les produits pétroliers ainsi que la carence des devises continuent à générer des conséquences fâcheuses sur la vie des citoyens burundais.
L’Olucome constate une flambée généralisée des prix des produits de première nécessité notamment le haricot, le riz, l’huile, la farine et autres produits alimentaires, ce qui a rendu la vie trop chère : « Il devient pratiquement impossible à un simple fonctionnaire de l’Etat de joindre les deux bouts du mois avec son maigre salaire ».
Gabriel Rufyiri rappelle que plus de 70 % de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté : « On doit souligner que le Burundi, selon les rapports des institutions de Bretton Woods, est le pays le plus pauvre du monde avec un PIB par habitant par an de moins de 260 dollars. C’est une situation qui mérite une attention particulière ».
Pour lui, il faut voter un budget d’austérité pour faire face à cette inflation : « Le gouvernement doit réviser le budget dans l’urgence pour voter un budget d’austérité qui vise les secteurs porteurs de croissance ». Selon lui, l’agriculture doit être mise en avant dans le but d’avancer vers la lutte contre l’inflation.
Il appelle le gouvernement du Burundi à mettre en place une commission indépendante d’experts en vue de proposer des solutions à court, à moyen et à long terme dans le but de maîtriser cette inflation.
Le président de l’Olucome recommande aussi l’exonération des produits de première nécessité surtout les produits alimentaires, le rapatriement des devises reçues des exportations ainsi que plus d’investissement dans les cultures industrielles génératrices de devises et dans l’exploitation des minerais.
Quid de la bonne gouvernance au Burundi ?
L’Olucome déplore que des autorités publiques burundaises ne déclarent pas encore leurs biens et patrimoines en entrant et en sortant de leurs fonctions : « Pour le nouveau gouvernement, seul le ministre des Infrastructures, de l’Equipement et des Logements Sociaux Dieudonné Dukundane et l’ex Ombudsman du Burundi Edouard Nduwimana ont déjà déclaré leur patrimoine ».
Il évoque les articles 95 et 159 de la Constitution du Burundi qui exigent au président de la République, le vice-président, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat à déclarer leurs biens et patrimoines à la Cour Suprême lors de leur entrée en fonction et à la fin de celle-ci.
Pour lui, si l’obligation de déclaration du patrimoine n’est pas honorée, il s’en suit l’enrichissement illicite, le conflit d’intérêt, le blanchiment d’argent sale et les dons offerts pour des fins de corruption : « Ces infractions existent au Burundi et la loi les réprimandant existe, mais les présumés coupables ne sont ni arrêtés ni jugés par la justice burundaise ». Ainsi, l’Olucome suggère la mise en place effective de la cellule nationale des renseignements financiers pour faciliter les enquêtes financières.
Concernant les marchés publics, Gabriel Rufyiri fait savoir que plus de 70 % du budget général de l’Etat sont consommés par les marchés publics octroyés souvent illégalement aux personnes morales inéligibles. Il recommande la mise en place d’un registre national public de toutes les sociétés bénéficiaires des marchés publics au Burundi.