En mémoire du Muganwa Kamatari Ignace, assassiné en 1964, sa fille Mme Kamatari Esther se souvient sur X du 60ème anniversaire de sa mort …
Gitega, 27/05/2024 – Pour honorer la mémoire de son père, Mme Kamatari Esther (Princesse), fille du Muganwa Kamatari Ignace, frère du Mwami Mwambutsa Bangiricenge, a publié un message sur X ( ex Twitter ). Son père, Muganwa Kamatari Ignace, avait été assassiné [1] le 27 mai 1964 au Burundi, et aujourd’hui marque le 60ème anniversaire de sa mort. Le corps de Kamatari Ignace repose à côté du mausolée de son neveu, Muganwa Rwagasore Louis, assassiné le 13 octobre 1961.
Pendant la colonisation, le Vatican n’aimait pas le règne du Mwami Mwambutsa Bangiricenge [2] car il n’était pas « Hamite »[3].
Après la conférence de Bandung en Indonésie en 1955, exigeant les indépendances, la peur s’est répandue parmi les pays colonisateurs. Les USA, le Vatican, la France et la Belgique ont alors planifié le futur « État néocolonial » au Burundi.
En 1959, avec Ntiruhwama Jean, ces derniers ont orchestré la fin d’Ingoma Y’Uburundi, ce qui a conduit au génocide des Baganwa entre 1959 et 1966. Parmi les victimes, on compte Muganwa Rwagasore (1961), Muganwa Birori (1963)[4], Muganwa Ntidendereza Jean-Baptiste (1963), Ntakiyica Jean-Baptiste (1963) , Ntakiyica Henri (1963) , Muganwa Nahimana Antoine (1963) et Muganwa Kamatari Ignace (1964).
En 1965, Mwami Mwambutsa Bangiricenge devait être assassiné, mais il a réussi à fuir, en échappant à l’équipe des officiers burundais, envoyés en formation en 1960 en France à Saint-Cyr (cf. Shibura, Sota, Rusiga…) « l’équipe Foccart du Burundi ». Cependant, son fils, Muganwa Ndizeye Charles, est resté au Burundi. Pour vérifier si toutes les entraves permettant de déclarer « Vive la République » au détriment d’Ingoma y’Uburundi, état traditionnel des Barundi, avaient été levées lors des Génocides des Baganwa (1961 à 1964) et des Bataka (cf. Chefs des imiryango, 1965) dont certains derniers Banyamabanga. Espérant aussi peut-être piéger Mwami Mwambutsa Bangiricenge, l’équipe Foccart, avec Micombero, vont organiser un simulacre d’intronisation du Muganwa Ndizeye Charles, devenant Mwami Ntare Ndizeye Charles.
Ce dernier n’a régné que quelques mois avant que la République ne soit proclamée en novembre 1966, marquant la fin d’Ingoma y’Uburundi, cet état millénaire en Afrique. Par la suite, cette équipe a démantelé l’Ubumu, la structure socioéconomique traditionnelle des Barundi, pour instaurer une « économie de marché ». Ainsi entre 1972 et 1973, cette équipe va procéder au Génocide contre les Bahutu du Burundi. Mais, entre-temps entre 1966 et 1972, cette même équipe va éliminer les enfants des anciens Bataka et Banyamabanga tués en 1965 et assassiner Mwami Ntare Ndizeye Charles en 1972 (Régicide).
En cette journée de commémoration, Mme Kamatari Esther a exprimé sa pensée pour son père, mais aussi pour M. Ngendandumwe Pierre, Premier ministre du Burundi, assassiné en 1965. Elle a conclu avec un appel à honorer leur mémoire et à ne pas oublier les victimes des tragiques événements de l’histoire burundaise.
NOTES :
[1] Feu Kamatari Ignace a été tué par les mains burundaises (cf. Ntiruhwama Jean) des USA, du Vatican, de la Belgique et de la France. L’objectif était de mettre fin à Ingoma Y’Uburundi, l’état traditionnel des Barundi. Les Bahutu de Muramvya, des fils de Batabazi, Bataka, ou Banyamabanga, que le réseau Ntiruhwama (un Muhima) a fait accuser, étaient les garants d’Ingoma y’Uburundi cimenté par leurs imiryango. Pourquoi auraient-ils voulu tuer Muganwa Kamatari Ignace ?
[2] Pour le Vatican cf. Père Canonica, Mwami Mwambutsa Bangiricenge (frère du Muganwa Kamatari) qui avait refusé le baptême chrétien, était désordonné, indiscipliné, incarnant le « modèle bantu ». (cf. Angelo Inzoli, le développement économique du Burundi et ses acteurs 19e-21e siècle, 2012, éd. L’Harmattan, 207 pages).
[3] Le Muganwa Nduwumwe : « Ne te méprends pas sur notre origine, nous autres Baganwa, notre premier aïeul était Muhutu, nous ne sommes que des Bahutu » (cf. Gorju, Face au Royaume Hamite, p.13 cité par Bourgeois, op. cit. p.190).
[4] Mort des fils Baranyanka / Rwagasore – La stratégie sociale de l’Église catholique dans l’époque postcoloniale : Malgré les accusations de communisme envers l’Uprona avec Nyerere et Lumumba, le Vatican (Grauls, Ntuyahaga) avait sa sympathie (cf. Ntiruhwama Jean, soutien officieux). Bien que, officiellement, on disait que le Vatican soutenait le Parti Démocrate Chrétien PDC. (cf. p.98 : Angelo Inzoli, le développement économique du Burundi et ses acteurs 19e-21e siècle, 2012, éd. L’Harmattan, 207 pages).
Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mardi 28 mai 2024 | Photo : Princesse E.KAMATARI