Les travaux d’exhumation techniques des restes humains enfouis dans des fosses communes au cours des crises cycliques sanglantes jalonnant l’histoire tragique burundaise, débutent le 27 février par celle de Makamba en commune Rusaka relevant de la province Mwaro (centre).
Dans une conférence publique tenue en fin de semaine, Mgr Jean-Louis Nahimana, président de la Commission en charge de la recherche de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) au Burundi, a insisté sur le fait que ce processus vise avant tout « à conserver ces restes humains dans des cercueils, en entendant leur enterrement digne ».
Pour Mgr Nahimana, le gros du travail reste à faire pour venir à bout de ce processus inhérent notamment aux tragédies « sanglantes » burundaises de 1965, 1972, 1988, 1991 et de la plus longue de toutes, à savoir celle de 1993, qui aura duré une dizaine d’années.
« Cependant, nous sommes convaincus qu’avec la conjugaison de nos efforts, notre pays pourra gérer convenablement cette problématique des fosses communes, dont l’ultime objectif est de réconcilier le peuple burundais avec lui-même », a-t-il souligné.
Mgr Nahimana a profité de cette opportunité pour rendre hommage à certaines organisations partenaires à la CVR burundaise, « qui ont déjà apporté leur pierre à l’édifice » dans la réalisation des travaux portant sur l’inventaire des fosses communes et sur leur localisation selon les diverses crises.
Dans ce cadre, il a cité notamment une ASBL (Association Sans But Lucratif) dénommée « Association pour la Mémoire et la Protection de l’Humanité contre les Crimes Internationaux »(AMEPCI).
Selon le président et représentant légal d’AMEPCI, le Burundais Aloys Batungwanayo qui est en train de faire des études doctorales en sciences politiques et sociales à l’Université de Lausanne (Suisse), depuis 1962 à ce jour, le Burundi abriterait autour de 2.500 fosses communes suite à des diverses crises burundaises du passé.
M.Batungwanayo a précisé que dans les victimes recensées pour les diverses crises, on retrouve aussi bien des hutus que des tutsi ; les deux principales ethnies burundaises dont les élites politiques respectives se rejettent mutuellement les responsabilités sur la paternité des crimes commis jusqu’à ce jour.
En revanche pour Nicodème Bugwabari, professeur historien à l’Université du Burundi (UB), les recherches partielles déjà effectuées par l’UB sur ce qu’il a qualifié de « géographie de la violence » vue à travers les fosses communes recensées pour les diverses crises burundaises, ont fait état de 139 fosses communes pour la crise de 1972, et de 34 fosses communes pour la crise de 1988, qui a endeuillée principalement deux communes nordiques du Burundi, à savoir Ntega (province Kirundo) et Marangara (Ngozi).
Depuis le lancement du processus de déposition des victimes sur les diverses crises à partir de la Mairie de Bujumbura le 1er septembre 2016, la CVR a déjà recueillie plus de 400 dépositions.
(Xinhua 27/02/17)