Face à l’ingérence : Quand les dirigeants se croient au-dessus des lois

Introduction

Le Burundi, comme de nombreuses nations, fait face à des défis de gouvernance marqués par des ingérences internes qui affaiblissent l’État et compromettent son développement. Au lieu de respecter les limites institutionnelles et les responsabilités assignées, certains dirigeants se comportent comme s’ils étaient au-dessus des lois, laissant ainsi s’installer une forme d’anarchie où la règle est dictée par les plus influents, au détriment de l’intérêt général. Le mois d’octobre au Burundi est marqué par la commémoration de deux héros nationaux : le Prince Louis Rwagasore, héros de l’indépendance, et Melchior Ndadaye, héros de la démocratie. Ces deux figures emblématiques ont sacrifié leur vie pour que le Burundi soit un pays libre et gouverné selon les principes de justice et de respect des institutions. Pourtant, aujourd’hui, leur héritage semble mis à mal par des dirigeants qui se comportent comme si la loi de la jungle primait, au détriment des valeurs pour lesquelles ces héros ont lutté. Comment en sommes-nous arrivés là, et que dirait-on à ceux qui ont sacrifié leur vie pour une nation unie? Comment en sommes-nous arrivés là, et quelles sont les solutions pour redresser la barre ?

L’ingérence : Un fléau qui paralyse

Aujourd’hui, au lieu de poursuivre l’œuvre de Rwagasore et Ndadaye, certains dirigeants  ont choisi un chemin qui trahit les idéaux d’indépendance et de démocratie. Leurs actions, marquées par l’ingérence et l’abus de pouvoir, affaiblissent l’État et sèment la confusion au sein des institutions. Parfois , la notion de responsabilité gouvernementale semble parfois être reléguée au second plan face à des pratiques où dirigeants politiques et figures influentes s’imposent dans des domaines qui ne relèvent pas de leur compétence. Cette ingérence a pour effet de brouiller les rôles institutionnels, rendant inefficace la gestion des affaires publiques.
Qu’il s’agisse de pressions exercées par certains  sur les affaires d’autres départements ou d’actions unilatérales visant à protéger des intérêts personnels, ce comportement anarchique mine la confiance des citoyens et empêche une gouvernance transparente et efficace.

Un système où la loi de la jungle prime

Le concept de « la loi de la jungle » s’applique lorsque ceux qui détiennent le pouvoir agissent en toute impunité, sans égard pour les règles et les processus démocratiques. Cette situation est visible lorsque des dirigeants interviennent dans les affaires qui ne relèvent pas de leurs prérogatives ou prennent des décisions contraires aux lois.

  • Ingérence des dirigeants : Dans plusieurs cas, certains dirigeants se permettent d’interférer dans les décisions d’autres dirigeants, soit pour bloquer des réformes qui ne leur profitent pas directement, soit pour imposer des choix visant à préserver leur pouvoir. Ces pratiques ont un impact direct sur la capacité de l’État à répondre aux besoins de la population et à mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes.
  • Absence de coordination : Plutôt que de respecter une approche collégiale et coordonnée, de nombreux responsables agissent individuellement, exacerbant les tensions internes et compromettant l’efficacité du gouvernement. Ce manque de discipline institutionnelle nourrit un climat de désorganisation où l’intérêt personnel prime sur l’intérêt général.

Conséquences désastreuses pour un pays

Les conséquences de ces ingérences sont multiples et catastrophiques pour la nation. Tout d’abord, elles créent une confusion au sein des institutions. Lorsque les prérogatives des uns sont usurpées par les autres, il devient difficile de savoir qui est responsable de quoi. Cette confusion ralentit l’action gouvernementale et crée un vide où l’inertie et l’improvisation prennent le dessus.
En outre, cette ingérence génère une méfiance croissante entre les acteurs du gouvernement, rendant impossible toute forme de cohésion ou de travail d’équipe. Les réformes essentielles, en particulier dans des secteurs tels que l’éducation, la santé et l’agriculture, sont compromises par les luttes internes pour le pouvoir.

Sur le plan économique, cette situation de quasi-anarchie dissuade les investisseurs et fragilise l’économie nationale, rendant le pays encore plus dépendant de l’aide internationale. La population, quant à elle, se retrouve abandonnée, sans véritable recours face à des dirigeants plus préoccupés par leurs propres intérêts que par le bien-être collectif.

Comment restaurer l’ordre dans la gouvernance ?

Face à cette situation, plusieurs mesures s’imposent pour rétablir l’ordre et garantir une gouvernance respectueuse des principes démocratiques :

  • Renforcer l’État de droit : La première priorité est de rétablir l’autorité des lois. Chaque dirigeant et responsable doit être tenu responsable de ses actions et ne doit plus pouvoir s’immiscer dans les domaines qui ne relèvent pas de son mandat. Des mécanismes clairs de redevabilité doivent être mis en place pour punir toute tentative d’ingérence ou de dépassement des compétences.
  • Promouvoir une culture de respect des institutions : Pour que la gouvernance retrouve sa crédibilité, il est crucial que chaque acteur gouvernemental respecte les institutions et les processus établis. Cela passe par une meilleure formation des dirigeants et un engagement à respecter les règles du jeu démocratique.
  • Transparence et contrôle : Des systèmes de contrôle doivent être renforcés pour surveiller de manière indépendante l’action des dirigeants et autres hauts responsables. Les médias et la société civile doivent jouer un rôle plus actif en dénonçant les abus de pouvoir et en exigeant des comptes aux dirigeants.
  • Lutter contre la corruption : La corruption étant un facteur clé de l’ingérence, des efforts concertés doivent être faits pour éliminer ce fléau qui gangrène les institutions. Un système judiciaire fort, capable de juger impartialement les responsables corrompus, est essentiel pour restaurer la confiance.

 

Conclusion

L’ingérence qui est  associée à un comportement anarchique de certains dirigeants, constitue un véritable obstacle au développement du pays. Pour sortir de cette spirale, il est impératif de renforcer les institutions  et d’imposer une culture de responsabilité. En ce mois d’octobre, alors que nous commémorons l’assassinat de nos deux héros nationaux, nous devons nous interroger : leurs sacrifices ont-ils été vains ? Le Burundi qu’ils rêvaient de voir émerger est-il respecté  aujourd’hui ? Face à l’ingérence, il est impératif de se rappeler leur héritage et de restaurer les valeurs d’indépendance, de démocratie et de justice qu’ils ont défendues.

 

Par : Ntwari James