
Alors que les terres rares d’Ukraine et d’ailleurs attirent les convoitises, le Kazakhstan fait miroiter ses gisements nouvellement découverts à l’Union européenne. Mais l’UE n’est pas la seule à espérer profiter des ressources stratégiques du pays d’Asie centrale.
Les négociations pour un cessez-le-feu en Ukraine ont mis en évidence les richesses minières du pays, et en particulier ses terres rares, un groupe de métaux aux propriétés voisines comme le scandium ou l’yttrium, et qui suscitent les convoitises de Donald Trump. Celui-ci a décrété que toute aide militaire américaine aurait pour condition un accès privilégié à ce trésor souterrain, essentiel à de nombreuses technologies de pointe, de l’informatique aux éoliennes, mais encore largement inexploité.
Un million de tonnes, et peut-être 20 fois plus
Sauf que des terres rares, il n’y en a pas qu’en Ukraine. Vladimir Poutine a d’ailleurs opportunément rappelé que la Russie en possédait également – elle est à la quatrième place des pays les mieux fournis. Et certains gisements ukrainiens se trouvent sur les territoires annexés par le Kremlin, dont le principal résident a évoqué des négociations en cours avec les Américains.
Sauf que la dernière nouvelle minière pourrait changer la donne: le Kazakhstan a révélé mercredi dernier la découverte d’une nouvelle réserve, estimée à environ un million de tonnes. À ce jour, il s’agit du plus grand gisement de terres rares du Kazakhstan, a confirmé à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Industrie: “Cela pourrait permettre au Kazakhstan de figurer à l’avenir parmi les principaux pays possédant des gisements de terres rares.” D’autant que des prospections supplémentaires pourraient réévaluer le gisement à 20 millions de tonnes.
Le gisement, situé dans la région de Karaganda, au centre du Kazakhstan, contient du cérium, du lanthane, du néodyme et de l’yttrium, détaille Science Alert. Ces différents éléments ont des usages très variés, qui vont des filtres pour four à micro-ondes aux barres de contrôle des réacteurs nucléaires, en passant par les aimants industriels, les lasers, ou la radiographie.
Une Europe à la recherche de ressources
L’annonce par le gouvernement kazakh tombe alors que s’ouvre, en Ouzbékistan voisin, le premier sommet entre l’Union européenne et l’Asie centrale, et que l’UE cherche à assurer son indépendance en ressources stratégiques, entre les USA, la Russie et la Chine. Or, le sous-sol du Kazakhstan est déjà riche: le pays se classe au 2e rang mondial pour ses réserves d’uranium, au 10e pour celles de charbon, au 12e pour celles de pétrole et au 13e pour celles de gaz naturel. D’où l’intérêt que lui porte l’Europe, ainsi qu’à ses voisins d’Asie centrale, pour se sevrer définitivement de ses dépendances énergétiques russes.
Ces terres rares ne font qu’ajouter une raison supplémentaire pour l’UE de se rapprocher du Kazakhstan, pourtant toujours considéré comme un régime autoritaire. Celui-ci s’est d’ailleurs éloigné de la sphère d’influence russe depuis 2022, malgré l’ire de Moscou.
Mais l’Europe et l’ancien centre de gravité soviétique ne sont pas les seuls à convoiter les ressources d’Asie centrale. La Turquie et la Chine cherchent également à s’implanter durablement dans la région, et à assurer leur propre approvisionnement. Du point de vue kazakh, le technologie fait de toute façon défaut dans le pays pour exploiter efficacement ces gisements, et la concurrence s’annonce donc rude parmi les investisseurs étrangers.
Matthias Bertrand; Source: Science Alert