Une série de réformes visant la modernisation des systèmes et moyens de paiement est en cours de réalisation à la banque centrale. Robert Nkurunziza, l’administrateur du Centre de Traitement Monétique à la BRB, dans un entretien accordé à Ikiriho, donne plus d’éclaircissement sur ces réformes.
Ikiriho : La banque centrale (BRB) attend reformer les systèmes et moyens de paiement au Burundi. Quelles vont être ces réformes ?
CTM : A travers le projet “Modernisation des Systèmes de Paiement” (MSP) financé par la Banque Mondiale, la BRB a initié une série de réformes visant, d’une part, la modernisation du système d’échange et de règlement des transactions interbancaires, et d’autre part, la mise en place d’un système de paiement par carte bancaire et autres moyens de payement électronique (Mobile Money, Mobile banking et E-banking) reposant sur une interbancarité à l’échelle nationale et sous-régionale, grâce au “Switch Monétique National”.
Comment cela se manifeste, concrètement ?
Le premier volet de cette réforme s’est traduit par la mise en place d’un sous-système de règlement brut en temps réel pour les paiements des gros montants (Real Time Gros Settlement, RTGS) et le démarrage d’un sous-système de compensation multilatérale automatisé (Automated Clearing House, ACH) qui permet de réduire de façon significative la durée des opérations de compensation, RTGS et ACH étant deux composantes déjà opérationnelles du système ATS-CSD (Automated Transfer System-Central Securities Depository). Le second volet va aboutir à la mise en place d’une structure administrative et technique dont le but sera d’assurer l’interbancarité et l’interopérabilité des systèmes monétiques des banques et autres établissements émetteurs de monnaie électronique (opérateurs télécoms). A ce jour, le Switch Monétique National est déjà installé et les tests d’intégration avec les systèmes monétiques des banques participants/pilotes au Switch sont en cours. Par ailleurs, la communauté bancaire accélère la création d’une société privée qui devra gérer administrativement ledit Switch.
Comment est-ce que les institutions financières vont-elles tirer profit de ces réformes ?
Ces réformes offrent d’énormes avantages aux institutions financières en général et aux banques commerciales en particulier. Avec le sous-système ATS-CSD, l’échange et le traitement des opérations entre les banques et le système central ATS, logé à la banque centrale, sont désormais plus rapides, sécurisés et fiables. Avec le Switch, les échanges interbancaires seront sécurisés et rapides, et toutes les banques participantes vont émettre désormais des cartes bancaires interopérables. Ainsi, leurs clients/porteurs pourront effectuer des opérations de retrait chez n’importe quelle banque participante au Switch et de paiement chez n’importe quel commerçant/accepteur d’un terminal de paiement électronique (TPE). Par exemple, un client de la BCB pourra réaliser des retraits d’argent sur un distributeur automatique de billets (DAB) d’Ecobank ou payer ses achats chez un commerçant disposant d’un terminal de paiement interbancaire.
Quels vont être les avantages du MSP pour les utilisateurs des services bancaires ?
Au niveau du sous-système ATS-CSD, le principal avantage que vont tirer les utilisateurs des services bancaires est lié à la rapidité des opérations de compensation. Et puis, au niveau du Switch, ils auront le privilège d’effectuer diverses opérations bancaires dans les différentes banques participantes au Switch à tout moment de jour comme de nuit. Cela leur permettra de sauver le temps actuellement perdu sur les files d’attentes devant les guichets des banques pour un retrait fiduciaire en substituant le chèque, le reçu ou la quittance par une carte bancaire, un téléphone mobile ou via l’Internet. Aussi, avec le Switch, les tarifs des services bancaires vont être harmonisés et nous projetons qu’elles seront en baisse.
Quels avantages le Burundi pourra-t-il tirer du MSP ?
Ce projet va dynamiser l’économie nationale en général et le secteur financier en particulier grâce à la facilité et rapidité des échanges interbancaires. Notre but est notamment d’arriver à une “cashless society” où l’usage du cash dans les échanges va significativement diminuer, ce qui réduira conséquemment le coût de fabrication des billets de banque grâce à l’augmentation de leur durée de vie. Par ailleurs, le MSP vise à améliorer l’accès de la population aux services financiers et bancaires à un coût raisonnable. Avec le MSP, le Burundi est en phase avec la feuille de route de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est visant l’interopérabilité des Switches Monétiques Nationaux à l’échelle sous-régionale.
Quand est-ce que le Switch monétique national compte-t-il démarrer ?
Les préparatifs visant l’opérationnalisation effective du Switch vont bon train, que ce soit du côté technique, juridique et administratif. Son lancement est attendu au courant de l’année 2019.
By Blaise Nkuriyingoma