Les cadavres retrouvés en août et septembre dans les eaux burundaises du lac Rweru proviennent du Rwanda voisin, séparé par le lac, a affirmé mardi le procureur général du Burundi, assurant en détenir les « preuves ».

« Nous en avons la certitude, ces cadavres ont été charriés vers lac (Rweru) à partir du Rwanda via la rivière Akagera », a déclaré le procureur général de la République, Valentin Bagorikunda, lors d’une conférence de presse à Bujumbura.

« Nous avons mené des enquêtes très fouillées, très minutieuses, nous avons recueillis pas mal de preuves, d’éléments, d’indices, et tout ce travail que nous avons mené sur le terrain nous a conduit à conclure que ces corps ont été charriés par l’Akagera » depuis le Rwanda, a-t-il ajouté, sans autre détail.

Officiellement, six cadavres ont été retrouvés entre mi-août et septembre sur le lac Rweru, ligotés, certains enfermés dans des sacs de jute. Les pêcheurs du lac, situé à 270 kilomètres au nord-ouest de Bujumbura et qui sépare le Rwanda et le Burundi, assurent eux avoir vu passer des dizaines de corps.

Aucun des six cadavres n’a été identifié. Bujumbura comme Kigali assurent néanmoins qu’ils ne s’agit pas de leurs ressortissants. Une commission d’enquête mixte burundo-rwandaise a été mise en place, mais l’affaire embarrasse les deux pays des Grands Lacs et aucune investigation sérieuse n’a jusqu’ici été menée.

Quatre des six cadavres officiellement découverts sur le lac ont été enterrés, les deux autres ont été emportés par le courant avant d’avoir pu être ramenés à terre.

« Le problème qui reste, c’est celui d’identifier ces cadavres car nous n’avons pas la technologie pour le faire », a poursuivi M. Bagorikunda, précisant que les autorités burundaises envisageaient de demander une aide extérieure, faute de quoi l’enquête devrait être classée.

Selon des sources concordantes à Bujumbura, Washington a proposé l’aide du FBI (police fédérale) et des discussions sont en cours entre les autorités burundaises et américaines, mais au point mort actuellement.

« Que ce soit le FBI américain ou tout autre service qui en a les capacité, le ministère public a besoin uniquement d’un expert pour l’identification de ces cadavres, sinon les autres enquêtes sont terminées », a précisé M. Bagorikunda.

Les Etats-Unis avaient demandé fin septembre au Burundi et au Rwanda de mener d’urgence « des enquêtes impartiales (…) avec le concours d’experts » internationaux, pour faire la lumière sur le mystère.

La rivière Akagera (ou Kagera), qui prend sa source au Rwanda, puis longe la frontière burundaise avant d’aller se jeter dans le lac Victoria en Tanzanie, avait charrié de nombreux corps durant le génocide de 1994 au Rwanda. En 2006, des corps d’opposants burundais, assassinés lors de violences politiques, avaient également été jetés dans divers cours d’eau du Burundi.