Message à tous les étudiants des universités burundaises.
Par Libérat Ntibashirakandi
La majorité des Burundais sont frappés par la cacophonie qu’on observe dans la gestion du pays et en particulier dans les deux ministères de l’éducation.
Le 3 octobre 2014, on apprenait que l’école fondamentale Gakeceri à Ngozi fermait ses portes suite au manque du personnel enseignant, deux semaines après l’ouverture de l’année scolaire. Pour ceux qui ne le savent pas, d’après le département de l’enseignement fondamental du MEBSEMFPA, 25 classes manquent pour la 7ème année et 453 classes pour la 8ème année ! Qu’en sera-t-il l’année prochaine pour la 9ème année ?
Le 7 octobre 2014, on annonçait que la problématique de reconnaissance du diplôme de bachelier sera résolue par les Etats Généraux de l’Education prévus du 24 au 28 novembre si rien ne change ! Les étudiants des universités burundaises non convaincus par les deux ministres Butoyi et Sendzirasa décident de continuer le mouvement de grève, qui aujourd’hui entre dans sa deuxième semaine.
Le 8 octobre 2014, on apprenait l’interdiction des écoles secondaires de dépasser 50 élèves dans les classes de 3ème secondaire !Et pourtant, le ratio élèves/salle de classe était de 73 élèves par classe en 2012-2013. Les provinces de Ngozi, Muyinga, Muramvya, Kirundo et Kayanza ont des ratios très élevés, au-dessus de 80. Aujourd’hui, le nombre d’élèves dépasse 100 dans de nombreuses écoles de 7ème et 8ème année !
Ces trois événements démontrent à suffisance la légèreté avec laquelle le pays est gouverné.
A propos du mouvement de grève des étudiants
Je salue la proposition du Ministre Julien NIMUBONA et la mise en place d’une commission technique par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique pour statuer sur la nature des diplômes à faire correspondre au nouveau système BMD.
Je recommanderai aux membres de la commission technique d’accélérer les travaux pour trouver rapidement une issue heureuse à cette affaire.
Je conseillerais aux étudiants de toutes les universités en grève de reprendre le plus rapidement possible les cours et sans aucune autre condition dans la mesure où la commission est déjà à l’œuvre pour étudier leurs doléances et proposer une solution. La démarche risque d’être longue dans la mesure où il faut une ordonnance ministérielle et comme l’a souligné le Ministre Butoyi, certainement que la question sera abordée au cours des Etats Généraux de l’Education qui se tiendront fin novembre si rien ne change.
Une grève des cours à durée « indéterminée » hypothèque vos intérêts. Deux semaines déjà c’est trop. Pourquoi grever à la veille de la fin de la législature ? Ne fallait-il pas songer à d’autres solutions ? Les élections approchent. Concertez-vous, restez unis et solidaires, regagnez les auditoires dès que possible et votez en 2015 pour un candidat qui mettra de l’ordre dans le système éducatif burundais. Exigez que la question de l’éducation au Burundi soit un des thèmes important de campagne prévue dans quelques mois. Les élections sont une occasion d’évaluer, de juger, de reconduire l’équipe qui gagne ou de la changer si elle perd. Evaluer c’est parfois sanctionner.
Le désordre qu’on observe dans l’enseignement comme dans les autres secteurs, ne vous attendez pas à un coup de baguette magique, les états généraux de l’éducation ne feront qu’entériner la politique actuelle. Les états généraux de la justice ont-ils changé quelque chose? Je ne pense pas. Une équipe qui perd, on la change. C’est à vous la jeunesse de le faire.
Soyez des braves, reprenez le chemin des auditoires et surtout restez unis et solidaires, « L’Union fait la force ». Préparez très sérieusement les Etats Généraux de l’Education et produisez un mémorandum qui reprend toutes vos doléances et soumettez-le au comité d’organisation.