À six mois des élections générales au Burundi, l’espace politique est en pleine ébullition, avec la naissance d’une nouvelle coalition d’opposition composée de huit partis la semaine passée, dominée notamment par les deux frères ennemis d’hier, les ex-rebelles hutus des FNL et l’ancien parti unique l’Uprona, tutsi.
Une alliance en concurrence avec une autre coalition beaucoup plus ancienne, l’ADC-Ikibiri, de force à peu près égale.
Après plusieurs années où l’on ne parlait que de la seule Alliance démocratique pour le changement, l’ADC-Ikibiri, une grande coalition de l’opposition radicale au Burundi, née du boycott des élections générales de 2010, l’opposition burundaise est en pleine recomposition à six mois du rendez-vous de 2015.
Ça n’est pas faute d’avoir tenté d’avancer tous en ordre de bataille, mais après de longs mois de négociations, les principaux leaders de l’opposition burundaise ne sont pas parvenus à s’entendre, pour des questions d’égo notamment.
Et à la surprise générale, Agathon Rwasa, le leader historique des ex-rebelles hutus des FNL, considéré comme le principal opposant burundais, a quitté l’ADC-Ikibiri pour former une nouvelle coalition, avec Charles Nditije, le président de l’aile majoritaire du principal parti tutsi, l’Uprona, longtemps parti unique. Ils ont déjà rallié six autres partis et ont lancé officiellement ce nouveau regroupement le mercredi 10 décembre.
Le CNDD-FDD, véritable rouleau compresseur
Aujourd’hui, les deux coalitions ne désespèrent pas d’aboutir rapidement à une grande coalition de l’opposition, car ils se disent tous conscients d’avoir en face d’eux un adversaire redoutable, le CNDD-FDD, au pouvoir au Burundi, véritable rouleau compresseur qui contrôle, selon eux, l’administration, la police, la justice et même la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Un adversaire qui peut en outre compter compter sur plusieurs petits partis satellites.
À noter qu’Agathon Rwasa est convoqué pour la première fois ce lundi 15 décembre dans la matinée, à 9h00 locale (7h00 TU), devant un magistrat du parquet près la cour d’appel de Bujumbura, officiellement. Il doit être entendu sur le massacre de 166 réfugiés banyamulenge en août 2004 à Gatumba, suite à une plainte déposée par des représentants de cette communauté. Lui, dénonce une instrumentalisation de la justice.