Cela fait un mois que la crise dure au Burundi et le pays semble véritablement divisé. Le contraste est saisissant à Bujumbura entre les quartiers acquis au président, où le calme règne et ceux où la mobilisation anti-3e mandat crée de l’effervescence. Illustration à Kanyosha, dans le sud de la capitale, où chaque secteur vit à son propre rythme.
Du côté de Kajiji, un sous-quartier de Kanyosha, acquis à Pierre Nkurunziza, on se prépare à aller participer à un meeting du parti au pouvoir. Et tout autour, la vie suit son cours normal. Le docteur Jonathan témoigne : « Vous voyez même la situation routière est normale et les voitures des personnes continuent à faire la circulation. Les salons de coiffure continuent à faire les activités quotidiennes comme il faut. Il y a le marché et ils continuent à travailler. C’est normal ».
A 200 mètres plus loin vers l’est, on bascule dans un autre monde. Dans ce sous-quartier, depuis un mois, on manifeste chaque jour contre un troisième mandat de Nkurunziza , comme l’explique ce retraité qui préfère garder l’anonymat : « Dès le commencement des manifestations jusqu’à ce jour, vous remarquez vous-même que toutes les voies sont barrées par les manifestants. Les gens effectivement ne travaillent pas parce qu’ils sont bloqués. Il y en a qui sont bloqués de force et il y en a qui sont bloqués parce qu’ils soutiennent les manifestations qui sont en cours aujourd’hui contre le troisième mandat. C’est très difficile. Il n’y a pas d’issue, pas de véhicule ».
Malgré les tirs de la police qui tentent de réprimer les manifestations, rien à faire. Les gens continuent de manifester. Dans le quartier de Kanyosha, comme dans tout Bujumbura, les deux mondes se regardent avec méfiance. Parfois, les uns débordent dans le quartier de l’autre et c’est la violence assurée.