Nous venons de lire sur la toile des informations alarmantes, s’elles s’avèrent vraies, seraient anachroniques et rétrogrades au jour d’aujourd’hui, surtout, avec le pas déjà franchi en termes de paix et de concorde nationale. Il paraitrait que la société Tanganyika Mining Company traiterait son personnel de façon discriminatoire et au profit d’un seul groupe ethnique du Burundi ! Un certain Evariste Iradukunda qui jusque-là faisait tâche ou constituait l’arbre qui cachait la forêt selon les points de vue, a été licencié sans ménagement afin de garder le personnel homogène.
Si notre mémoire est bonne, il y a quelques mois des ONG qui ne voulaient absolument pas travailler dans le sens de la réconciliation nationale, ont préféré mettre la clé sur le paillasson que d’accepter d’accompagner le nouveau Burundi qui se veut être le havre de bonheur et d’épanouissement pour tous les citoyens quelles que soient leurs origines.
Par ailleurs nous constatons avec satisfaction que la Brarudi lentement mais sûrement est en train de rattraper son retard dans le sens de l’ajustement par rapport aux accords d’Arusha qui organisent notamment le partage du gâteau national (le pouvoir, l’avoir et le savoir). C’est un bon exemple à suivre, dans ce cadre, pour les autres acteurs économiques.
Pour rappel, l’identification des priorités économiques pour la recherche d’une paix durable au Burundi a fait l’objet de discussions approfondies dans le cadre des négociations qui ont mené à l’élaboration de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi signé le 28 Août 2000. L’Accord d’Arusha va plus loin que la recherche d’une cessation des hostilités, il s’agit d’un projet de transformation en profondeur de l’ordre politique, social et économique du pays pour la paix.
S’agissant des dimensions économiques du conflit et des solutions à lui apporter, de façon synthétique, on pourrait dire que l’Accord d’Arusha identifie trois types d’actions à mener :
- Des mesures luttant contre l’exclusion socio-économique ;
- Des mesures relatives au règlement de questions sensibles, conséquences du conflit comme celle de la réhabilitation des sinistrés, au premier rang desquels on compte les réfugiés et les déplacés. Même si certaines questions consécutives au conflit n’ont pas été expressément identifiées comme des questions économiques et sociales, leurs coûts importants les placent aussi sous cette rubrique comme la réintégration des sinistrés, la réforme du secteur de la sécurité, incluant l’intégration des forces anciennement belligérantes, la démobilisation, mais aussi la question de la réforme judiciaire ;
- Enfin, le troisième type d’actions préconisées par l’Accord de paix a trait à la reconstruction et au développement socio-économique plus général.
Dès lors que les parties impliquées dans les négociations de l’Accord de paix d’Arusha avaient constaté la fracture politico-économico-ethnique, avaient par la suite décidé que la meilleure façon d’y remédier était d’établir un système de partage de pouvoir politico-économico-ethnique, à travers les quotas ethniques de partage du pouvoir, du savoir et de l’avoir.
Le principe de la proportionnelle ayant été retenu, l’élément déterminant dans ce genre de système est la volonté des élites à coopérer. C’est pourquoi, nous plaidons que tous les acteurs (économiques, sociaux, politiques ou culturelles) œuvrant sur le territoire national burundais face preuve de bonne volonté et participent de façon proactive à cette volonté sans faille des Burundi à vouloir vivre ensemble dans un Burundi réconcilié via une citoyenneté partagée.
Si d’aventure, les responsables de la société Tanganyika Mining Company auraient été distraits par l’urgence économique et stratégique qu’exigent au quotidien leurs activités, rien n’empêche que maintenant et demain ils s’attèlent à soigner cette tare qui aurait été dictée par la nécessité de l’urgence de démarrage de l’outil et de se conformer aux accords d’Arusha. Comme tout acteur responsable.
Ruvyogo Michel