Le Burundi attend de l’actuelle présidence égyptienne de l’Union africaine (UA) la réparation des injustices supposées lui avoir été faites, sous le mandat du Rwanda voisin, a-t-on appris à la suite d’une audience accordée, lundi, par le chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza, au président de la Chambre des Représentants de la République arabe d’Egypte, Ali Abdel Aal.
L’annulation de la « décision unilatérale » de renvoyer une partie des seules troupes burundaises de la Mission africaine de maintien de la paix en Somalie (AMISOM) fait partie des doléances du pouvoir burundais auprès du chef de l’Etat égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, par ailleurs, président entrant de l’UA, a rendu compte de l’audience, le porte-parole-adjoint de la présidence de la République à Bujumbura, Alain Diomède Nzeyimana.
«Si tel n’était pas le cas, le Burundi se réserve le droit de rapatrier tous ses militaires de l’AMISOM », selon la même source.
Par ailleurs, Bujumbura souhaite que l’UA cesse de se laisser « téléguider » par des puissances étrangères dont l’hostilité est connue envers le Burundi, a encore rapporté le porte-parole présidentiel, indexant l’Union européenne (UE).
Les pays de l’UE ont décidé de suspendre les aides budgétaires directes au pouvoir burundais, accusé de manque de volonté pour résorber la crise politique et des droits humains autour des élections controversées et émaillées de violences de 2015.
« Dès mon retour au pays, je vais transmettre le message du président burundais à son homologue et frère, Abdel Fattah Al-Sissi », a promis, de son côté, l’émissaire égyptien.
Par ailleurs, la même source a fait savoir que l’Egypte compte convoquer « dans les tous prochains jours », une réunion au cours de laquelle la complainte du Burundi sera analysée ensemble avec les différents pays contributeurs de troupes à l’AMISOM, ainsi que leurs partenaires.
La décision qui fâche à Bujumbura a été prise, en fin d’année dernière, par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, dans un premier temps, pour 1.000 des 5.400 militaires burundais présents en Somalie depuis 2007.
C’est dans ce climat tendu autour du rapatriement des seuls militaires burundais de l’AMISOM que le chef de l’Etat somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed a effectué, fin février, une visite auprès de son homologue burundais, Pierre Nkurunziza.
Le communiqué conjoint sanctionnant la visite a appelé à un Sommet « urgent » des chefs d’Etat et de gouvernement des pays contributeurs de troupes à l’AMISOM, pour mieux coordonner les retraits.
Une nouvelle armée somalienne encore à l’état embryonnaire doit prendre la relève des troupes de l’AMISOM, sans toutefois rassurer quant à sa capacité de faire face à la menace islamiste d’Al Shabaab contre le pouvoir central à Mogadiscio et pays voisins.
Le retrait des troupes burundaises semble néanmoins irréversible et autour de 600 militaires ont été forcés de rentrer, faute de ravitaillement en étant plus reconnus par l’AMISOM.
Dans l’ensemble, l’enjeu financier autour des 22.000 militaires burundais, ougandais, kényans, éthiopiens et djiboutiens qui composent l’AMISOM est jugé important, ce qui explique en partie les réticences des pays contributeurs à rapatrier leurs troupes, de l’avis des observateurs.
Les pays contributeurs de troupes à l’AMISOM sont rémunérés proportionnellement aux effectifs et aux équipements fournis, dit-on des mêmes analystes.
Bujumbura en veut aussi aux lobbies, notamment la Société civile locale, qui se sont activés, ces derniers temps, contre le maintien des troupes burundaises dans des Missions de maintien de la paix à l’extérieur, « pendant que la sécurité fait défaut à l’intérieur depuis la grave crise électorale de 2015 », disent-ils.
Les mêmes lobbies revendiquent le renvoi, en 2016, des policiers burundais de maintien de la paix en République centrafricaine pour leur rôle présumé dans la répression du mouvement insurrectionnel contre le troisième quinquennat présidentiel de 2015.
PANA, 01 avril 2019