Le Singapour africain sur la scène internationale des violences sexuelles “militaires”! Et pendant ce temps, Kagame nous distrait avec la démission de Nduhungirehe. (Sibomana Jean Bosco)
Au sein de l’armée thaïlandaise, une véritable « culture de la violence » sexuelle
Ainsi de l’armée thaïlandaise, éclaboussée à son tour par un gigantesque scandale de harcèlement sexuel. Selon un rapport publié le 23 mars par l’ONG de défense des droits humains Amnesty International (AI), les jeunes conscrits thaïlandais, qui effectuent de trois semaines à plusieurs mois de service militaire, seraient régulièrement soumis à des humiliations, coups et sévices sexuels pouvant s’apparenter à des actes de torture. « Les atteintes aux droits humains infligées aux nouveaux conscrits dans l’armée thaïlandaise sont un secret de Polichinelle », affirme ainsi Clare Algar, l’une des dirigeantes d’AI, selon qui « ces mauvais traitements ne sont pas l’exception, mais la règle ».
Coups de bâtons et de crosses de fusil, châtiments corporels, humiliations publiques et agressions sexuelles sont, selon les appelés thaïlandais que l’ONG a pu interroger, quotidiens. Les jeunes hommes et, parmi eux, singulièrement ceux qui sont homosexuels ou soupçonnés de l’être par leur hiérarchie, sont en effet la cible récurrente de supérieurs leur infligeant des sévices sexuels, voire des viols purs et simples. « Il s’agit de crimes graves aux termes du droit thaïlandais et (…) international et les responsables de ces agissements doivent être traduits en justice », alerte Mme Algar, qui estime que « toute la chaîne de commandement porte la responsabilité de cette culture de la violence et de l’humiliation ». Amnesty International demande notamment à ce que les parlementaires thaïlandais se saisissent de l’affaire et mettent sur pied une commission d’enquête indépendante.
Les Lai Dai Han réclament justice
On en est loin : dans une réponse écrite adressée à l’ONG, un haut gradé de l’armée de l’air thaïlandaise se défausse en affirmant « traiter les nouveaux conscrits comme des membres de la famille et des amis ». Une réponse aussi insuffisante que révélatrice des difficultés, pour les forces armées du monde entier — régulières non —, à reconnaître, sanctionner et réparer les violences sexuelles perpétrées par leurs membres. Ainsi, les sévices subis au Rwanda et en Thaïlande ne sont pas sans rappeler les atrocités vécues, au cœur des années 1970, par les milliers de femmes vietnamiennes violées par des militaires sud-coréens, qui épaulaient les soldats américains dans leur guerre contre les communistes.
Agressées alors que certaines d’entre elles n’avaient pas 15 ans, ces femmes, dont 800 sont encore en vie et davantage encore ont donné naissance à des enfants — les « Lai Dai Han », les enfants de « sang-mêlé » vivant avec leurs mères en marge de la société vietnamienne —, réclament encore et toujours les excuses officielles de Séoul. Elles sont soutenues dans leur quête de reconnaissance par de nombreuses personnalités, telles que Nadia Murad, la jeune yézidie et ancienne prisonnière de Daesh, qui a reçu en 2018 le prix Nobel de la Paix et a donné son nom au « code Murad », un texte permettant de mieux encadrer la collecte de preuves de violences sexuelles en situation de conflits.
Au Kosovo, les plaies de la guerre encore ouvertes
Des crimes toujours tabous au Vietnam comme en Corée du Sud : comme le rappelle la BBC, qui a consacré un reportage à ce sujet, le gouvernement de Séoul continue de faire la sourde oreille et refuse de reconnaître l’ampleur des violences sexuelles infligées par ses troupes au Vietnam. Un affront, pour les associations qui défendent les Lai Dai Han.« Sans punition pour les crimes de guerre, il ne peut y avoir de réconciliation » : Albin Kurti, le Premier ministre du Kosovo, est lui aussi sur la même ligne. Alors que près de 20 000 femmes kosovares ont été violées lors de la guerre en Yougoslavie par des militaires serbes, les survivantes et leurs enfants attendent, eux aussi, toujours que justice leur soit rendue. Comme au Vietnam, les victimes subissent une forme de « double peine », la stigmatisation sociale s’ajoutant aux traumatismes de la guerre. Et, comme au Vietnam, les plaies de la guerre restent, des décennies après, toujours grandes ouvertes.