Nous ne voulions pas perdre notre temps sur le brouillon, ou plutôt le chiffon que Pancrace a envoyé aux « intellectuels hutu », car il est pauvre, de par celui qui l’a produit, dans la forme et pour les idées y contenues.

En cherchant dans les archives, nous sommes tombés sur des « files » où Pancrace s’est déjà gagné des galons dans son sport préféré, celui de la volte-face. Il aurait pu servir de modèle à Tesla pour décrire son invention du courant alternatif. En 2014, Arib ne titrait-il pas ainsi : « Pancrace Cimpaye devenu ‘agent’ pour le compte de Bujumbura », et Bujumbura News : « Pancras Cimpaye, une taupe dans le jardin de l’ADC-IKIBIRI » ?

Pour ce qui est de la forme, c’est un texte décousu comme les grains de bouse d’une chèvre pendant l’été, mais qui recouvrent des ampoules de poison pernicieux, pour tuer la société burundaise et ses composants. C’est pour cela que nous avons décidé d’en faire un bref commentaire.

D’abord, le destinataire de la lettre : « l’intelligentsia hutu ». Pourquoi Pancrace, l’émetteur, comme dans toute correspondance courtoise, n’a-t-il pas déclaré qui il est ? Un hutu, un tutsi ? …Non il ne peut pas le dire, car il change d’ethnie comme certains animaux changent de sexe selon la température du milieu. Pancrace est un transgénique pendulaire, « ikiburirane ». Nous aurions sincèrement applaudi si Cimpaye, en ce mois d’avril, avait écrit aux 300.000 intellectuels hutu qui gisent dans les fosses communes depuis 44 ans, pour leur demander de quoi ils sont morts, et comment et par qui. Ou aux autres centaines de milliers de hutu qui ont péri dans les camps de concentration imposées par Buyoya… Nous aimerions connaitre qui parmi eux regrette le temps « d’avant Pierre Nkurunziza ». Pancrace s’est enfilé la cuirasse de chevalier pour défendre les tutsi qui sûrement ne l’ont pas mandaté. C’est son hobby politique du moment, duquel il espère une poussée verticale pour réémerger. Car dans la situation réelle, les tutsi ne sont pas plus menacés que n’importe qui au Burundi.

Le texte s’encadre dans la fête de Pâques. L’auteur affirme avoir téléphoné à plusieurs personnes de diverses régions qui lui disent qu’ils n’ont pas bu, et qu’ils n’ont pas abattu le bœuf pour festoyer. Et de conclure que c’est la faute à Nkurunziza qui s’accroche au troisième mandat ! Pancrace ne semble pas connaitre la signification de la Pâque, qui fut un moment de libération par la fuite, suivi par 40 ans d’épreuves dans le désert où il n’y avait rien à manger. Certains juifs ventriotes comme Pancrace regrettaient fort la liberté acquise et voulaient retourner en esclavage, car outre les dures corvées, il y avait des pots de viande et d’oignons. Nous savons qu’il y en a parmi les hutu qui regrettent l’époque Buyoya, parce qu’outre les massacres cycliques, ils mangeaient bien comme ces vaches engraissées en attendant d’être portées à l’abattoir.

Les autres divagations qui semblent jaillir d’un cerveau liquéfié, sont des invectives teintées d’une grande jalousie, contre le Président Nkurunziza, le seul homme – pense Pancrace – pour lequel l’Etat roule. Pancrace souhaiterait que les hutu l’abandonnent purement et simplement, pour ne pas avoir à porter le poids de l’histoire, et ne pas être pourchassés quand lui et les siens, vont établir un ordre nouveau au Burundi. Dommage pour cet homme, car l’expérience du passé nous a enseignés qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais hutu ; il y a seulement des hutu, tous éligibles à la mort, quand l’enfer se déchaîne. Que Pancrace me dise qui étaient les bons et qui étaient les mauvais en 1972, puisque personne n’a échappé. Que Pancrace me dise comment les obus de Buyoya-Bikomagu ont trillé les bons des mauvais, quand ils les ont envoyés sur Kamenge et Kinama en 1994. Qu’il me montre où sont les bons hutu qui ont aidé Kagame dans le FPR. Il les a tous liquidés ; par contre les tutsi qui ont adhéré au CNDD-FDD sont tous vivants. Voilà la différence entre un président Hutu et un président Hima.

D’accord avec notre « intellectuel » qu’il faille utiliser le moins possible le langage ethnicisant, bien que parler de hutu-tutsi démystifie et dédramatise ces réalités à l’avantage d’une bonne cohabitation sociale. Nous saluons et nous félicitons au passage ce jeune couple décomplexé qui s’est formé le 26 décembre, qui a laissé sur les réseaux un témoignage excellent : « je suis Y, je suis un garçon tutsi ; je suis X, je suis une fille hutu… nous nous aimons ». C’est de ces personnes dont nous avons besoin pour édifier un Burundi nouveau, et non des caméléons comme Pancrace.

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