La ministre des Transports et de la Mobilité Jacqueline Galant présente sa démission au Premier ministre Charles Michel qui l’a acceptée, a-t-on appris vendredi à bonne source.

La ministre donnera une conférence de presse vendredi matin à son cabinet. Mme Galant se trouvait au coeur d’une controverse portant sur la sécurisation des aéroports du pays.

Pressée par son administration de débloquer des moyens dans le contexte de la menace terroriste, elle a été confrontée à l’existence d’audits de la Commission européenne dont elle a indiqué ne pas avoir pris connaissance.

Le Premier ministre Charles Michel avait indiqué à la Chambre, sur base des informations communiquées par le cabinet de Mme Galant que celui-ci et le gouvernement n’avaient pas été informés du contenu de ces audits. Or, au parlement, l’opposition faisait état jeudi soir de notes attestant du contraire.

Bourgmestre à 27 ans
Née à Jurbise (Hainaut), fille du bourgmestre Jacques Galant (PSC), Jacqueline Galant est tombée dans la politique dès son enfance. Après des études de sciences politiques à Mons, elle travaille au cabinet de Louis Michel, alors ministre des Affaires étrangères.

En 2000, elle se présente aux élections communales à Jurbise sur la liste de son père et fait le deuxième score, après lui. Mais l’opposition attaque les résultats du scrutin et de nouvelles élections sont organisées en 2001. Jacqueline Galant, qui emmène la liste du bourgmestre, emporte la majorité absolue au conseil communal et devient bourgmestre. Elle a 27 ans.

En 2003, elle se présente sur les listes à la Chambre et est élue députée avec plus de 11.000 voix de préférence. Elle se spécialise dans les dossiers de naturalisation, d’immigration et de sécurité, adoptant une ligne politique dure. Elle a d’ailleurs présidé la commission des naturalisations. Jacqueline Galant poursuit son bonhomme de chemin en politique locale. Elle renforce l’emprise de sa liste aux scrutins de 2006 (15 sièges sur 21) et de 2012 (17 sièges). Présidente du MR pour l’arrondissement de Mons-Borinage depuis 2004, elle est également réélue députée fédérale en 2007.

« Groupe Renaissance »
Elle s’est opposée publiquement au ministre wallon du Logement de l’époque, Jean-Marc Nollet, et à l’obligation, imposée par le nouveau Code du logement wallon, de prévoir au moins 10% de logements sociaux sur le territoire de sa commune.

Elle fait partie du « groupe Renaissance », constitué en 2010 autour de Charles Michel pour contester le cumul par Didier Reynders de la présidence du MR et du poste de vice-Premier ministre. Aux élections du 25 mai 2014, elle est tête de liste régionale en Hainaut et est élue au Parlement wallon. À quarante ans, la députée wallonne hennuyère rejoint à l’automne 2014 le gouvernement fédéral de Charles Michel, où elle sera ministre de la Mobilité

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Plusieurs controverses
Ce n’est pas la première controverse à laquelle la libérale était confrontée depuis le début de son mandat.

C’est finalement un rapport de la Commission européenne, révélé par les partis Ecolo et Groen cette semaine, qui a fait tomber la ministre. Selon ce document de 2015 qu’elle nie avoir reçu, la DGTA-Sûreté se trouvait dans l’incapacité d’effectuer le nombre requis d’inspections dans les aéroports par manque de ressources.

Mme Galant aurait également obtenu en décembre 2014 une demande formelle du président du SPF Mobilité Laurent Ledoux en vue de renforcer la sécurité dans les aéroports. En rupture avec la ministre, celui-ci a présenté sa démission jeudi.

Affaire Clifford Chance
Début novembre 2015 avait éclaté l’affaire Clifford Chance, un cabinet d’avocats à qui Jacqueline Galant avait confié un contrat de consultance sans avoir respecté les règles concernant les marchés publics. Vivement critiquée par l’opposition, elle avait alors été soutenue par le Premier ministre, pour qui Mme Galant avait été « imprudente », mais avait « agi de bonne foi ».

Le clivage avec le président du SPF Mobilité, Laurent Ledoux, se marquait déjà. Alors que la ministre affirmait avoir suivi les conseils de son administration, celui-ci répliquait que Mme Galant était à la mannoeuvre « de A à Z ». La gestion du dossier du réseau express régional (RER) bruxellois par la ministre avait également fait débat.

Ces lignes de chemin de fer pourraient ne jamais être opérationnelles, avait indiqué Jacqueline Galant dans la presse fin janvier, avant de changer d’avis une semaine plus tard, assurant le cabinet Michel que le développement du RER serait bien assuré.