Le nouveau ministre burundais des Finances, Domitien Ndihokubwayo, s’est dit déterminé samedi à « combattre l’évasion fiscale » dans l’ultime but d’élargir l’assiette fiscale dans les mois et années à venir.

M. Ndihokubwayo a déclaré à Xinhua que le Burundi possède beaucoup des potentialités et d’atouts pour redresser rapidement la situation économique du pays. [Photo : Le ministre Domitien Ndihokubwayo lors de sa prestation de serment lundi 23 mai 2016]

« Dans ce pays, il y a de l’argent, mais il y a aussi beaucoup de gens qui ne contribuent pas à l’effort national à travers le paiement des impôts et des taxes. Nous allons viser tous ceux-là pour qu’ils puissent participer à l’élargissement de l’assiette fiscale », a promis le nouveau ministre des Finances.

L’ancien commissaire général de l’Office Burundais des Recettes (OBR) a également annoncé qu’il va engager un « combat contre la fraude douanière et fiscale » en vue de faire entrer le maximum de recettes au trésor public.

Trois principaux axes seront privilégiés pour augmenter les recettes de l’Etat, a-t-il affirmé, en citant la redynamisation du secteur privé dans le paiement des impôts, la fermeture des « trous » de ceux qui échappent encore au paiement des impôts et la poursuite des actions d’exploration des secteurs qui peuvent rapporter davantage pour rehausser le niveau des recettes publiques.

Pour consolider la lutte contre l’évasion fiscale, M. Ndihokubwayo a promis que le gouvernement envisage renforcer les capacités opérationnelles de l’OBR en lui dotant des moyens humains, matériels et financiers.

« De la sorte, cet office pourra s’adresser à tout contribuable, où qu’il soit, afin que dorénavant, tout le monde soit concerné par le paiement des impôts, et non pas seulement une petite partie des contribuables potentiels », a-t-il martelé.

Il a fustigé ceux qui ne paient pas les impôts, leur reprochant de « tirer le pays en arrière ».

Il a insisté sur la nécessité d’un enracinement d’une culture de civisme fiscal chez les burundais.

« Si la majorité des Burundais pouvait en être imprégné, je suis tout à fait convaincu que nous sommes à mesure, de mettre ensemble les ressources dont le Burundi a besoin, pour pouvoir avancer comme les autres pays », a-t-il insisté.

Les recettes fiscales de l’Etat burundais étaient passées de 302 milliards FBU de recettes (193 millions USD) en 2010 à 600 milliards (384 millions USD) en 2014, a déclaré M. Ndihokubwayo, estimant que c’est une preuve éloquente que l’OBR peut canaliser des recettes qui échappent à la fiscalité.

Il a laissé entendre que si le Burundi continue à boucher tous les créneaux de passoirs des fraudeurs, les « immenses » dégâts financiers causés par l’évasion fiscale au cours des cinq dernières décennies du Burundi post-indépendant n’auront plus lieu.

Qalifiant de « voleurs » ceux qui cherchent à échapper au paiement des impôts, M. Ndihokubwayo a souhaité que ses compatriotes fassent preuve de solidarité et dénoncent les fraudeurs fiscaux auprès des instances habilitées.

Pour lui, le défi le plus important auquel le Burundi doit s’attaquer, pour que le niveau des finances publiques marque une courbe ascendante au cours des années à venir, relève d’abord de la mentalité.

« Pour rectifier le tir, il faudrait que tous les Burundais se sentent concernés par l’augmentation des richesses », a-t-il recommandé.

Sur les actions que son ministère compte faire pour stimuler l’épargne intérieure, M. Ndihokubwayo a indiqué que la Banque de la République du Burundi (BRB), sera encouragée à consolider les actions déjà initiées au niveau des Institutions de Micro-Finance (IMF) pour mobiliser le maximum de burundais à adhérer au processus d’inclusion financière.

Pour ce faire, a-t-il recommandé, les Burundais doivent en découdre avec une mentalité « rétrograde » de tout mettre tout dans leurs poches, qui pousse la plupart d’entre eux à conserver leur argent dans leur domicile.

« Nous voulons inoculer aux Burundais une nouvelle mentalité, qui les incite à épargner même de très petits montants dans une IMF ou dans une banque, et de comprendre que, de la sorte, ils sont en train de contribuer à mettre en place des investissements qui pourront créer des entreprises et générer des emplois », a déclaré le ministre des Finances.