Le 29 mai l’ambassadrice du Kenya auprès du Programme des Nations unies pour l’environnement accuse formellement le président de la délégation égyptienne d’avoir traité les Africains subsahariens de « chiens et esclaves » lors de l’assemblée de l’ONU pour l’environnement, qui s’est déroulée la semaine du 23 Mai à Nairobi. Ces propos sont une piqure de rappel concernant le passé tragique qui lie les peuples Arabes et Africains subsahariens mais aussi le mépris et la haine que les peuples Arabes (vivant en Afrique ou non) ont pour les Africains noirs.
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Ce passé tragique est la traite négrière arabo-musulmane très méconnue car on associe ce génocide du peuple africain uniquement à la traite négrière transatlantique, pourtant les Européens n’ont pas le monopole des atrocités commises à l’endroit du peuple Africain. Sa forme la plus inhumaine et la plus destructrice est le génocide commis par les peuples Arabes. Ce fut un génocide car les procédés utilisés étaient clairement destinés à vider l’Afrique de sa population au profit de leurs intérêts. Après toutes les formes d’abus et d’exploitations, il a été question de faire disparaitre toute trace de la population noire au sein de leurs sociétés.

Les Arabes ont donc ouvert la voie à toute forme de traites négrières massives impliquant un déplacement important de population. Elle débuta au VIIe siècle. Ce fut la plus intense, la plus inhumaine et la plus longue. Pendant 13 siècles les Arabes ont razzié sans interruption l’Afrique. Ce drame a entraîné 17 millions de morts et de déportés.

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L’amnésie volontaire et tacite qui frappe aussi bien les bourreaux que les victimes est motivée par plusieurs éléments. L’atrocité des méthodes utilisées par les Arabes a fait disparaitre presque totalement les preuves visibles de ce crime contre l’humanité. La castration systématiquement pratiquée sur les hommes et les infanticides n’ont pas permis la constitution d’une population et d’une descendance de ces esclaves comme c’est le cas dans les Amériques et les Caraïbes (70 millions de personnes). Le rôle raciste et néfaste de certains érudits de renom a aussi contribué à cet horrible crime contre l’humanité. Leur interprétation des textes religieux dans le but de justifier et perpétuer le génocide du peuple noir a été à l’avant garde de la hiérarchisation des races, définie par les Européens qu’au 19e siècle. Une telle position émanent de leaders religieux est totalement destructrice car elle donne le droit de chosifier et maltraité un autre groupe humain. Comme l’a fait l’église avec la traite transatlantique. Ainsi le peuple noir est infériorisé vis-à-vis du peuple Arabe. D’où les termes « chiens et esclaves » utilisés par le diplomate Égyptien et bon nombre de ces semblables à l’égard des Africains noirs.

Les Africains quant à eux prennent aussi part à cette négation. On l’observe comme un « syndrome de Stockholm à l’africaine » motivé par une solidarité religieuse car parmi les descendants des victimes, beaucoup aujourd’hui partagent la même religion que les descendants des bourreaux. L’islam défend le principe de solidarité entre ses membres. Mais cette solidarité a toujours été à sens unique. Différents exemples illustrent cette amnésie des Africains. Par exemple l’absence de réactions des Africains face aux actes de « négrophobie » qu’ils subissent lors du pèlerinage à la Mecque. Lors du dernier pèlerinage, la ville de Mina a été le théâtre d’une boucherie humaine. Des milliers de pèlerins ont perdu la vie dont beaucoup d’africains noirs. D’ailleurs avant même la clôture des enquêtes, les saoudiens par voie officielle ont accusé les pèlerins africains d’être à l’origine de la bousculade meurtrière. Cela donne une indication sur le sens unique de la solidarité entre musulmans du monde. Comment peut-on subir/commettre des actes racistes en terre sainte d’Islam durant le pèlerinage qui constitue l’un des piliers de l’Islam ? De même le silence des états subsahariens concernant les actes racistes que subissent leurs population dans le nord de l’Afrique (viols, harcèlement, agressions violentes, discriminions, insultes…). Mais aussi dans les pays du golfe et surtout au Liban dont beaucoup de ressortissant vivent en Afrique subsaharienne où ils sont accueillis et traités comme il se doit. L’actualité nous rappel sans cesse le statut d’esclave et d’animal que les populations Arabes confèrent aux Africains. Les traitements inhumains dont souffrent les domestiques subsahariennes au Liban (violences sexuelles, morales et physiques) entrainent parfois le suicide ainsi que les agressions voir les meurtres dans les pays du nord de l’Afrique. Le refus des Marocains d’accueillir la dernière CAN 2015 sur son sol pour cause d’Ebola est l’illustration d’un mépris des africains noirs, pourtant au même moment la compagnie aérienne marocaine Royal Air Maroc n’a pas cessé de desservir l’Afrique subsaharienne.

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Les nombreux comptes « négrophobes » que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux où les populations Arabes étalent sans crainte leurs haines des noirs attestent la réalité. Par ailleurs ce système esclavagiste persiste en Mauritanie où l’on trouve encore aujourd’hui des personnes noires étant la propriété d’Arabes. Et les militants sont fermement muselés par le pouvoir en place (emprisonnement et violation des droits de l’homme).

Il est temps que les populations noires mettent fin à cette amnésie. Un travail de mémoire et de recherche concernant la traite transatlantique, a été indispensable pour les descendants des victimes. Cela permet aujourd’hui «un semblant de vivre ensemble» avec les descendants des bourreaux. Nous devons adopter la même démarche concernant la traite négrière arabo-musulmane. Ce pan de l’histoire de l’humanité doit être connu de tous et faire l’objet d’un travail de mémoire. Cela relève en premier lieu de la responsabilité des chercheurs Africains et Afro Américains. Mais jusqu’aujourd’hui beaucoup d’entre eux sont aussi frappés d’amnésie et de mutisme car tout comme les bourreaux ils sont musulmans donc prisonniers de la solidarité islamique supra nationale.

Il est primordial que le peuple noir s’affranchisse de cette solidarité religieuse, qui visiblement n’est qu’à sens unique et qui permet un mépris des arabes sans impunité.

Sisi Adouni,

Stagiaire