Au moment où les nouvelles institutions sont en train d’être mises en place, les femmes, les Batwa et les personnes handicapées s’expriment sur leur représentativité.
39% de représentation des femmes à l’Assemblée nationale (AN), 30% au gouvernement et 16% à la tête des provinces. C’est le taux de représentativité des femmes dans ces quelques nouvelles institutions du pays, selon les relevés de l’Association des femmes rapatriées du Burundi (Afrabu).
Pour la coordinatrice de cette association, Marie Concessa Barubike, une amélioration s’observe surtout au niveau de l’AN. Les femmes représentent 36% avant cooptation contre 23% en 2015.
Elle estime que cette avancée est due au fait que les femmes étaient bien positionnées sur les listes électorales. « Comme le code électoral le précise dans son article 173, parmi les trois personnes successives sur la tête de liste, il doit y avoir au moins une femme. Cela a été respecté. »
Toutefois, l’Afrabu estime qu’il reste encore du pain sur la planche, notamment au niveau du Sénat. Dans certaines provinces, il n’y a aucune femme sur les listes. Elle cite les provinces Karusi et Rutana.
Concernant les gouverneurs, il y a trois femmes sur un total de 18, soit 16% de femmes. Mme Barubike parle d’une très faible représentativité car la Constitution encourage toujours la prise en compte du genre dans toutes les institutions. « Le grand défi est toujours dans tous les postes nominatifs, où la loi est muette sur le quota des femmes, la représentation de ces dernières étant médiocre. »
Les Batwa se frottent les mains
Une ministre issue de la communauté des Batwa, la première au Burundi. Certains Batwa se montrent satisfaits de ce pas. Le député twa de l’Assemblée législative de l’EAC (EALA), Alfred Ahigejeje, parle d’un grand pas en matière de représentation des Batwa. Et d’ajouter qu’il faut une représentation à tous les niveaux (gouverneurs, administrateurs, etc.).
Une autre amélioration réside au niveau du conseil communal. « Par exemple dans la province Cibitoke dont je suis originaire, dans toutes les six communes, chaque conseil communal comporte une personne twa. J’espère que c’est le cas dans les autres communes du pays. »
Au niveau de l’AN, ce député de l’EALA affirme que rien n’a changé. Trois députés batwa, conformément à la Constitution. Pour lui, ce nombre reste insuffisant.
Personnes handicapées, « zéro représentation »
Les personnes vivant avec un handicap ne sont pas représentées dans les postes de prise de décision », déplore Vianney Kirajagaraye, responsable de l’insertion socioéconomique des personnes handicapées à l’Union des personnes handicapées du Burundi (UPHB).
Dans la sous-région, affirme cette personne vivant avec un handicap, seul le Burundi n’a pas encore intégré les personnes handicapées dans les institutions.
Pour lui, il faut que les lois déjà mises en place sur les personnes handicapées précisent le quota de représentation dans les différentes institutions. « Jusqu’ici, nous parlons à travers les associations, les médias… Il faut que les voix des personnes handicapées atteignent directement les décideurs, le gouvernement, l’AN, etc. » Et de conclure : « Il est grand temps que les personnes handicapées jouissent d’une discrimination positive comme pour les femmes, les Batwa.»
Par Clarisse Shaka