Nzambimana Fridolin, citoyen burundais,  raconte le mercredi 13 mai 2015 :  Chronique d'un putsch qui fit pschitt ( Photo : Nzambimana Fridolin ) Mercredi, 13 Mai 2015. Dans l’après-midi, Godefroid Niyombare annonçait en grandes pompes sur les ondes des radios privées la destitution immédiate et imminente du Président Pierre Nkurunziza alors en déplacement à Dar-es-Salaam en sommet des chefs d’Etats de la région qui devrait se pencher sur les turbulences pré-électorales au Burundi. Coup de tonnerre dans le ciel des Nkurunzizistes. Euphorie jubilatoire dans les rangs des Sindumuja. C’était avant le rassemblement des forces vives de la Nation pour contrer sa démarche contraire à la démocratie et hors du temps. Moins de 48 heures après, il s’avouait vaincu. Combattu et battu. Défait et démoli. Parce qu’on n’entre pas dans la nouvelle ère avec des vieilles habitudes. Le héro devenait ainsi loser.

Deux ans après. Ce samedi, dans les rues de toutes les provinces du Burundi, en milieux urbains comme en ruraux, à Bujumbura comme à l’intérieur du pays, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le centre, plusieurs milliers des manifestants avaient investi les rues pour commémorer deux ans qui venaient de s’écouler après la tentative d’un coup d’Etat perpétré par une petite faction de l’armée et de la police burundaise mais rapidement déjoué par les forces loyales à la République et à la démocratie. Il y a deux ans, jour pour jour, ils croyaient avoir définitivement tourné la page CNDD-FDD et gommé le titre Nkurunziza. Il y a deux ans, ils voulaient imposer le chaos et la violence comme mode d’accession au pouvoir. Il y a deux ans, ils voulaient rééditer ce qui arriva en 1993. Ils furent cette fois contenus et pulvérisés façon puzzle. Parce que la majorité silencieuse avait décidé de ne plus être silencieuse.

Au-delà de l’échec cuisant infligé aux putschistes et leurs suppôts, deux grandes leçons. A prendre et à méditer.

Primo, une leçon de loyauté. Désormais la loyauté envers le chef de l’Etat et commandant suprême des forces de la défense Nationale est une règle pour les hommes en uniforme. Les pratiques des années 90 n’ont pas de place au 21ème Siècle. L’avortement du putsch de Niyombare démontrait que les militaires tentés par les sollicitations politiciennes sont définitivement minoritaires. Le choc était donc nécessaire pour ne garder que les forces loyales à la République et prêtes à défendre les institutions émanant de la volonté populaire quelles que soient les circonstances. Loyauté étant règle!

Secundo, une leçon d’humilité. Ça ne valait pas grand chose de vendre la peau de l’Aigle avant de l’avoir tué. Le 13 Mai 2015, les Sindumuja ont jubilé précipitamment. L’orgueil et le mépris avec lesquels ils crachaient sur les Nkurunzizistes ne pouvaient que précéder leur chute. En attendant que leur champion ait conquis et gagné au moins un point stratégique, ils auraient été malins en restant humbles et patients. David Gakunzi aurait retenu ses balivernes et Pacifique Nininahazwe se serait gardé de qualifier le camp présidentiel de « faible défendant un Président faible ». Dommage que l’humilité et la patience ne soient pas leur point fort.

Nkurunziza, lui, savait dès le départ que certains hommes avaient aiguisé des couteaux pour lui faire la peau. Il leur a laissé faire. Parce qu’il les savait. Leur faiblesse et leur force. Dans l’humilité et la patience incroyable, il les a faits venir. Parce qu’il a pris au cœur les enseignements de l’art de guerre de SunTzu. Le moment venu, il est sorti de sa coquille et a rugi. Et les putschistes se sont dispersés, apeurés et effrayés comme jamais. Ils furent cueillis un à un, doucement et en silence, tirés dans leurs tranchés jusqu’au dernier. Le 15 Mai, ce fut le retour triomphal de Nkurunziza et la rencontre d’un homme avec l’histoire. Et les Sindumuja, comme à l’accoutumée quand ils sont défaits, gueulaient le montage. Parce qu’ils avaient sous-estimé Nkurunziza et sa force. Parce qu’ils avaient mal jugé la finesse de son esprit.

Le Burundi va mieux qu’il y a deux ans. Le calme et la stabilité sont revenus. Parce que telle est la réalité sur terrain. Les faits l’attestent. Sauf pour l’Union Européenne qui, après avoir effectué de longues tournées dans tout le pays pour se rendre compte de l’évolution des projets qu’elle finance, affirme étonnamment que la paix revenue reste « fragile » et qu’il faut donc un véritable « dialogue inclusif ». Une affirmation traînée par des motivations politiques.

Deux ans après, le peuple est plus que jamais mobilisé à renforcer la culture démocratique et à soutenir ses institutions républicaines. Et pendant que nous célébrons cette victoire, gardons en mémoire tous ces braves et intrépides hommes à l’image de Lt.Gén. Adolphe Nshimirimana et Lt.Col. Darius Ikurakure qui se sont battus avec élégance et ayant tout donné, pleurs, sueurs et sangs, pour que la démocratie soit sauvée !

Fridolin Nzambimana

Source: Fridolin Nzambimana , https://fridolinandres.wordpress.com/2017/05/15/chronique-dun-putsch-qui-fit-pschitt/