Grands Lacs : la pression démographique mine la gouvernance foncière

La pression démographique est à la base des problèmes qui minent la gouvernance foncière dans la région des Grands Lacs, estime le ministre burundais de l’Amé nagement du Territoire, de l’Urbanisme, de l’Eau et de l’Environnement, Jean-Claude Nduwayo, à l’occasion des deuxièmes rencontres régionales de Bujumbura sur la gestion foncière dans la région des Grands Lacs avec le soutien du gouvernement suisse.

« En général dans toute la région des Grands Lacs, le problème est le même. La région fait face à l’omniprésence de la problématique de la pression démographique. Cela entraîne à ce que tout le monde se bat pour avoir accès à la terre cultivable. Cette pression en arrive même à pousser les populations locales à vouloir s’accaparer des terres domaniales », a déclaré lundi M. Nduwayo.

Au Burundi, a poursuivi M. Nduwayo, la pression démographique est un des principaux facteurs explicatifs de certains types de conflits fonciers, de plus en plus violent, tels que les conflits successoraux entre membres de familles, les conflits de limites entre voisins, et les conflits liés à la vente et la revente de terres.

99% des terres rurales burundaises demeurent non enregistrées, car plus de 95% des titres fonciers sécurisent uniquement les terres urbaines à travers la fourniture des certificats d’enregistrement à leurs détenteurs, a-t-il affirmé.

Pour le cas du Burundi, a-t-il dit, le processus de réforme foncière enclenchée en 2008 et marqué par la promulgation d’un nouveau code foncier 2011 est une piste d’espoir pour permettre un meilleur accès à la formalisation légale des droits fonciers d’ origine coutumière ou à la suite de l’achat.

Le deuxième vice-président burundais, Gervais Rufyikiri, qui a rehaussé de sa présence ces assises, a souligné que le Burundi fait face à des défis démographiques énormes.

Citant les résultats du dernier recensement de la population et de l’habitat de 2008, M. Rufyikiri a précisé que les plus saillants d’entre eux étaient la forte pression démographique avec 310 habitants par km2, l’accroissement rapide de la population (2, 4% en moyenne) ainsi que le faible niveau d’urbanisation où un seul Burundais sur dix vit en milieu urbain.

De ce fait, a-t-il fait remarquer, la propriété foncière est considérée au Burundi comme une source de richesse et de survie pour les générations actuelles et futures.

De son côté, le ministre national de la République Démocratique du Congo (RDC) en charge des Affaires Foncières, M. Robert Mbwinga, a souligné que le foncier est la principale source de violences communautaires meurtrières dans la région des Grands Lacs, en particulier dans l’Est de la RDC.

Il a soutenu que la réforme foncière au Burundi, en RDC et au Rwanda liés par l’appartenance commune à la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CPGL) doit être au coeur des priorités stratégiques pour cette région afin que puisse retrouver une paix pérenne.

« Il faut arriver à ce que la terre ne soit plus dans cette région une source de division, mais un facteur de cohésion de l’unit é nationale », a plaidé le ministre rd-congolais.