Burundi / Ubungoma des Grands Lacs Africains : Société et Traditions Ancestrales
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Exploration des Structures Politiques, Sociales et Culturelles

Gitega, 16/09/2023 –  Dans la société millénaire [1] de l’Ubungoma des Grands Lacs africains, plusieurs aspects essentiels sont à considérer.   

La société repose sur les principes de l’Ubungoma (ubuntu), cinyabuguma, ujamaa, servant de références pour trouver la vérité (ukuri). Elle est symbolisée par un tambour (ingoma) et divers tambours sacrés. La parole sacrée et le son du tambour se disent “kuvumera“, évoquant la venue d’Imana ou la création de l’univers, du premier rayonnement. Le son du tambour porte en lui tous les sons que portent les noms des imiryango (umuryango). Les initiés de Kiranga grognent pour y faire référence. L’être sacré ou suprême, le Grand Tout, ou la Totalité  est une trinité représentée par le couple Mukakaryenda [2] – Karyenda, Imana. Le couple Mukakiranga-Kiranga permet de se lier à cette trinité, à travers les ancêtres. L’ancêtre premier est appelé ce couple Mukakiranga-Kiranga, Mukaryangombe-Ryangombe, Lyangombe, wamara, lubale, bicwezi, ndawula, wamala, mukasa, kagoro, etc.

L’Ubungoma, soit la cosmologie des Barundi, explique que  chaque individu -umuntu- ( cfr. ubuntu) a un coeur –umutima– révelant si  celui-ci doit vivre – imana– en se laissant aller, vivre naturellement, décider d’être – umuhima – ou bien de créer son chemin –inzira– avec  – ubwenge – (l’intelligence) afin de réaliser sa destinée.

La fête de la nouvelle annéeumwaka-, symbolisant l’arrivée d’Imana, est appelée Muganuro, Mubande, Muganura, Ndolegwwa, Mubandampundu, etc.

L’ontologie de cette société est basée sur l’Ubuntu. L’être humain – umuntu – est composé du principe vital (obuzine), du souffle (omûka), de l’âme (cizunguzungu), et de l’esprit (muzimu, biyaga, bikwezi, emandwa). L’au-delà est appelé okuzimu, et il existe des interdits ou tabous (imiziro).

Les groupements familiaux permettant de fonder une société sont appelés imiryango, kanda, ruganda, ishanja, igise, kabila, ebika, ubwoko (amoko), masiga, mituba, enyiriri, mashanga, etc. Le chef d’un groupement familial est appelé bataka, et chaque groupe familial dispose d’un totem, umusiru, inyamaswa, etc.

Pour se connecter aux ancêtres et remonter dans le temps, on utilise des techniques cultuelles telles que kubandwa, wichwezi, etc. Les techniciens cultuels sont appelés Bishegu, Biru, bashamuka, embandwa, bachwezi, et les lieux cultuels pour les pratiques sont appelés “kagondo”, etc. L’initiation se dit kutendekwa ou gutangīza etc., et les initiateurs sont ceux cités plus haut : les bashamuka, embandwa, bachwezi, etc.

Dans cette société, les institutions politiques revêtent une grande importance. L’intronisation d’un chef traditionnel se dit également “kutendekwa“. Le Chef traditionnel peut être appelé Mwami, Kabaka, Mukama, Mugabe, etc., et son épouse est désignée comme Makamba, Mwāmikazi, etc., tandis que la mère du Chef traditionnel peut être nommée Mwamikazi, Mugabekazi, etc. Le Régent ou la Régente porte les titres de Mugabe, Mugabekazi, etc. Ceux qui représentent et défendent l’alliance entre les groupements familiaux -imiryango-, fondant ainsi la société représentée par un chef traditionnel, sont appelés baganwa, batwa, barhwa, batware, etc. On trouve autour d’eux des imiryango tel bahumbi, Bakimbiri, Bajiji, Batasha, Banyamwosha, Bankango, bahondogo, banyiginya, babito, Bahinda, barangira, baluzi, etc.

Les objets et symboles du pouvoir sont également importants dans cette société. Par exemple à Ingoma Y’Uburundi, on parle du Tambour, tel que Karyenda, les lances, les flèches, et les boucliers.

Les réunions du chef sont connues sous les noms de baraza et lukiko, etc.

Les titres des chefs sont cycliques à Ingoma y’Uburundi, au nombre de quatre formant un ensemble : ntare, mwezi, mutaga, mwambutsa, ou individuels ailleurs tels que nkanza, gihumbi, ruhaga, kimenyi, ruhinda, gwasa, kanyoni, etc.  

Il existe des confréries de personnes au cœur -umutima- vrai, bon, juste et harmonieux, telles que banyarurimbi, bashingantahe, bapfasoni, basekura, bahanuza, baramata, etc.

Le territoire, que ce soit un pays, des provinces, comtés, territoires, etc., est appelé ingoma, igihugu, masaza, gombolola, nkebe, etc.

Diverses fonctions ont des titres spécifiques, comme le Premier Ministre (katikiro), le maître de cérémonie (kibale), le magistrat suprême (kisekwa), le conseiller politique et religieux (kimbugwe), le commandant des pages (sabakaki), le responsable des questions militaires (mujasi), le responsable religieux et du droit foncier (bateko, bajinji), et le parlement (lukiko), comprenant mwami, batware, bashingantahe, bataka, etc.

Les acteurs socio-économiques comprennent les producteurs (bahutu, etc. ); les gestionnaires justes (batutsi, baluzi, etc. ); et les régulateurs, législateurs, et planificateurs (banyamabanga, biru, bajinji, bagingi, etc.). Les forces armées sont appelées emitwe, ingabo, imiheto,  etc.  et les crieurs publics bahamagazi. Les guides sont appelés barongozi, et le système d’intégration des étrangers est appelé buretwa, buhake, etc.

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[1] Burundi : – Mudende -, le bélier – isuguru – compagnon millénaires d’Ingoma Y’uburundi – https://bdiagnews.com/histoire/burundi-mudende-le-belier-isuguru-compagnion-millenaires-dingoma-yuburundi/

[2] Burundi : La dynastie des Mukakaryenda – De Inakibindigiri jusqu’à Ruburisoni – https://burundi-agnews.org/abahanuzi/burundi-la-dynastie-des-mukakaryenda/

Sources :
– Mworoha Emile , INSTITUTIONS, RITES ET STRUCTURES ETATIQUES DES ANCIENNES MONARCHIES DES GRANDS LACS ET AFRICAINS. (DES ORIGINES AU XIXe SIECLE), THESE DE DOCTORAT DE TROISIEME CYCLE EN HISTOIRE Directeur de recherche
– Jean-Pierre Chrétien, l’Afrique des Grands Lacs Deux Milles ans d’Histoire
– Mulago Vincent, Théologie africaine et problèmes connexes.

tambour ouvert burundi

Source : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Samedi 16 septembre 2023 | Photo :  Wikipedia photo.