L’ONUSIDA salue les « progrès substantiels » au Burundi dans le combat contre le Sida depuis le premier cas de cette maladie diagnostiqué dans le pays en 1983, a déclaré Audace Buderi, conseiller chargé du partenariat et de la mobilisation communautaire au sein du Bureau ONUSIDA-Pays au Burundi.
34 ans (1983-2017) après le premier cas de Sida diagnostiqué au Burundi, on relève « d’importants acquis » dans le pays sur le front de la lutte contre cette maladie, aujourd’hui encore incurable au plan planétaire, a précisé M. Buderi, dans une interview accordée récemment à Xinhua, à la veille de la célébration de la « Journée Mondiale contre le Sida » (JMS) célébrée le 1er décembre de chaque année.
Meilleur acquis : « un Burundais testé séropositif est aujourd’hui directement mis sous traitement ».
En effet, a indiqué M. Buderi, contrairement à la situation observée au cours de la décennie 1980-1990 où une immense majorité des Burundais avaient une peur-panique de se faire dépister sur le VIH-Sida, en y voyant une « perspective de mort rapide », le constat d’aujourd’hui est que cette situation a plutôt basculé vers un engouement pour le dépistage « volontaire » des citoyens soucieux de connaître leur état sérologique vis-à-vis du VIH-Sida.
Pour lui, ce changement de comportement chez les Burundais en ce qui concerne une adhésion massive au dépistage sur le VIH-Sida, s’explique par le fait qu’actuellement, « un Burundais dépisté séropositif est directement sous traitement ».
Ces progrès ainsi marqués au Burundi, a-t-il expliqué, ont été rendus possibles par des « avancées scientifiques tangibles » au niveau de la recherche internationale pour les médicaments contre le Sida dont les Anti-Rétro-Viraux (ARV) et des performances enregistrées au niveau de la prise en charge médicale des infections opportunistes.
A ses yeux, l’acquisition de ce cadre médical pour le traitement du VIH-Sida au Burundi, a encouragé les Burundais, non seulement à se faire dépister, mais aussi à « être ouverts » par rapport à cette problématique sanitaire.
Sur le palmarès des progrès déjà marqués au Burundi à ce jour sur le front anti-Sida, l’ONUSIDA relève aussi une « évolution au niveau des mentalités » de la population burundaise par rapport à leur perception de la question VIH-Sida.
« En effet, contrairement à la situation qui prévalait au cours des années antérieures, aujourd’hui au Burundi, une personne vivant avec le VIH (PVVIH) est considérée et mieux perçue au niveau de sa valeur intrinsèque. Certes, un certain seuil de stigmatisation et de discrimination persistent encore dans le pays à l’endroit des personnes infectées et affectées par le VIH-Sida ; toutefois, force est de reconnaître que le niveau de stigmatisations n’a plus la même acuité d’il y a dix ans, vingt ans ».
Dans son combat contre le VIH-Sida, le Burundi suit l’évolution dans le monde entier, a-t-il affirmé avant de faire remarquer qu’aujourd’hui au plan planétaire, 21 millions de personnes infectées par cette maladie, sont sous traitement ARV.
Sur son agenda planétaire, l’ONUSIDA a inscrit aussi trois objectifs mondiaux dans la lutte contre le Sida à atteindre par chaque pays pour l’horizon 2020 connus sous le vocable « 90-90-90 » ; le premier objectif visant à ce que 90% des populations de chaque pays soient « soient dépistées » sur le VIH-Sida pour connaître leur statut sérologique, le second s’assignant que 90% des personnes porteuses du VIH « soient mises sous traitement » et le troisième désirant que 90% des personnes sous traitement, « aient une charge virale indétectable ».
Le Burundi, a-t-il poursuivi, a déjà marqué d’importants progrès dans la réalisation du deuxième objectif portant sur la mise sous traitement de 90% des personnes porteuses du VIH d’ici 2020, dans la mesure où vers fin 2016, la performance déjà atteinte se situe dans la fourchette de 70% à 80%. Sur près de 83.000 personnes porteuses du VIH-Sida, on a réussi à mettre sous traitement ARV plus de 52.000 personnes.
Au niveau de la réalisation du troisième objectif, il a indiqué que le Burundi a déjà marqué aussi des avancées significatives dans la mesure où aujourd’hui, les personnes sous traitement contre le VIH et dont la charge virale est indétectable, sont autour de 80%, « ce qui constitue une réussite très importante ».
Cependant, les défis exstent toujours, a noté l’ONUSIDA. L’un des gros défis burundais du moment, est que la réalisation du premier objectif accuse encore un « déficit » dans la mesure où seulement « moins de 75% » des personnes infectées par le VIH-Sida, connaissent leur statut sérologique : une situation pouvant avoir un impact négatif sur les deux autres objectifs.
Pour relever ce défi, a-t-il recommandé, les efforts du Burundi devraient s’orienter actuellement vers des populations « à haut risque » au premier rang desquelles les « travailleuses du sexe » (TS) et les « hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes » dont les prévalences du VIH sont respectivement de 21,3% et de 4,8% selon une enquête de séroprévalence réalisée en 2013.
En considérant que la moyenne nationale au niveau de la séroprévalence est de 1,4%, on comprend bien où le Burundi doit mettre le paquet d’interventions pour renforcer le combat contre le Sida dans les années à venir.
Le Burundi, a-t-il insisté, devrait faire la promotion du dépistage particulièrement dirigée vers « ces réservoirs du VIH ou moteurs de l’épidémie », en l’occurrence chez les usagers de drogues, les prisonniers, les pêcheurs, les jeunes, les enfants de la rue, ainsi que dans les milieux des travailleurs migrants.
Célebrée pour la toute première fois en 1988, la JMS a été instituée dans un contexte planétaire d’apparition des premiers cas du VIH-Sida dans les années 1980 sur la quasi-totalité des cinq continents (Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie). Fin