« La persistance des activités des Forces démocratiques alliées (ADF), des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), de la Résistance pour un Etat de droit (RED Tabara) et du M23, alimente l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo mais ravive également la méfiance et les tensions entre les pays de la région, en particulier entre la RDC et le Rwanda », a indiqué Huang Xia. Selon lui, cet activisme met en péril les acquis de ces dernières années en matière de coopération bilatérale et régionale.
De plus, poursuit l’Envoyé spécial, l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles continuent d’alimenter le cycle vicieux des affrontements intercommunautaires, des activités des groupes armés ainsi que leur instrumentalisation par les réseaux criminels transfrontaliers. « Une poursuite rigoureuse des auteurs de ces crimes, ainsi que des violations de droits de l’homme, notamment commis par les groupes armés, est nécessaire pour mettre fin à la récurrence de la violence de la région. »
D’après Huang Xia, la situation humanitaire demeure toujours aussi préoccupante. Il fait savoir que selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 4,9 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile ayant fui en raison de la violence et de facteurs liés au climat. « En outre, environ 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont enregistrées au Burundi, en République Centrafricaine, en RDC, au Soudan du Sud et en Ouganda. »
Mobilisation des gouvernements et les peuples de la région
L’Envoyé spécial salue le rôle du Kenya dans le processus de paix de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo, qui privilégie une double approche combinant efforts militaires et non militaires. Selon lui, cette coordination au niveau opérationnel est également indispensable au niveau des efforts de médiation. « Je suis heureux de constater que tel est aussi l’avis du président Lourenco de l’Angola, président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) mandaté par l’Union africaine, du président Ndayishimiye du Burundi, président en exercice de la CAE, et des autorités kenyanes, qui m’ont tous assuré de leur volonté de poursuivre leurs efforts de façon coordonnée. »
M. Xia a fait savoir qu’un autre exemple du dynamisme en matière de coopération est la multiplication d’initiatives bilatérales visant au renforcement de la coopération entre les Etats de la région dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l’énergie ou des transports. « Outre l’adhésion de la RDC à la CAE, on peut aussi évoquer le renforcement de la coopération sécuritaire entre le Burundi et la RDC, ainsi que les efforts de rapprochement entre l’Ouganda et le Rwanda. »
La communauté internationale doit soutenir significativement
Selon ce diplomate onusien, la stabilisation de la région dépend aussi de la capacité de la région à transformer sa dotation en ressources minérales, stratégiques pour la transition énergétique, en un vecteur de développement durable et inclusif. « C’est dans cette optique que j’ai effectué une mission conjointe de plaidoyer avec le Secrétaire exécutif de la CIRGL à Paris et à Bruxelles en vue d’un soutien accru à une meilleure gouvernance des ressources naturelles. » Cependant, a-t-il souligne, nous sommes conscients qu’une appropriation nationale et régionale de l’Initiative Régionale sur les Ressources naturelles est un préalable à son efficacité.
Selon lui, de fortes attentes ont été formulées vis-à-vis des Nations Unies, pour qu’un soutien politique, technique et financier soit apporté aux efforts de paix. « Je voudrais également solliciter l’appui des membres du Conseil de sécurité, et au-delà en appeler à l’ensemble de la communauté internationale, afin qu’un appui multiforme plus conséquent soit apporté aux initiatives régionales, ainsi qu’au Plan d’action de la Stratégie régionale des Nations Unies pour les Grands Lacs. »
Il a souligné que la stabilisation de la région et la restauration de la confiance est un double processus long qui exige une mobilisation soutenue et significative de la communauté internationale, en appui aux efforts des gouvernements et des peuples de la région. « Seule une action coordonnée, cohérente et harmonieuse permettra d’accompagner les Grands Lacs sur le chemin de la paix et du développement durable. »
Par Fabrice Manirakiza (Iwacu)