Buringa : une attaque rebelle fait 9 morts dont un militaire, 6 blessés, une permanence du Cndd-Fdd détruite
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Des crépitements d’armes et des explosions ont été entendus dans le village de Buringa dans la commune de Gihanga en province de Bubanza. C’était dans la nuit de ce dimanche 25 février vers 22 heures. Le bilan est lourd. Le mouvement rebelle Red Tabara a déjà revendiqué cette attaque.

Buringa, une localité située à la lisière de la réserve naturelle de la Rukoko a été, dans la nuit de ce dimanche 25 février, la cible d’une attaque perpétrée par des hommes armés. « Nous avons entendu des détonations d’armes lourdes vers 22 heures. Personne ne savait jusque-là ce qui se passait », raconte un habitant de cette localité rencontré sur les lieux.

Ce matin, c’était la consternation : 9 personnes dont 6 femmes sont mortes sur le champ. Cette attaque a essentiellement visé une famille. Ses membres étaient rassemblés pour un deuil. « C’était d’ailleurs ce lundi que l’enterrement du défunt, un certain Mworoha, était prévu », confie une autre source sur place.

Selon d’autres témoignages recueillis, ces hommes armés se sont mis à tirer indistinctement sur ces gens en demandant à ces femmes où se trouvaient leurs maris.

Mais entre-temps, le véhicule qui transportait un berger décédé dans cette même soirée de ce dimanche à la morgue a été criblé de balles avant d’être incendié par ces hommes armés.

Ce groupe armé s’en est pris aussi à un autre camion stationné tout près de ce village suite à une panne sèche. Selon des témoins sur place, il a été attaqué à la roquette. Deux motos ont été également endommagées au cours de cette attaque.

Ce lundi matin, les habitants de Buringa étaient massés tout autour de la permanence du Cndd-Fdd pour constater les dégâts. Cette maison a été également attaquée à la roquette : la charpente en bois, les tôles ondulées et le plafond ont été déchiquetés. Certains murs en briques cuites défoncés se sont écroulés. Selon des sources sur place, un militaire a été tué dans cette permanence. Le bureau du chef de colline attenant à ce bâtiment a été épargné.

Quelques autorités dont le chef de zone Buringa et le député Olivier Suguru élu dans cette région étaient là pour réconforter les familles éprouvées. De temps en temps, quelques femmes éclataient en sanglots.

La CNIDH condamne cette attaque

Le président de la CNIDH, la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme avec son équipe étaient également sur les lieux pour faire le constat et consoler ces familles endeuillées.

Au nom de la CNIDH, Sixte-Vigny Nimuraba a condamné cette tuerie qui rappelle celle perpétrée à Vugizo dans la commune de Mutimbuzi, il y a deux mois.

« Dernièrement, un cas similaire a eu lieu à Gatumba maintenant c’est le tour de Buringa. Je ne peux que condamner un acte ignoble pareille qui vise à assassiner la population civile. Il faut que nos Forces de l’ordre revoient leurs stratégies de protection de la population », a-t-il appelé.

Selon lui, si ces hommes armés ont des revendications, s’il y a en, qu’elles soient politiques ou non, qu’ils trouvent d’autres moyens pour les exposer. « S’ils ont des problèmes avec les Forces de l’ordre, ils devraient viser ces dernières. Mais viser la population, les maisons qui n’abritent aucun militaire, aucun policier, cela est déplorable ».

Le président de la CNIDH condamne également cette attaque menée contre la permanence du Cndd-Fdd : « J’ignore les motifs qui ont fait que les gens puissent la détruire, mais les permanences ne sont pas des personnes, ce sont des constructions qui sont là. Détruire l’une ou l’autre permanence de tel ou tel parti, c’est également déplorable. Parce qu’il faut promouvoir la diversité, le multipartisme,… Ce sont des actes ignobles qu’il faut condamner ».

Pour Sixte-Vigny Nimuraba, attaquer une famille en deuil est contraire à la coutume burundaise. « Il y a vraiment quelques valeurs qui sont en train de se dégrader. C’est contre la dignité humaine et je m’indigne trop fort ».

« Il faut l’extradition du cerveau du groupe Red Tabara »

Dans son communiqué, le gouvernement burundais condamne cette attaque perpétrée à Buringa, il parle de « terroristes du groupe Red Tabara armés de fusils qui ont attaqué un ménage en plein deuil’’ : « Le Gouvernement du Burundi condamne cet acte ignoble et barbare dirigé contre une population innocente surprise en pleine circonstance de deuil ».

Dans ce communiqué signé, Jérôme Niyonzima, le Gouvernement du Burundi présente ses condoléances les plus attristées aux familles qui ont perdu les leurs et souhaite un prompt rétablissement aux personnes blessées.

« Le Gouvernement du Burundi déplore encore le comportement du Rwanda qui entretient, entraine et arme le groupe terroriste Red Tabara qui ne cesse d’endeuiller le Burundi par des attaques ciblant des populations innocentes et exige l’extradition du cerveau de ce groupe terroriste hébergé au Rwanda », lit-on dans ce communiqué.

Selon cette note, le Gouvernement du Burundi réitère son engagement à préserver la paix et la sécurité et demande aux comités mixtes de sécurité, de prévenir et déjouer de tels actes qui ne font qu’endeuiller le peuple burundais.

Signalons que ces hommes armés ont laissé sur lieux un cocktail Molotov. Les Forces de l’ordre sur place avaient érigé une ceinture de sécurité pour éviter des dégâts.