Organisé par le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage, cet atelier visait à harmoniser les priorités en matière de formation agroécologique. Il réunit des experts, des chercheurs, des institutions et des partenaires techniques autour d’un objectif commun : construire un secteur agricole respectueux de l’environnement, durable et plus équitable.
𝙐𝙣 𝙖𝙥𝙥𝙪𝙞 𝙗𝙚𝙡𝙜𝙚 𝙖̀ 𝙩𝙧𝙖𝙫𝙚𝙧𝙨 𝙀𝙣𝙖𝙗𝙚𝙡
L’atelier s’inscrit dans le programme bilatéral « Ntusigare Inyuma », mené avec le soutien du Royaume de Belgique à travers l’agence Enabel. Ce partenariat a notamment donné naissance au projet « Uburimyi Burama », qui promeut une agroécologie inclusive au service de la sécurité alimentaire. Un enjeu crucial pour un pays où plus de 90 % de la population vit de l’agriculture.
𝙇’𝙖𝙜𝙧𝙤𝙚́𝙘𝙤𝙡𝙤𝙜𝙞𝙚, 𝙥𝙞𝙡𝙞𝙚𝙧 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙑𝙞𝙨𝙞𝙤𝙣 2040-2060
Pour l’assistant du ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage, l’agroécologie constitue un levier stratégique pour relever les défis du changement climatique. Mais sa mise en œuvre souffre encore de divergences de compréhension, d’où l’importance de cet atelier comme espace de co-construction et de clarification des approches.
𝘿𝙚𝙨 𝙨𝙤𝙡𝙨 𝙨𝙤𝙪𝙨 𝙥𝙧𝙚𝙨𝙨𝙞𝙤𝙣, 𝙪𝙣𝙚 𝙪𝙧𝙜𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙚́𝙘𝙤𝙡𝙤𝙜𝙞𝙦𝙪𝙚
L’expert Pierre Sindayikengera a mis en garde contre la dégradation des sols liée à l’érosion. Il estime que le Burundi perd 5,2 % de sa superficie arable, et que sur les fortes pentes, jusqu’à 100 tonnes de terre sont emportées par hectare et par an. En réponse, le gouvernement a adopté en 2022 un document stratégique pour l’aménagement des bassins versants et la lutte antiérosive, qui préconise une coordination renforcée entre tous les acteurs.
𝙐𝙣 𝙨𝙤𝙡 𝙚́𝙥𝙪𝙞𝙨𝙚́ 𝙚𝙩 𝙢𝙚𝙣𝙖𝙘𝙚́
Le professeur Séverin Nijimbere a dressé un tableau préoccupant de la situation : les sols burundais sont affectés par des dégradations hydriques, chimiques (acidification) et biologiques (appauvrissement en matière organique). Une surexploitation qui fragilise la capacité productive des terres.
𝘿𝙚𝙨 𝙨𝙤𝙡𝙪𝙩𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙘𝙤𝙣𝙘𝙧𝙚̀𝙩𝙚𝙨 𝙖̀ 𝙢𝙚𝙩𝙩𝙧𝙚 𝙚𝙣 œ𝙪𝙫𝙧𝙚
Pour inverser la tendance, le professeur recommande l’usage accru de fumures organiques, la lutte contre l’érosion, l’apport de chaux et l’usage raisonné d’intrants chimiques. Des pratiques indispensables pour restaurer la fertilité des sols et garantir un avenir agricole durable.
À l’issue de deux jours d’échanges, les 5 et 6 juillet 2025, autour des attentes et des priorités en matière de formation sur la transition agroécologique au Burundi, plusieurs recommandations clés ont été formulées :
Développer des modules de formation sur :
O La lutte antiérosive,
O L’agroforesterie,
O La gestion de l’acidité des sols, avec des normes claires à définir.
Prioriser les cultures pérennes sur les terrains à forte pente, en remplacement des cultures vivrières.
Renforcer la correction de l’acidité des sols en combinant l’utilisation de matière organique, de compost, de chaux et de dolomie.
Intégrer l’approche agroécologique dans les législations et les textes réglementaires nationaux.
Promouvoir une coordination interministérielle sur les questions liées à l’agroécologie.
Renforcer les capacités des cadres du MINEAGRIE et d’autres acteurs concernés, notamment sur :
O La quantification du carbone et des autres gaz à effet de serre séquestrés,
O La formulation de projets de financement liés au carbone et à d’autres GES.
Sensibiliser les agriculteurs à l’utilisation de semences certifiées, en privilégiant les variétés traditionnelles adaptées au contexte local.
Diversifier les cultures résilientes, et promouvoir l’adoption de variétés capables de s’adapter aux changements climatiques.
Identifier et multiplier des essences agroforestières à croissance rapide et à forte production de biomasse.
Promouvoir l’utilisation de biopesticides, d’agents microbiens, de biofertilisants, ainsi que la lutte biologique pour la gestion des organismes nuisibles aux cultures.
Encourager l’agriculture de conservation comme pilier d’un système agricole durable.
Mettre en place une plateforme fonctionnelle dédiée à l’agroécologie, pour le partage d’expériences et de bonnes pratiques.
Renforcer le système de communication sur les innovations et technologies agricoles émergentes.
Soutenir l’installation d’infrastructures pour la collecte des eaux et le stockage des produits agricoles.
Promouvoir les pépinières et la multiplication des cultures à usages multiples, ainsi que le développement de procédés de transformation adaptés.
Intensifier la vulgarisation auprès des agriculteurs, notamment à travers les Champs Écoles Paysans (CEP).
Élaborer et respecter les normes et exigences des marchés locaux, régionaux et internationaux.