Bujumbura, 21 octobre 2025 ― Un crédit toxique de la BANCOBU à des sociétés et des personnes physiques liées, dont Inter Trade du puissant oligarque Olivier Suguru, révèle un système de prédation économique. Au cœur du mécanisme : des surfacturations massives sur des marchés publics et le détournement pur et simple des fonds d’État, pourtant déjà décaissés. La banque, structurellement vampirisée par un népotisme assumé – l’ADG et la PCA étant de la famille de l’associé de Suguru (épouse et nièce de l’associé de Suguru) –, étouffe toute alerte interne. Une collusion entre pouvoir politique, finance et entreprise qui risque, si rien n’est fait en urgence, de saigner l’économie nationale avec une systématicité déconcertante.
La méthode Suguru : l’art d’étouffer les alertes et de verrouiller le système
Un conflit d’intérêts manifeste ―Le navire Suguru prend l’eau de toutes parts. Depuis que notre journal a entamé la cartographie de son emprise tentaculaire sur l’économie nationale, l’honorable-député-président-CFCIB-président-ADB multiplie les apparitions comme un prestidigitateur en perte de vitesse. Sa dernière intervention, sur la page Facebook de l’USAD Burundi, en est la parfaite illustration : on y voit M. Suguru, dans un élan de patriotisme économique soudain, plaider pour la transformation locale des minerais devant une délégation chinoise. Le tableau serait admirable s’il n’était d’un cynisme absolu. Car qui est le Président de l’Agence pour le Développement du Burundi (ADB), l’institution même en charge de ces dossiers ? Olivier Suguru lui-même ! Le voilà qui s’adresse des recommandations. Cette confusion des genres, cette schizophrénie institutionnelle, n’est pas le fait du hasard. C’est la stratégie du sapeur-pompier pyromane qui, pris la main dans le sac, allume un contre-feu en criant au secours.
Mais ce verrouillage du système dépasse la simple comédie. Il trouve son terrain de jeu idéal dans des institutions financières capturées, comme l’illustre le scandale de la BANCOBU. Notre enquête révèle que lorsque les techniciens de la banque ont tenté de signaler les irrégularités du crédit et de blacklister les sociétés de Suguru et de son associé, le système de protection népotiste s’est immédiatement activé. La structure de gouvernance de la banque a été instrumentalisée pour étouffer l’alerte. Le conflit d’intérêts n’est plus une notion abstraite ; c’est un mécanisme de contrôle qui pourrait asphyxier la transparence et mènerait la banque droite à la faillite, si rien n’est fait.
Cucullus non facit monachum – la capuche ne fait pas le moine. Le costume du patriote ne fait pas le serviteur de l’État. Nous l’avions annoncé : nos précédentes révélations n’étaient qu’aqua in oceano, une goutte d’eau dans l’océan de ses agissements. Aujourd’hui, nous levons un coin du voile sur une opération financière qui sent le roussi et qui, si rien n’est fait, pourrait bien précipiter la chute d’un pilier de la finance nationale : la BANCOBU.
Le mécanisme du pillage : crédits sans garanties et recyclage en circuit fermé
Les milliards fantômes de la BANCOBU―De sources financières hautement fiables, nous pouvons révéler qu’Olivier Suguru, via sa société Inter Trade, a obtenu de la BANCOBU un prêt colossal de 63 milliards, tandis que Suguru et son associé ont personnellement bénéficié de plus de 50 milliards en tant que personnes physiques. Pour saisir l’ampleur du pillage, imaginez cette somme comme une tour de billets s’élevant jusqu’aux cieux, une pyramide financière bâtie sur le sable mouvant de la malhonnêteté.
La particularité de cet emprunt ? Il aurait été accordé sans garanties substantielles, sur la seule foi d’un prétendu contrat de fournitures stratégiques à l’État. Un pari audacieux, un acte de foi bancaire qui frise l’hérésie financière. Or, et c’est là que le bât blesse, l’État a intégralement payé ses fournitures à Inter Trade. Mais l’argent, tel un fleuve détourné dans des canaux souterrains, n’est jamais revenu à la BANCOBU. Du moins jusqu’à aujourd’hui !
Ce scénario n’est pas un cas isolé, mais la répétition d’un schéma éprouvé. Notre enquête établit qu’il s’agit d’un mécanisme de prédation à double détente : d’abord, des surfacturations éhontées sur des marchés publics dans des ministères régaliens – où ils facturaient à l’État 70$ l’unité pour une marchandise de 30$, générant des profits faramineux ; ensuite, le recours à des crédits bancaires sans contrepartie pour recycler ces capitaux initiaux, créant un flux financier opaque et continu.
Cette opération, facilitée par la complicité de son ami Busiku, aujourd’hui Consul honoraire du paradis fiscal des Maldives, alors Administrateur Directeur Général Adjoint de la banque, porte en elle tous les stigmates des méthodes Suguru. Comme nous l’avons démontré dans nos éditions antérieures, l’homme use de crédits non pas pour investir, mais comme un écran de fumée. C’est une technique de recyclage d’argent sale par l’emprunt : en affichant des dettes, il dissimule l’origine réelle de ses capitaux, fruit de marchés opaques et de prédation économique. Lupus non mordet lupum. Un loup ne mord pas un loup, sauf quand la meute a faim et qu’un membre affaibli devient une proie.
Les conséquences systémiques de cette hémorragie financière dépassent le simple cadre d’un contentieux commercial. La BANCOBU, en tant qu’institution financière d’importance systémique au Burundi, joue un rôle crucial dans l’économie nationale. Ce trou béant dans ses comptes, aggravé par une gouvernance népotiste, pourrait :
- Réduire sa capacité de prêt aux PME et aux particuliers, étranglant l’économie réelle ;
- Augmenter le coût du crédit dans l’ensemble du système bancaire ;
- Éroder durablement la confiance des déposants et des investisseurs, précipitant une crise de liquidité.
Pendant ce temps, l’économie réelle suffoque. Dans l’ombre de ces milliards détournés, une génération de jeunes entrepreneurs aux projets viables se heurte à un mur de refus bancaires. Ils ignorent que l’échec de leurs demandes de crédit ne reflète en rien la qualité de leurs dossiers, mais résulte de la captation des liquidités par un système mafieux. Tandis que l’oligarchie de Suguru s’enrichit grâce à des prêts sans garantie et des surfacturations à l’État, les business plans les plus prometteurs moisissent dans les tiroirs des banques. Cette saignée financière organisée étouffe sciemment l’innovation et condamne l’avenir économique du pays.
La stratégie du poulpe : Affaiblir pour mieux régner
La question brûlante se pose alors : Olivier Suguru tenterait-il de faire délibérément vaciller la BANCOBU au profit de la BGF, la banque dirigée par son épouse ? Le scénario est diaboliquement cohérent. Saigner une institution financière parapublique pour renforcer son fief privé, transférer les dépouilles d’un géant fragilisé vers sa propre structure.
Ce crédit de 120 milliards n’est pas qu’une simple malversation : c’est une déclaration de guerre contre la stabilité financière nationale. C’est le coup de poignard dans le dos d’une institution qui devrait être le rempart de notre économie. Alea iacta est – les dés sont jetés. Suguru a choisi son camp : celui de l’empire Suguru, contre celui de la République.
Le démenti qui n’ose plus dire son nom
Nous attendons toujours, Monsieur Suguru, vos démentis en bonne et due forme. Mais quand vous vous y risquerez, il vous faudra aussi démentir l’indéniable. Il vous faudra expliquer l’article de NET PRESS en date du 16 septembre 2017, qui documentait votre mafia avec la REGIDESO, aux côtés de Tariq. Ce contrat mirifique de groupes électrogènes et de carburant qui devait vous rapporter, à vous et à votre acolyte, la somme vertigineuse de 720 milliards sur dix ans.
Le chiffre était déjà une hyperbole de la rapacité. Aujourd’hui, avec les crédits Inter Trade et les vôtres en personne, il trouve une sinistre résonance. On découvre un modus operandi, une méthode éprouvée : s’insinuer dans les rouages de l’État, identifier les flux financiers juteux, puis déployer son réseau pour en détourner la substance. La REGIDESO hier, la BANCOBU aujourd’hui – demain, quel autre pilier national sera saigné à blanc ?
Quousque tandem abutere, Suguru, patientia nostra ? Jusques à quand abuserez-vous de notre patience ? Jusques à quand croirez-vous pouvoir impunément transformer les institutions de la République en votre domaine privé ?
L’heure des comtes approche
Acta est fabula. La pièce est jouée. Chaque sortie médiatique n’est plus qu’un acte de plus dans le crépuscule de votre règne. Les Burundais, désormais, voient clair dans le jeu des marionnettes. Le cordonnier de la finance, pris en flagrant délit de fabriquer des chaussures qui ne tiennent pas, ne peut plus se prétendre tailleur du roi.
Les 120 milliards de la BANCOBU ne sont pas qu’une ligne comptable : ce sont des écoles qui ne se construiront pas, des hôpitaux qui manqueront de médicaments, des routes qui ne seront pas asphaltées. Ce sont des vies burundaises compromises sur l’autel de l’avidité personnelle.
Le peuple attend, et il se souviendra. Veritas numquam perit. La vérité, elle, ne meurt jamais. Elle grandit, elle s’amplifie, et finit toujours par triompher des empires les plus apparemment inébranlables. L’empire Suguru, bâti sur le sable de la malversation et du mensonge, commence déjà à s’effondrer. Et dans son effondrement, nous verrons enfin la vérité tout entière – monstrueuse, éclatante, libératrice.
Ainsi, dans ce contexte, les Burundais avons confiance en notre président, Son Excellence Evariste NDAYISHIMIYE, et suivons avec attention son engagement dans sa guerre sans merci contre la corruption.
Par ailleurs, une source proche du dossier nous confie que l’affaire est suivie de près « au plus haut niveau de l’État », preuve que la tolérance zéro n’est pas un vain mot.
Note de la rédaction : Cet article s’inscrit dans notre série d’investigations sur le personnage mythique d’Olivier Suguru. Nous nous engageons à suivre cette affaire avec la plus grande rigueur journalistique et à tenir informés nos lecteurs de ses développements.
Par Jean Jolès Rurikunzira