Le Rwanda, qui refuse tout dialogue politique avec les FDLR, encourage en revanche ses ex-combattants à revenir volontairement dans le pays afin d’être démobilisés et réintégrés dans la société. Depuis 2001, 11 000 ex-combattants FDLR sont rentrés au Rwanda, un pays salué pour ses performances économiques, mais souvent pointé du doigt pour ses atteintes aux droits de l’Homme. Les FDLR posent d’ailleurs comme condition à leur rapatriement l’ouverture de l’espace politique.
Jeudi 14 août, les chefs d’Etat des Grands Lacs, réunis en sommet, ont durci le ton : ils ont donné aux rebelles hutus rwandais du FLDR jusqu’au 31 décembre, et pas un jour de plus, pour désarmer. Hier, sur les antennes de RFI, Martin Kobler, patron de la Monusco, la mission des Nations Unies en RDC, a salué cette décision. « L’option militaire est sur la table », a-t-il souligné. Martin Kobler appelle les FDLR à rentrer pacifiquement au Rwanda pour vivre « vie paisible ». Selon lui, 11 000 anciens combattants ont pu rentrer dans des conditions acceptables.
Le parcours des ex-combattants de retour au Rwanda
Les ex-combattants du FDLR qui rentrent au Rwanda passent par le camp de démobilisation de Mutobo, dans le nord du pays. Un camp en activité depuis le début des années 2000. Là, on leur inculque un enseignement civique basé sur les principes du patriotisme, de la reconstruction et de la réconciliation. A la fin de ce stage, ils reçoivent 180 000 francs rwandais (soit environ 200 euros), la promesse d’une formation professionnelle et l’assurance de ne pas être poursuivis, sauf s’ils ont participé au génocide des tutsis de 1994 au Rwanda.
Si la Commission de démobilisation et de réintégration dit ne pas être en mesure de donner un chiffre concernant les poursuites pour génocide, son président, Jean Sayinzoga, précise que les ex-rebelles reconnaissant leurs crimes et demandant pardon peuvent voir leur peine réduite de moitié. Après ce passage à Mutobo, les ex-combattants peuvent rejoindre leur localité d’origine.
Craintes de répression et harcèlement
Selon Jean Sayinzoga, « la réintégration est un succès dans 75% des cas ». Les rechutes pouvant être liées au traumatisme d’années de guerre ou à la difficulté de trouver un travail. Mais ces anciens ennemis de Kigali sont-ils libres au Rwanda ? Oui, répond Jean Sayinzoga, assurant que ces derniers ne sont, par exemple, pas obligés de se signaler aux autorités locales. Pourtant, selon des témoignages, certains d’entre eux se disent toujours très surveillés. Certains ont été accusés d’avoir participé à des attaques à la grenade, d’autres font partie des personnes arrêtées lors d’une récente vague de détention et de disparitions forcées, dénoncée par les Etats-Unis.
Les FDLR réclament des garanties
Quant au porte-parole des FDLR, La Forge Fils Bazeye, il dit redouter la pression de Kigali et demande des garanties. « Avec tout le respect que j’ai pour Martin Kobler, on dirait qu’il n’est pas au courant de la situation au Rwanda. Au Rwanda, il n’y a pas de respect des droits de l’homme. Il n’y a pas de démocratie », affirme-t-il, jugeant « un peu étonnant que [Martin Kobler] ne soit pas au courant de tout cela ». Il affirme que les FDLR « seront prêts à rentrer, mais pas comme des moutons qu’on amène à l’abattoir ». Il pose également les exigences du FDLR : « L’ouverture de l’espace politique, pour que les FDLR rentrent en tant que parti politique capable d’exercer les droits politiques. » Il juge également que « ceux qui sont rentrés sont passés par le programme de DDRRRR, par le centre de Mutobo, qui est un véritable centre de lavage de cerveau. Nous ne pouvons pas l’accepter ».