Nord-Kivu Bruits de bottes à l’Est de la RDC: nouvelles infiltrations de la coalition M23-RDF en perspective de prochains assauts (L’Avenir Quotidien 07/10/14)

Pour la Société civile du Nord-Kivu, le Rwanda et l’Ouganda n’ont jamais digéré leur défaite face à la coalition FARDC-Brigade spéciale d’intervention de l’ONU et sont déterminés à perpétuer l’insécurité pour continuer le pillage des ressources naturelles de la Rd Congo. Les autorités congolaises sont prévenues pour non seulement vérifier ces informations, mais aussi prendre des mesures qui s’imposent pour ne pas être surpris
Des nouvelles en province du Nord-Kivu, spécialement dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo ne sont pas du tout rassurantes. En effet, la Société civile de la province du Nord-Kivu renseigne que les ex-M23, aidés par certains éléments de la Rwanda Defence Forces (RDF) préparent des assauts sur le territoire congolais.

Pour la population du coin, le Rwanda et l’Ouganda n’ont jamais accepté, voire digéré leur défaite contre la coalition FARDC-Brigade spéciale d’intervention des Nations Unies. Pour ce faire, toutes les stratégies sont mises sur la table afin d’atteindre leurs objectifs. Ceux-ci consistent à semer continuellement l’insécurité dans la partie Est de la Rd Congo, afin d’y provoquer mort d’hommes, violations des droits de l’homme et pillage des ressources naturelles.
Un autre objectif et non des moindres, c’est la volonté inavouée du Rwanda et de l’Ouganda de concrétiser leur projet de balkanisation de la Rd Congo. Et ce, à l’exemple du Soudan qui a été obligé de se diviser malgré lui en deux Etats distincts. Une solution qui ne réussira pas en ce qui concerne la Rd Congo, au vu de la détermination des Congolais à demeurer ensemble, en dépit de l’étendue physique du territoire national et d’autres spécificités.
Les analystes de la situation de la région des Grands Lacs sont d’avis que le fait pour le Rwanda et l’Ouganda de ne pas libérer les ex-membres du M23 conformément aux accords signés est une preuve qu’ils veulent les utiliser à d’autres fins. Certains cadres de l’ex-M23 avaient tenté d’accuser en vain le Gouvernement de la République de la lenteur dans l’application de la loi sur l’amnistie. Mais avec les dernières libérations, cette raison ne tient plus debout et dès lors, silence radio du côté du Rwanda ou de l’Ouganda. Et on comprend vite qu’ils sont en train de chercher d’autres raisons.

Des faits palpables

Pour la Société civile du Nord-Kivu qui a été alertée par la population sur la réorganisation des éléments ex-M23, en perspective des prochains assauts à partir des territoires de Rutshuru et Nyiragongo, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la Rd Congo doit de nouveau s’apprêter pour ne pas être surpris.
Car en effet, en ce qui concerne le territoire de Nyiragongo, des mouvements suspects sont en ces jours observés dans le secteur de Busasamana, dans le District de Rubavu au Rwanda, à la frontière avec les localités Kabuhanga et Kabagana I, dans le Groupement Buhumba, Territoire de Nyiragongo.
Ici, sont stockés des vivres et non vivres dans le Bureau de la Rwanda Reven. Il s’agit des vivres qui transitent nuitamment en direction du parc, du côté de Kasizi-Rwanda où sont concentrés depuis plusieurs jours des combattants ex-M23 mêlés aux militaires de la RDF (armée rwandaise).
On fait également état du renforcement de la base logistique militaire de la RDF à la frontière, en préparatif de prochaines hostilités. Ce ravitaillement en vivres et équipements militaires a été également observé la journée et le soir de vendredi 04 novembre courant.
Dans le territoire de Rutshuru, des sources concordantes nous apprenons également que les ex-M23 seraient entrain de s’infiltrer dans les Groupements de Rugari, Bweza, Kisigari et Busanza. La population de ces entités a fait part de certains indicateurs objectivement vérifiables.
A Mwaro par exemple, dans le Groupement de Rugari, en Chefferie des Bwisha, le dimanche 28 septembre dernier, 130 éléments de la coalition M23-RDF habillés en uniforme de gardes parc pour se déguiser, ont été surpris avant de prendre le large. Alertées par la population, les FARDC du 391e régiment avaient réussi à capturer 3 combattants parmi les infiltrés. A Mbuzi, dans le Groupement de Bweza, en Chefferie de Bwisha, la semaine dernière, un groupe d’inconnus armés déguisés en éleveurs, ont fait des mouvements nocturnes avec des vaches jusqu’à Kichanga, dans le Groupement Bishusha, dans la Chefferie de Bwito, en passant par Biruma, dans le Groupement Kisigari.
A Katale et à Buvunga, dans le Groupement de Kisigari, la population dénonce le recrutement dans la clandestinité de nombreux jeunes au profit d’un groupe armée qui ne dit pas encore son nom. L’un des recruteurs serait identifié comme un ancien Chef de Poste d’Encadrement Administratif avant et pendant l’occupation du M23. A l’époque du M23, l’homme avait enrôlé de force plusieurs jeunes du Groupement de Kisigari. Il avait été arrêté et détenu par les services de sécurités à Goma. Mais depuis sa libération il y a un mois, il vient de débuter ses recrutements au profit d’un groupe armée qui reste à identifier.
A Shinda, frontalière avec l’Ouganda, dans le Groupement de Busanza, dans la Chefferie de Bwisha, la relève des FARDC inquiète la population si le déploiement ne suit pas le plus tôt. Des bruits courent que des réfugiés déjà armés dans les Camps en Ouganda promettent de traverser la frontière pour s’installer à Shinda.

De l’alarmisme au réalisme

Contacté par le Journal L’Avenir, le porte-parole de la Société civile du Nord-Kivu a indiqué qu’en lieu et place de considérer ce message comme alarmiste, il est plutôt important pour le pouvoir de considérer cette information et de mener des enquêtes fouillées. Et ce, lorsqu’on sait qu’à l’Est du pays, tout commence par des rumeurs qui, au fur et à mesure qu’évolue l’actualité, se révèlent comme vraies.

En plus, la Société civile du Nord-Kivu s’est demandée pour quel intérêt pourrait-elle raconter des faits non vérifiables lorsqu’on sait comment elle est en contact avec la population autochtone. Voilà qui doit motiver les autorités tant provinciales que centrales à considérer ces informations pour prévenir au besoin cette énième attaque de la coalition ex-M23-RDF.