L’étranger, une source d’inspiration et non un endroit où investir

Gagner sa vie dans la capitale Bujumbura est devenu un casse-tête pour pas mal de Burundais. Les jeunes, après avoir terminé leurs études, ne trouvent pas d’emplois et préfèrent se constituer réfugiés économiques à l’étranger espérant y gagner mieux leur vie. Pourtant, quelques burundais ayant fait leurs études à l’étranger retournent investir au pays, contribuant ainsi à son développement économique.

Aller vivre à l’étranger, y travailler, avoir une nationalité étrangère est le rêve de plusieurs burundais. Beaucoup de familles vivent séparées. On peut trouver un père de famille vivant au canada, une mère en Angleterre, les enfants en Suède, tous à la recherche d’une vie meilleure. Les jeunes, terminant leurs études et ne voyant pas leur avenir assuré vont à l’étranger espérant y trouver des opportunités alléchantes.

« Tenez, j’ai terminé mes études universitaires il y a deux ans. J’ai fait pas mal d’interviews et de tests espérant être engagé, mais en vain. Les autres jeunes de mon âge sont entrain de fonder leur foyer, mais moi je n’y pense même pas vu ma situation financière, s’indigne MN, jeune chômeur. Auparavant, je ne croyais pas qu’avec mon diplôme universitaire, je pourrais rester dépendant des autres. L’étranger me tente beaucoup. C’est la seule alternative qui me reste. Au moins, mes amis qui vivent à l’étranger peuvent s’auto prendre en charge et épargner. Ils n’ont pas de difficultés à avoir du travail et gagnent leur vie facilement. Savoir comment ils la gagnent, cela m’importe peu. En tous cas, moi aussi je serai capable de mener leur vie ! »

L’étranger n’est pas un eldorado
« Il ne faut pas se leurrer ! L’étranger ne représente pas un eldorado comme le pense certains de nos compatriotes. Tout n’est pas si rose ! », témoigne Ange Muyubira, chef de l’entreprise Kaz’O’Zah Art. Et de poursuivre : « J’ai vécu en Angleterre pendant 10 ans pour des raisons d’études. J’ai fait mes études en interprétariat juridique en même temps que je faisais mon business dans le « Mobile hear and beautiful conforted » Au lieu que mes clients viennent vers moi, j’offrais mes services à domicile. Mon travail consistait en la fabrication de bijoux, en maquillage et en la coiffure des dames, jeunes mariées, etc. L’argent qu’on gagne à l’étranger est loin inférieur à ce qu’on pourrait gagner ici au Burundi si on regarde du côté des dépenses et des relations sociales : On met de longues distances pour arriver sur le lieu de travail. Ce qui engendre des charges énormes pour les déplacements. Aussi, la distance ne permet pas d’être près de sa famille pour élever ses enfants. On quitte la maison très tôt le matin pour retourner tard le soir. Il n’y a pas d’épanouissement social et le coût de la vie est cher. « Travailler à l’étranger ne m’a jamais séduit, mais plutôt m’a servi comme une source d’inspiration pour entreprendre au Burundi et m’a permis d’oser et de m’y lancer. Après mes études, je suis retournée au Burundi pour poursuivre ce que je faisais à l’étranger et j’ai créé l’entreprise Kaz ‘O’ Zah Art qui recrute, forme et finance les petits artisans et leur trouvent des marchés locaux et internationaux. Elle compte 102 employés aujourd’hui », ajoute-t-elle. Il y a plus d’opportunités à exploiter au Burundi qu’à l’étranger. Il suffit de regarder dans son environnement et d‘identifier les besoins non encore satisfaits de la population.

S’inspirer de l’internet et des médias pour créer son entreprise
Pour Muyubira, les jeunes ne devraient pas se focaliser sur l’étranger, mais plutôt réfléchir sur ce qu’ils peuvent faire et créer. Ils peuvent utiliser l’internet, la télévision, etc. pour voir ce qui se fait ailleurs et l’importer. « Si on est intéressé par l’informatique, il suffit de surfer dans Google et de taper « Jeunes entrepreneurs au Gabon… ! On verra ce qui se fait ailleurs et on l’exploitera» Aussi l’OBR par exemple devrait-il encourager les jeunes entrepreneurs en offrant des formations gratuites sur l’importance de payer l’impôt comme on le fait ailleurs : En Angleterre, si un jeune vient de lancer son entreprise, on lui accorde une formation gratuite sur la tenue de la comptabilité et les entreprises qui font payer les impôts les forment sur le calcul des taxes et son importance et ainsi un entrepreneur les paie sans rancune. Les jeunes entrepreneurs devraient être soutenus et encouragés dans ce sens.

Joëlla Bigirimana