Au moins 14 personnes ont été tuées à l’arme blanche dans la nuit de samedi à dimanche dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les massacres de civils attribués à des rebelles ougandais se succèdent depuis octobre.
Les autorités locales ont évoqué 14 tués – l’armée congolaise a prévenu que le bilan pourrait augmenter – tandis qu’une ONG a parlé de 32 victimes.
Depuis le début du mois d’octobre, ce sont ainsi plus de 200 personnes qui ont été tuées dans la région de Beni, dans le nord du Nord-Kivu, province ravagée par les conflits armés depuis plus de 20 ans.
Toutes l’ont été dans des circonstances identiques: les assaillants opèrent de nuit, à l’arme blanche, tuant hommes, femmes et enfants – certains ont été décapités devant leurs parents dans un précédent massacre – qui ont le malheur de se trouver sur leur chemin.
Le gouvernement, l’ONU et plusieurs experts et diplomates y voient la marque des rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), présents dans l’est de la RDC depuis 1995 et opposés au président ougandais Yoweri Museveni.
La dernière attaque a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville d’Oicha, où neuf personnes avaient déjà été tuées dans la nuit du 8 au 9 octobre.
Les assaillants « ont tué 14 personnes à la machette et à la hache », a déclaré à l’AFP Jean-Baptiste Kamabu, chef de la cité d’Oicha, joint par téléphone depuis Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Deux personnes ont été blessées, et deux autres enlevées, a-t-il ajouté.
L’attaque a eu lieu dans le quartier d’Aili, à la périphérie nord-est d’Oicha, située à une trentaine de kilomètres au nord de Beni, la grande ville du nord du Nord-Kivu.
Le colonel Célestin Ngeleka, porte-parole de l’opération militaire congolaise Sokola 1, offensive lancée contre les groupes armés dans le nord du Nord-Kivu, a confirmé le bilan de 14 morts, tout en indiquant que celui-ci « pourrait être revu à la hausse ».
Les soldats, a-t-il expliqué, n’ont pas terminé d’inspecter les lieux et pourraient encore « découvrir d’autres cadavres ».
Passivité des autorités? –
La Société civile du Nord-Kivu, une ONG basée à Beni (environ 250 km au nord de Goma), avance elle le chiffre de 32 morts.
« Extrêmement choquée par ce énième massacre », elle exhorte une nouvelle fois dans un communiqué l’armée congolaise et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) à ramener l’ordre pour de bon dans la région.
L’ONU s’est inquiétée récemment d’une dégradation de la sécurité dans l’ensemble du Nord-Kivu, liée à ces massacres, mais aussi à un regain de violence dû à d’autres groupes armés dans le sud-ouest de la province et à une hausse de la criminalité.
Place commerciale importante, Beni est le fief des Nande, une communauté bantoue dont les dirigeants s’étaient ralliés massivement à une milice soutenue par l’Ouganda pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003).
Depuis le début des massacres, la population du territoire dénonce la passivité des autorités congolaises et des Casques bleus de l’ONU.
La tuerie d’Oicha survient quelques jours après des déclarations optimistes du lieutenant-colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole militaire de la Monusco.
« Nous sommes dans une dynamique (…) assez positive, et d’ici très peu de temps, nous pensons venir à terme de ce groupe rebelle qu’est l’ADF », avait-il dit mercredi à la presse, à propos des opérations conjointes des Casques bleus et des militaires congolais contre ce groupe armé.
Vendredi, quatre miliciens ADF et un soldat avaient péri dans un violent accrochage à environ 80 km au nord-est de Beni, sur les contreforts du Ruwenzori, selon l’armée congolaise. Ce massif montagneux, qui culmine à plus de 5.000 mètres à la frontière entre le Congo et l’Ouganda, sert régulièrement de base de repli aux rebelles.
Lancée en janvier, l’opération Sokola 1 a permis à l’armée de reprendre les principales places fortes des ADF, qui ne compteraient plus aujourd’hui que 400 combattants. Mais l’opération militaire avait été arrêtée après le décès, fin août, du général congolais qui commandait l’opération. Elle n’a véritablement repris qu’à la fin du mois de novembre, après les premiers massacres perpétrés près de Beni.