La diplomatie burundaise battue par K.O (knock-out) par l’opposition et la société civile

Des communiqués de mise en garde, des résolutions, des menaces de sanctions, etc.… Voilà ce qui fuse de partout dans les milieux diplomatiques et ONG occidentaux sur le Burundi, pauvre petit pays de l’Afrique. Plus d’aucun se demandent, où est la diplomatie burundaise. Pourtant, elle est là, peut-être qu’elle s’endort, peut-être qu’elle est débordée, peut-être qu’elle se méfie ou peut-être qu’elle manque de moyen. De toute façon, il faut reconnaitre et surtout admettre que sur le plan de la diplomatie internationale, le gouvernement Burundais est battu par K.O par la société civile burundaise synchronisé avec l’opposition politique et certains médias. Dans cette ambiance, il est ridicule d’entendre certains proches du pouvoir minimiser ces revers diplomatiques que subit le gouvernement, arguant que « nta bwoba, ibintu bipanze neza » (pas de panique, la situation est sous contrôle). Or la situation sur terrain diplomatique montre le contraire. Il y a donc de quoi s’inquiéter. Il semble vrai que le gouvernement burundais privilégie les affaires intérieures en galvanisant la majorité de la population autour de ses projets de société, mais ignore ou banalise les affaires diplomatiques. C’est s’ensevelir vivant ou tout naïvement couper la branche où l’on est assis. Pourtant, le gouvernement burundais a des atouts considérables pour faire entendre sa voix sur le terrain diplomatique.
Comment se fait-il qu’un pays qui a une force armée représentative de la population, aguerrie et bien appréciée par ses actions dans différents pays où elle est déployée pour secourir le peuple en danger et qui par ailleurs est l’armée en Afrique qui compte plus d’hommes en mission de maintien de la paix, soit malmené et méprisé par certains milieux diplomatiques occidentaux ? Ailleurs, la puissance de l’armée est l’un des atouts qui pèsent dans les balais diplomatiques.
Comment se fait-il que le Burundi qui réussit petit à petit à concilier son peuple ( hutu, tutsi et twa), le Burundi où chaque citoyen s’exprime librement, le Burundi où on peut même snober le président de la République, le Burundi où certains défendent publiquement les droits des rebelles, soit considéré par certains occidentaux comme pays dangereux où le droit d’expression est bafoué?
Peut-on vraiment affirmer qu’en Europe ou en Amérique, le droit l’homme est scrupuleusement respecté ? N’est-ce pas que l’armée et la police américaine sont championnes des exactions ? Et alors, pourquoi s’acharner sur ce petit pays meurtri par la guerre interethnique durant des décennies et qui apprend à marcher dans le sens de la démocratie ? Certes, « ils donnent leur argent, ils donnent des leçons ».
Faut-il alors affirmer que l’opposition politique burundaise est dans son rôle ? Oui d’une part, parce qu’elle est uniquement à la conquête du pouvoir. Pour elle, tous les moyens sont permis. Si sur terrain elle estime qu’elle n’a rien à gagner, c’est normale (à l’africaine) qu’elle se confonde à la société civile, qu’elle côtoie certains médias, et qu’ensemble ils se rabattent à l’extérieur, source de financement.
De façon particulière, vu d’où il vient, le Burundi fait des efforts considérables en matière de démocratie par rapport aux autres pays de la sous région, il a de quoi se venter. C’est plutôt le côté diplomatie qui est défaillant. La faute est donc au gouvernement burundais qui oublie que sa stabilité intérieure est fortement corrélée avec une activité diplomatique internationale intense surtout en ce qui concerne les impératifs d’efficacité, de lisibilité, de visibilité et d’influence ou de lobbies. Toute fois il faut de l’intelligence, de la volonté et surtout des moyens financiers pour y parvenir. Comme disait l’américain Joseph Samuel Nye, théoricien des Relations Internationales : « La combinaison efficace de trois dimensions, c’est-à-dire la pensée, l’épée et L’ARGENT, s’appelle le pouvoir intelligent ».

Par Biberk Kana