Les Ambassadeurs du Burundi en RDC et en Belgique rappelés au pays @rib News, 27/02/2015

Le Général de Brigade Moïse Pasteur Nzeyimana, Ambassadeur du Burundi à Kinshasa, et Félix Ndayisenga, Ambassadeur du Burundi à Bruxelles, viennent d’être rappelés par le Gouvernement, a-t-on appris mercredi à Bujumbura d’une source au sein du ministère burundais des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale, sans donner les raisons de ces rappels qui interviennent avant la fin de leur mission et à trois mois des élections générales.

Selon les observateurs, ces rappels n’ont rien à voir avec l’état des relations entre Bujumbura et Kinshasa ou Bujumbura et Bruxelles, car considérées comme étant « au beau fixe », en termes diplomatiques. Ces mesures seraient en réalité internes au pouvoir, où le président Pierre Nkurunziza se livre actuellement à une véritable purge au sein de l’appareil de l’Etat et plus particulièrement au sein du parti présidentiel.

Si pour le Général de Brigade Moïse Pasteur Nzeyimana, ce rappel équivaut bien à une sanction qui entre dans le cadre de la purge actuelle au sein des services de sécurité, le cas de l’Ambassadeur Félix Ndayisenga a surpris bons nombre d’observateurs.

En effet le Général de Brigade Moïse Pasteur Nzeyimana est parmi les tous premiers frondeurs au sein du parti au pouvoir qui se sont ouvertement exprimé contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Le Général de Brigade Nzeyimana était déjà tombé en disgrâce depuis longtemps. Sa nomination en 2011 comme Ambassadeur à Kinshasa avait consisté à l’éloigner des affaires du pays. Son rappel fait donc suite au limogeage d’autres Généraux frondeurs qui étaient à la tête des services de renseignement et n’a pas surpris grand monde.

Le cas de l’Ambassadeur Félix Ndayisenga reste par contre énigmatique pour beaucoup, car il était jusqu’ici considéré comme une « étoile montante » au sein du parti. Son nom revenant en effet très souvent pour une entrée au Gouvernement. Aurait-il depuis tourné casaque et rejoint le camp des frondeurs ? Rien n’est moins sûr car jamais vous ne le verrez émettre publiquement une critique contre la politique de Nkurunziza qu’il a servi fidèlement jusqu’ici.

Certains se demandent donc si ce rappel serait une sanction pour ce proche du ministre des Affaires étrangères, Laurent Kavakure, ou s’il ne s’agirait plutôt que d’un retour stratégique au pays, en prévision d’un positionnement pour les prochaines élections générales.

Pour d’autres, Félix Ndayisenga paierait aujourd’hui les déboires diplomatiques du pouvoir burundais face à l’Union européenne et spécialement auprès du Parlement européen qui fait partie de sa zone d’accréditation. En effet, Bruxelles a ces derniers jours tiré à boulets rouges sur la politique de Bujumbura en matière du respect des droits de l’Homme et de la Bonne Gouvernance. Les deux dernières résolutions du Parlement européen sur le Burundi, en rapport avec les détentions de Pierre Mbonimpa et Bob Rugurika, ont laissé des traces.

L’Ambassadeur Félix Ndayisenga se verrait ainsi reproché un lobbying peu efficace auprès des Députés européens, pour contrer les voix de plus en plus virulentes, contre un troisième mandat de Nkurunziza, émises dans l’hémicycle du Parlement européen, à quelques pas de l’Ambassade du Burundi à Bruxelles.

Mais la plupart des observateurs pencheraient plutôt pour une affaire burundo-burundaise et interne au parti présidentiel, pour expliquer ce rappel dont les raisons réelles ne seront connues qu’en suivant le sort qui sera réservé à l’Ambassadeur Félix Ndayisenga à son retour au pays : une voie de garage ou une promotion, selon le cas.

Notre source au ministère burundais des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale, annonce qu’on devait s’attendre à d’autres mesures dans le même sens au sein de la diplomatie burundaises. Ce qui prouve que Pierre Nkurunziza est bien décidé à couper court à toute contestation au sein de son parti, et à faire le ménage aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Les Bagumyabanga n’ont plus qu’à bien se tenir, car l’heure de vérité approche à grand pas et chacun va devoir faire son choix. [MG]