«Des véhicules du HCR qui restent stationnés à la frontière rwando-burundaise pour déplacer d’éventuels réfugiés, une ration bien préparée pour les nourrir,…, tels sont les facteurs à la base des départs massifs des Burundais vers le Rwanda», déplorent Révérien Nzigamasabo, gouverneur de Kirundo et Joseph Manirafasha, président de l’association Kira (Kirundo Avenir) des natifs de cette province du nord du Burundi.
C’était au cours d’une conférence de presse de ce lundi 20 avril, ils sont unanimes : «Derrière l’exil des populations à Kirundo, il y a des mobiles politiques même si la majorité de ceux qui partent sont à 90% des tutsi. » En effet, indique Joseph Manirafasha, le 14 avril, son association, l’administration ainsi que des amis de Kirundo ont effectué des descentes à Marembo, dans la commune de Busoni ainsi qu’à Nyamabuye et Bugasa de la commune Bugabira.
Objectif : s’enquérir des causes à l’origine de l’exil de la plupart des gens originaires de ces localités vers le Rwanda. Du 15 au 16 avril, les descentes, explique-t-il, se sont poursuivies au Rwanda pour convaincre la population à regagner le pays en vain.
Selon M. Manirafasha, à Busoni, Bugabira comme de l’autre côté de la Kanyaru, les raisons sont les mêmes : des propos incendiaires tenus par la classe politique, la peur due aux jeunes Imbonerakure et les messages passant sur les réseaux sociaux sur le probable troisième mandat de Pierre Nkurunziza.
Pour Joseph Manirafasha et Révérien Nzigamasabo, il s’agit d’une pure manipulation politique : « Il est incompréhensif comment un simple citoyen peut être préoccupé par le troisième mandat que le président de la République n’a par ailleurs pas encore annoncé. »
Le HCR mis en garde
Ils pointent du doigt certaines autorités rwandaises et le HCR : « Quelques Burundais avaient accepté de rentrer mais des autorités rwandaises ont refusé arguant qu’ils sont dans les mains du HCR et attendent de recevoir des statuts pour réfugiés. »
Les deux personnalités vont plus loin en se demandant pourquoi le gouvernement rwandais n’appelle pas ses ressortissants à quitter le Burundi s’il estime que la sécurité n’est pas garantie au Burundi : « Des Rwandais traversent la frontière burundaise chaque jour et viennent s’approvisionner au pays. »
Il n’y a pas de guerre au Burundi, tranquillise Révérien Nzigamasabo, et les citoyens n’encoururent aucun danger.
A la question des intimidations perpétrées par les Imbonerakure, le gouverneur de Kirundo rassure : « Les rondes nocturnes, les sports de masse, etc. ont été arrêtés depuis longtemps. »
Et de mettre en garde le HCR du Rwanda : «Il doit respecter les statuts internationaux en matière des réfugiés. Il ne peut pas aimer Kirundo plus que ses dirigeants et ses ressortissants.»