L’énergie hydroéléctrique au Burundi


[bleu ciel]PPB[/bleu ciel],Le secteur de l’énergie est un secteur clé pour le développement économique d’un pays. Au Burundi, du jour au lendemain, la situation énergétique suscite des interrogations. En effet, la demande en énergie dépasse largement l’offre, et cette relation s’accentue continuellement. Cependant, des actions pour pallier ce problème sont envisagées, mais la solution à court terme ne se lit pas. Et la population qui vit quotidiennement des activités nécessitant la disponibilité de l’énergie électrique ne trouve pas de mots pour raconter ne fût-ce que la moitié de ce qu’elle endure.
Le Burundi a construit des barrages hydroélectriques pour répondre aux besoins en énergie dans le pays. Cependant, la situation a changé du jour au lendemain. Au départ, l’énergie produite était suffisante, il y avait même un surplus pour intervenir dans certaines situations pendant lesquelles les besoins devenaient élevés. Mais, avec le temps, les villes se sont agrandies petit à petit que la quantité d’énergie à fournir s’est elle aussi accrue. Inversement, la quantité produite s’est progressivement réduite provoquant ainsi un réel déficit énergétique.

La production ne répond plus aux attentes

Les raisons du déficit énergétique sont claires. A titre illustratif, la centrale de Rwegura qui était conçue pour assurer l’intervention pendant les heures de pointe n’atteint plus son niveau de production énergétique. Selon le ministre de l’Energie et des mines, Côme Manirakiza, on avait installé trois centrales pouvant produire chacune six mégawatts et faire en tout dix-huit mégawatts. Mais, selon M. Manirakiza, il est très rare que les trois centrales fonctionnent en même temps. Le plus souvent, seules deux d’entre elles fonctionnent produisant ainsi entre huit et douze mégawatts. La raison majeure est que la capacité telle que la centrale a été conçue ne permet pas que les dix-huit mégawatts puissent avoir lieu en même temps. « Aujourd’hui, nous essayons de tirer le maximum parce que la demande est très forte. Mais, le rythme risque de provoquer que le lac de retenue soit vidé, car le débit de l’eau qu’on utilise pour turbiner est de loin supérieur au débit de l’eau qui entre dans ce lac», dit M. Manirakiza.

Des solutions sont envisagées mais à long terme

Devant cette situation, le ministère concerné ne croise pas les bras, mais les solutions interviendront après une certaine période. En effet, précise le ministre en charge de l’énergie, « nous avons la nouvelle politique de pouvoir augmenter la production énergétique. Mais, cette production est à long terme, car nous avons à construire des centrales hydroélectriques, et cela dure jusque même à cinq ans compte tenu de la grandeur de cette centrale. Cependant, le ministère se heurte à une situation difficile à gérer. En effet, révèle M. Manirakiza, « aujourd’hui, nous avons un déficit énergétique. Nous avons un problème en rapport avec la gestion de la période de transition. Il y a le chantier mais à long terme, il y a cette période pendant laquelle nous devons vivre ». A ses dires, déjà deux centrales hydroélectriques à savoir celle de Mpanda et Kabu16 sont en cours, mais ne suffisent pas. Le gouvernement a également deux projets qui, n’eût été le problème des aléas, auraient démarré. Il s’agit des centrales solaires, l’une à Bubanza, l’autre à Gitega avec une production de dix mégawatts chacune. Le ministère monte également un projet de construction d’autres centrales, une solaire de sept et demi mégawatts à Mubuga dans la province de Gitega, une autre de trente mégawatts à base des déchets. A côté de ces projets, le ministère est en train de mettre en place des lignes d’interconnexion régionale. « Nous voulons être connectés au niveau de la sous-région pour qu’il y ait échange de l’énergie entre les Etats de cette région », dit M. Manirakiza. « A ce niveau, il y a une organisation du pool énergétique des pays de l’Afrique de l’Est regroupant le Burundi, le Rwanda, le Kenya, l’Ethiopie, l’Egypte, la Tanzanie et la République démocratique du Congo pour échanger de l’énergie », ajoute-t-il. Ainsi, le Burundi cherche par exemple à voir comment il peut s’alimenter à partir de l’Ethiopie qui a plus d’énergie via les lignes d’interconnexion régionales. « Nous avons déjà signé des conventions pour 200 mégawatts et nous sommes en train de tout faire pour construire les lignes d’interconnexion régionale. Le Burundi va construire la ligne Gitega-Gitarama-Kigoma. Le Rwanda est lui aussi en train de construire sa ligne le reliant avec l’Ouganda, ce dernier étant connecté au Kenya qui, à son tour, est connecté à l’Ethiopie. Ceci dit que le Burundi pourra bientôt s’approvisionner à partir de l’Ethiopie », rassure M. Manirakiza. Ce projet va sans doute aboutir, car, révèle le ministre, que les financements sont déjà disponibles avec l’appui de l’Union européenne et du KFW. Mais, il y a déjà d’autres projets au niveau régional telles les centrales de Rusumo qui va produire 80 mégawatts à partager avec la Tanzanie et le Rwanda et Ruzizi III dont la production sera partagée avec la République démocratique du Congo et le Rwanda. M. Manirakiza indique que le ministère a d’autres projets pour pouvoir augmenter la production énergétique dans l’avenir. Pour gérer la période transitoire et affronter la saison sèche qui approche, bref, résoudre le problème de l’énergie à court terme, le ministre de l’Energie pense recourir à une centrale thermique. « Nous allons nous asseoir avec nos collaborateurs pour voir comment augmenter les heures de fourniture d’énergie à partir des centrales thermiques propres à la Regideso et celles en location pour se préparer à la saison qui vient et aux élections », dit M. Manirakiza.

La production de l’énergie a un impact sur l’environnement

La construction des barrages présente des avantages mais aussi des effets sur l’environnement. Selon l’expert Albert Mbonerane, la construction des barrages occasionne la perturbation écologique, l’accumulation des sédiments dans les barrages. Il y a aussi les sources d’eau qui semblent oubliées. La construction d’un barrage oblige aussi la population à se déplacer. Il y a donc la perte du patrimoine, l’expropriation. Prenant le cas du barrage de Rwegura, M. Mbonerane montre l’impact sur l’écosystème dû à la destruction de la forêt de la Kibira. Aussi, le lac de retenue de Rwegura inonde un grand territoire, détruit les végétaux et les poissons. Les recherches montrent que l’hydroélectricité a un plus faible impact sur l’environnement que d’autres sources d’énergie. Attaché à la protection de l’environnement, M. Mbonerane propose de protéger la biodiversité de la Kibira et de la crête Zaïre Nil ainsi que les rivières. Il appelle la Regideso à intégrer dans ses investissements le coût écologique de ses projets hydroélectriques et le coût des services de la nature.