Burundi : Ombusdman : Tournoi de Paix

DISCOURS DE S.E.L’OMBUDSMAN, Dr MOHAMED RUKARA A L’OCCASION DE LA REMISE DES PRIX A L’ISSUE DU TOURNOI DEDIEE A LA PAIX ET A L’HARMONIE SOCIALE
Bujumbura, le 28 Juin 2015
Honorables Parlementaires,
Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas au Burundi ;
Excellence Madame l’Ambassadeur des Etats-Unis au Burundi ;
Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi ;
Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Française au Burundi ;
Mesdames et Messieurs les Représentants du Corps Diplomatique et Consulaire ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des organisations internationales ;
Messieurs les Représentants des Institutions publiques ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Corps de défense et Sécurité ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Confessions religieuses ;
Mesdames et Messieurs les Cadres de l’Institution de l’Ombudsman ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Médias ;
Mesdames et Messieurs les Représentants de la Société civile ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des différents Associations participantes au Tournoi;
Mesdames et Messieurs les membres des différents Associations ;
Distingués invités ;
Tout protocole observé
Bon après-midi.
Avant tout propos, Je commence par remercier, Dieu Tout Puissant et Miséricordieux.
Ensuite, je remercie chacun et tous ici présents pour avoir répondu à notre invitation en ce jour de remise des prix aux Associations qui ont participé au tournoi de football baptisé « Tournoi pour laconsolidation de la Paix et l’Harmonie sociale ».
Ce tournoi organisé par l’Institution de l’Ombudsmana mis en compétition plusieurs associations en provenance de différents milieux socio-professionnels et toutes les couches sociales y étaient représentées, nous citons en l’occurrence :
1) Les Forces de Défense Nationale ;
2) Abaropozi( Extracteurs de moelon) ;
3) Les jeunes affiliés aux différents partis politiques ;
4) Kotoko VETERAND ;
5) La Police Nationale ;
6) Les démobilisés ;
7) Taxi-motos ;
8) Taxis-vélos ;
9) ATM (Association des Travailleurs des Ménages);
10) Coiffeurs ;
11) Les médias ;
12) VETERAND BUTERERE ;
13) BANA USA-SALAMA
14) Taxi-voiture ;
Excellences,
Honorables,
Mesdames, Messieurs,
Ce tournoi de football dédié à la consolidation de la Paix et l’harmonie sociale s’inscrit dans la suite des actions menées par notre Institution depuis son existence dans le cadre de la Prévention des conflits.
Celle-ci constitue l’un des axes du Plan Stratégique 2012-2016 et deux approches ont été retenues pour réaliser les objectifs que notre Institution poursuit dans ce sens : le sport et les échanges à travers des Fora et Ateliers organisés pour certains groupes cibles comme les jeunes.
En dédiant ce tournoi à la paix, c’est une occasion pour notre Institution de mettre en œuvre la stratégie onusienne de promotion de la paix à travers le sport qui occupe une place de choix.
Depuis 2005 en effet, année dédiée au sport et à l’éducation physique par l’Organisation des Nations Unies,les plus hautes autorités de cette Institution n’ont eu de cesse d’inviter les peuples à exploiter le sport en tant que ressource énergétique pour la promotion de la paix, du développement et de prévention des conflits.
Ensuite, l’objectif global que nous visons est de contribuer au respect de la Démocratie, des Droits de la personne humaine, de la chose publique et de l’Etat de droit.
Ainsi les actions prioritaires menées visent à assurer une cohésion sociale au niveau communautaire, à contribuer dans la consolidation de la paix et la sécurité, à sensibiliser la population sur la responsabilité citoyenne.
A travers l’organisation du Tournoi de Football, nous avons voulu mettre ensemble les Représentants des différentes couches de notre société dans l’objectif de prévenir les causes des conflits de quelque nature que ce soit.
Ainsi, le Tournoi de football qui a débuté depuis le 06 septembre 2014 et, en train de se clôturer aujourd’hui, dénote une certaine particularité par rapport aux autres Tournois. Celui-ci s’est déroulé dans une période pré-électorale au Burundi, ensuite il a duré presqu’une année dans le but de consolider la paix et d’asseoir l’harmonie sociale au cours de cette période très sensible pour la vie de notre pays.
En organisant donc cette activité, l’Institution de l’Ombudsman accomplit normalement ses missions constitutionnelles et légales et n’empiète sur aucune prérogative reconnue à d’autres institutions du pays.

Nous en profitons pour rappeler au public que l’Institution de l’Ombudsman est régie par les prescrits des articles 237à 239 de la Constitution ainsique la loi N°1/4 du 24 janvier 2013 portant sur son organisation et fonctionnement. Qu’Il suffise de vous en référer aux textes légaux ci-haut cités qui rappellent qu’en plus des pouvoirs nous conférés par la Constitution, l’art 2 de la loi susvisé nous donne le pouvoir de : « contrôle du bon fonctionnement des entités administratives en son article 6 point a, cette loi étend ce rôle aux collectivités locales, aux établissements publics et à tout organisme investi d’une mission de service public. »
En outre en son article 11, alinéa c paragraphe 3, cette loi confère à l’Ombudsman le pouvoir d’auto-saisine stipulé en ces termes : « l’Ombudsman peut se saisir d’office de toute question relevant de sa compétence chaque fois qu’il a des motifs raisonnables de croire qu’une personne ou un groupe de personnes a été lésé ou peut vraisemblablement l’être par l’acte ou l’omission d’un organisme public ».
Les éléments ci-haut développés voudraient lever les équivoques possibles sur le fonctionnement de notre Institution.
C’est pour cela que nous remercions du fond de notre cœur toutes les Institutions publiques, nos partenaires techniques et financiers, les confessions religieuses, la Société Civile, les Médias et les Citoyens burundais qui ont bien compris l’importance de nos missions en nous accompagnant dans leur accomplissement.
Pour ce moment bien précis, j’exprime mes sincères remerciements à tous les Associations qui ont pleinement participé à ce tournoi de football.
C’est un signe éloquent qui témoigne que nos jeunes sont porteurs d’avenir. Ils ont compris que le sport demeure un outil très puissant au service de la paix. Même pendant la crise que traverse notre pays, ils ont continué à préparer et organiser des matches de Fotball.
Cela a permis d’avoir un cadre d‘échanges pour les jeunes de diverses appartenances socio-politiques.
Cela fut par conséquent un lieu favorable pour l’apaisement de la colère des uns envers les autres. Ce qui engendre la tolérance et l’acceptation del’Autre.
Néanmoins, comme d’aucuns le savent, la crise que traverse notre pays a fait des victimes dans les différents quartiers.
Nous pensons aussi à nos militaires qui sont tombés sur le champ d’honneur au cours des opérations de maintien de la paix, notamment en Somalie.
Nous vous demandons de bien vouloir vous lever et observer une minute de silence en mémoire de toutes ces victimes.
Nous adressons également notre profonde gratitude à toutes les personnes physiques et morales qui ne cessent de nous apporter un soutien multiforme dans l’accomplissement de nos missions légales et constitutionnelles, surtout dans le cadre de consolider la paix, la sécurité et l’harmonie sociale.
Certaines organisations méritent une mention spéciale pour avoir contribué de façon remarquable à la réussite de ce tournoi.
Nous pensons particulièrement à la Paroisse Saint Augustin de BUYENZI et au Centre Jeunes KAMENGE qui ont mis grâcieusement leurs terrains de football durant toute la période que le tournoi vient de passer.
Nous nous adressons également à l’ONG : « Action On Armed Violence », AOAV en sigle.
Nous leur devons une profonde reconnaissance.
Honorables,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Je tiens à préciser, par ailleurs, que les prix décernés aux Associations et à leurs joueurs ne représentent pas la compensation des efforts déployés. Ils constituent plutôt un symbole fort saisissant de leur esprit sportif, fondé sur la tolérance et le « fairplay ».
A l’issue de ce tournoi, il n’y a ni vainqueur ni vaincus. Vous êtes tous gagnants. Je vous exhorte donc d’être toujours des apôtres de la paix.
Pour y parvenir, vous devez prêcher par un bon exemple en ne recourant jamais à la violence pour résoudre vos conflits. Faites du dialogue votre priorité des priorités.
Ce conseil se fonde sur le fait déjà avéré : les protagonistes qui s’engagent sur le terrain de la guerre en sortent souvent tous perdants. La violence n’est pas une solution au conflit.
Mettez-vous donc ensemble au service de la vie sans tarder en transformant les causes des conflits en vecteurs de paix.
Avant de terminer mon propos, je voudrais vous rappeler les paroles divines. Dans le Livre Saint, Dieu nous a dit : « ô Hommes ! Nous vous avons créés, un mâle et une femelle. Nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous connaissiez.
Martin Luther King il disait : « les gens ne s’entendent pas parce qu’ils se craignent, ils se craignent parce qu’ils ne se connaissent pas, ils ne se connaissent pas parce qu’ils ne communiquent pas ».
On ne le dira jamais assez, ce pays, le Burundi c’est ce que vous avez de plus cher. Il sera ce que vous le ferez.
Comme le Burundi, notre nation est composée de diversités ethniques (les Bahutus, les Batutsis, les Batwa et Baganwa) et religieuses (le Catholicisme, le Protestantisme et l’Islam) ; cette diversité devrait nous rendre complémentaire pour que nous puissions vivre en harmonie social et consolider la paix.
Pour ce faire , il y a des principes et des règles à respecter dans une société bien organisée. Parmi ces règles figurent :
1. L’égalité
2. La liberté
3. La dignité
L’égalité fait partie des droits de l’homme. L’égalité est très importante pour l’équité et la cohésion sociale. Dans ce sens, la Déclaration universelle des droits de l’homme qui a été adoptée par l’ONU le 10 décembre 1948 et qui fait partie intégrante de la Constitution burundaise à travers son art.19 stipule en son article premier que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
La Constitution en son article 22 stipule également que « tous les citoyens sont égaux devant la loi qui leur assure une protection égale ».
L’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation dans son Protocole II intitulé « Démocratie et Bonne Gouvernance » au Chapitre I relatif aux principes constitutionnels, en son article 1 parle de l’égalité comme une valeur fondamentale. En son alinéa 1 il est précisé que : « Tous les Burundais sont égaux en mérite et en dignité. Tous les citoyens jouissent des mêmes droits et ont droit à la même protection de la loi. Aucun Burundais ne sera exclu de la vie sociale, économique ou politique de la nation du fait de sa race, de sa langue, de sa religion, de son sexe ou de son origine ethnique ».
La liberté fait partie des droits de l’homme. Elle comprend la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de circuler etc…
Selon la Déclaration universelle des droits de l’homme en son art.3 « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ».
L’article 31 de la Constitution du Burundi stipule que : « la liberté est garantie. L’Etat respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion. »
L’Accord d’Arusha rappelle à l’article 1 du Chapitre précité en son alinéa 3 ce qui suit : « le Gouvernement est construit sur la volonté du peuple burundais, est responsable devant lui et en respecte les libertés et droits fondamentaux ».

La dignité fait partie des droits de l’homme. L’homme doit être respecté quelque soit son origine.
A ce propos, la Déclaration universelle des droits de l’homme soutient en son art.12 que « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ».
La Constitution du Burundi en son article 21, précise que : « la dignité humaine est respectée et protégée. Toute atteinte à la dignité humaine est réprimée par le code pénal ».
Le même Article du Chapitre ci-haut cité de cet Accord en son alinéa 2 stipule que : « Tous les Burundais ont le droit de vivre au Burundi dans la paix et dans la sécurité. Ils doivent vivre ensemble dans l’harmonie, tout en respectant la dignité de l’autre et en tolérant leurs différences ».
Chers compatriotes
Le Burundi appartient à tous les Barundi sans distinction aucune. Tout le monde doit être traité de la même façon.
Ntamwana n’ikinono. C’est pourquoi je me réjouis qu’au sein des associations vous vous êtes bien comporté en respectant toutes les particularités des couches sociales.
En effet, parmi vos associations figurent toutes les ethnies et toutes les religions, sans préférence ethnique ou religieuse.
Je profite de cette occasion pour vous féliciter et vous encourager.
Chers compatriotes,
Notre pays se trouve dans une période difficile. Il est du devoir de chacun et de chacune de faire tout ce qui est possible pour contribuer à la consolidation de la paix et l’harmonie sociale en se respectant mutuellement. Il faut tout faire pour éviter les violences et l’effusion de sang. En effet, parmi les droits fondamentaux, figure le respect de la vie humaine. Personne n’a le droit d’ôter la vie d’une autre personne.
Sur ces conseils que je clôture les cérémonies marquant la remise officielle des prix aux Associations qui ont participé au « Tournoi dédié à la consolidation de la Paix et l’Harmonie sociale ».
Que vive la Démocratie au Burundi ;
Que vive le Burundi paisible et prospère ;
Que vive le sport au service de la paix ;
Que Dieu vous bénisse ;
Merci de votre aimable attention.