L’attaque armée à Kayanza: toujours des interrogations

Le Vice Premier ministre belge et Ministre des affaires étrangères Didier Reynders vient de recevoir l’ancien vice président de la république du Burundi, l’ancien président de l’assemblée nationale et l’ancien vice président de la cour constitutionnelle du Burundi. Il leur aurait donné des promesses de soutien diplomatique à leur lutte. Ces trois derniers arrivants dans la contestation de la légalité de la candidature de Nkurunziza bénéficient de toutes les attentions de la part des autorités belges. L’ambassadeur sortant du Burundi à Bruxelles a bénéficié du soutien de la Belgique pour ne pas remettre le véhicule et la résidence. Le véhicule était utilisé pour le transport des autorités burundaises qui ont choisi de rester en Belgique pour combattre Nkurunziza! Au grand dam de la chargée d’affaires tournée en dérision pour son incompétence scandaleuse! Un cas à côté de bien des diplomates burundais qui se terrent et se taisent!

Et on se souvient des déclarations de Gervais Rufyikiri à Bruxelles appelant à une lutte armée. Il est vrai que l’on sait que Rufyikiri ne coordonne rien des attaques menées à Bujumbura et depuis hier, à Kayanza. Il faut ajouter aussi que les opposants qui soutiennent la guerre ne s’entendent pas sur la vision et les motivations divergent. Un certain Mames a sorti un document sur le site de Gratien Rukindikiza pour appeler à une vision commune et à l’abandon des ambitions personnelles. Ce qui a été une maladresse de sa part d’étaler les rivalités quant au leadership du mouvement anti élections au Burundi.

Au lendemain de l’attaque armée de Kayanza, les interrogations cèdent la place à la peur: mais qui sont ces assaillants? Est-ce vrai que le général Léonard Ngendakumana, cousin de Nkurunziza et ancien responsable de Burundi Brewery, coordonne ces combattants qui rappellent l’échec de Cibitoke en décembre dernier? Et si le Rwanda est derrière les agresseurs du Burundi, pourquoi un tel amateurisme qui se voit à travers le bilan des combats? Pourquoi les Américains s’empressent de condamner l’attaque et d’avertir qu’ils ne vont pas reconnaître un pouvoir qui viendrait des moyens non légaux? Pourquoi, malgré la revendication des attaques à la grenade et des tirs à arme lourde à Bujumbura, ni les USA ni l’Union Européenne, ni l’Union Africaine, il n’y a pas eu de condamnation de Léonard Ngendakumana ni de demande de son arrestation? Au contraire, France 24 lui a offert un plateau pour faire sa propagande!

Pourquoi le gouvernement de Bujumbura refuse de dénoncer d’implication du Rwanda dans la déstabilisation du pays alors que bien des sources ont fait état d’entraînements militaires et de soutiens logistiques aux jeunes qui se préparaient à attaquer le Burundi? Pourquoi cette déconfiture des assaillants alors que le général Léonard Ngendakumana affirme avoir rallié bien des militaires burundais à la cause des putschistes? Et si ceux qui attaquent, où on trouve des Rwandais et des Banyamulenge, n’étaient que des combattants de Sinduhije, Busokoza et Pierre Buyoya? Pourquoi Nkurunziza refuse d’ouvrir un passage aux combattants du RNC et aux FDLR? Y a-t-il encore une possibilité de réchauffement des relations entre Bujumbura et Kigali? Quelles concessions? Les Occidentaux vont-ils continuer à accuser le CNDD-FDD et les Imbonerakure d’être les fauteurs de troubles et les ennemis des droits de l’homme?

Les interrogations se multiplient et les déclarations de Léonard Ngendakumana deviennent de la foutaise quand on constate que les quartiers hier fief des insurgés sont plutôt favorables à Sinduhije qu’à Niyombare! Ce qui pousse une grande opinion à pointer du doigt le Rwanda et à voir dans cette guerre la même stratégie des extrémistes Tutsis pour torpiller le processus électoral et installer un pouvoir minoritaire au Burundi.

Nous avons montré que Kagame est derrière l’attaque de Kayanza. Des informations qui nous parviennent indiquent que les officiers de l’armée rwandaise auraient reçu des consignes de ne pas permettre aux combattants de se replier vers Nyungwe. Des renforts militaires rwandais auraient été déployés du côté de Nyungwe. Mais ces renforts pourraient également appuyer les combattants dans le plan de destruction du barrage hydroélectrique de Rwegura. D’autres sources indiquent qu’un autre front serait sur le point d’être ouvert à partir de la RDC. Du côté de Ruyigi, les armes qui avaient été cachées par Maggy Barankitse et Moise Bucumi auraient été saisies.

Moise Bucumi et Maggy Barankitse ont enterré la hache de la guerre, le temps de faire front commun contre Nkurunziza. Mais cette saisie a ravivé la méfiance. Les opposants proches de Buyoya et Sinduhije ne tolèrent que du bout des lèvres les caciques du CNDD-FDD qui ont rejoint la contestation. Toutes ces failles n’échappent pas aux Occidentaux qui doutent du sérieux des frondeurs et des artisans de la guerre. Buyoya et Sinduhije soutiennent la proposition de Kagame de sacrifier le maximum de Tutsis pour pousser les Occidentaux à cautionner tout! Kagame veut à tout prix un massacre à grande échelle au Burundi pour détourner les Occidentaux du revers de son mensonge: il n’a jamais arrêté le génocide! C’est le message clair derrière l’arrestation de Karenzi!

Au lendemain de l’attaque, le gouvernement annonce le report des élections présidentielles. Les Occidentaux menacent de ne plus accorder des visas aux autorités élues à travers le processus en cours. Un aveu d’impuissance quand on sait que le Burundi se tourne de plus en plus vers les BRICS. Combien de fois a-t-on vu Nkurunziza se rendre à Paris ou Bruxelles pour faire les courbettes comme Sassou Nguesso? Combien de fois Nkurunziza s’est rendu à New York ou Washington pour faire du lobbying au sommet? L’attaque de Kayanza invite plutôt les Burundais, pour ou contre Nkurunziza, à rejeter la guerre. Ni Kagame ni les Occidentaux ne se préoccupent des souffrances des Burundais. Mais les élections, avec 30 députés pour l’opposition de la coalition Amizero y’Abarundi, c’est une base pour éviter la guerre, poursuivre le dialogue et qui sait, accompagner Nkurunziza vers la retraite en 2020.

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