RDC: les pro-Kabila gardent la mainmise sur l’appareil législatif

Avec près de 350 députés, le Front commun pour le Congo (FCC), qui rassemble les partis pro-Joseph Kabila, revendique la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Elu président, mais minoritaire au Parlement, comment Félix Tshisekedi pourra-t-il gouverner ? Avec 49 sièges au Parlement, sauf nouvelles alliances, Félix Tshisekedi aura le soutien de 10% à peine des députés à l’Assemblée nationale. Pas de groupe significatif donc sur lequel s’appuyer et imposer son agenda.

Idem du côté des gouverneurs de provinces, la coalition au pouvoir ayant raflé le plus grand nombre de sièges au niveau des 26 assemblées provinciales, elle pourra élire les gouverneurs de son choix. Là encore le président risque de subir un verrouillage du pouvoir actuel, notamment sur l’accès aux ressources financières.

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Enfin au Sénat aussi, le Front commun pour le Congo (FCC) garde la main puisque ce sont les députés provinciaux qui élisent les sénateurs et qui pourront désigner le président de la chambre haute, la deuxième personne la plus importante après le chef de l’Etat.

Président affaibli

Dans ce contexte, Felix Tshiskedi va devoir choisir entre cohabitation pure et dure ou une coalition, explique Jason Stearns, le directeur du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), rattaché à l’université de New York : « S’il est vrai que le FCC a emporté largement le Parlement, ce qui paraît être le cas, ce sera lui qui va pouvoir former le gouvernement, et donc avoir le Premier ministre et désigner le Conseil des ministres. Maintenant, le choix pour l’ancienne opposition, Cach et Lamuka, sera de participer ou non à la formation de ce gouvernement. Je suppose que pour Lamuka, ce ne sera pas le cas. Pour Cach de Félix Tshisekedi – qui sera à la présidence – c’est une possibilité. »

En cas de cohabitation, face à un Premier ministre issu là aussi des rangs de la coalition au pouvoir, du fait de leur majorité au Parlement, le président risque fort d’être affaibli au niveau des institutions. D’autant plus que Félix Tshisekedi ne dispose pas des réseaux pour contrôler l’armée ou les renseignements.

Pour Me Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), le président joue néanmoins légalement un rôle central dans le fonctionnement des institutions :  « Le président de la République, c’est lui qui détient en réalité le pouvoir de l’Etat. C’est lui le symbole de l’unité, le garant de l’indépendance et de l’unité nationale. C’est lui qui nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire. Et si la majorité ne se dégage pas, il peut nommer un informateur qui peut chercher à regrouper ou bien à identifier une autre majorité afin de nommer un Premier ministre. » Et le chef de l’Etat peut aussi relever ce dernier de ses fonctions si celui-ci refuse de collaborer

Cohabitation entre le président et le Premier ministre, ou cohabitation au sein du même gouvernement, quoi qu’il en soit, ce sera « une situation qui n’a jamais été vécue en RDC », rappelle Jason Stearns.

Martin Fayulu a déposé son recours à la Cour constitutionnelle

Radio Okapi, publié le samedi, 12 janvier 2019

 

Candidat malheureux à la présidentielle, Martin Faylu de Lamuka, a déposé son recours vendredi 11 janvier à la Cour constitutionnelle à Kinshasa. Il conteste les résultats provisoires de la présidentielle, publiés deux jours plus tôt par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le classant deuxième avec 35,2% des voix. Le scrutin présidentiel a été remporté par Félix Tshisekedi avec 38,57%.

Peu avant le retrait, samedi 12 janvier, du récépissé de son recours déposé la veille à la Cour constitutionnelle, il a affirmé que le peuple voulait sa victoire. « Je n’abandonnerai pas ce peuple. Le peuple ne peut pas accepter les arrangements particuliers sur ce qu’il a fait. Le peuple a été au vote et il a élu des citoyens pour être députés provinciaux, députés nationaux et président de la République », a déclaré Martin Fayulu.

Le candidat de la coalition Lamuka dit refuser qu’on se mette dans une officine pour « fabriquer des chiffres pour que demain monsieur Kabila récupère le pouvoir. » « On m’appelle soldat du peuple, gardien du temple et je n’abandonnerai pas ce peuple-là. Nous irons jusqu’au bout pour recouvrer sa victoire »a-t-il promis.

Selon l’article 75 de la loi électorale, les juridictions compétentes pour connaître du contentieux des élections sont la Cour constitutionnelle, pour les élections présidentielle et législatives ; la Cour administrative d’appel, pour les élections provinciales ; le Tribunal administratif, pour les élections urbaines, communales et locales.

Le délai d’examen du contentieux de l’élection présidentielle est de sept jours à compter de la date de saisine de la Cour constitutionnelle (…). Si les recours sont déclarés irrecevables ou non fondés, la Cour constitutionnelle, la Cour administrative d’appel ou le Tribunal administratif, selon le cas, proclame les résultats définitifs des élections, ajoute la même disposition de la loi électorale.

La SADC appelle à un gouvernement d’union nationale

Par rfi, pblié le 13 janvier2019

 

Edgar Lungu en 2016 à Lusaka (image d’illustration). L’homme encourage toutes les parties prenantes à s’entendre pour former «un gouvernement d’union nationale».. © GIANLUIGI GUERCIA / AFP

A la suite de la publication des résultats provisoires des élections en République démocratique du Congo (RDC), le président de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), Edgar Lungu, appelle à un gouvernement d’union nationale en RDC pour restaurer la confiance. Le président zambien dit s’exprimer au nom de l’ensemble la Communauté des Etats d’Afrique Australe alors que les résultats provisoires de la présidentielle sont « fortement contestés ». Il se dit également favorable à un recomptage des voix.

Pour le président zambien, la solution en RDC passe avant tout par « un accord politique négocié » entre toutes les partiesUn tel accord permettrait, selon Edgar Lungu de remédier « aux vives contestations »exprimées par plusieurs acteurs sur les résultats provisoires de la présidentielle.

Les parties prenantes doivent s’entendre

Il encourage ainsi toutes les parties prenantes à s’entendre pour former « un gouvernement d’union nationale ». Le président zambien estime que cette option permettrait de « renforcer la confiance, de créer des ponts et de renforcer le processus électoral »

Il rappelle que par le passé, dans d’autres pays, des arrangements similaires ont été trouvés « avec succès », selon lui, et cite notamment l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Kenya. Il dit en avoir déjà parlé aux dirigeants de la SADC et de la CIRGL, l’organisation sous-régionale des pays des Grands lacs, mais aussi à l’opposant Félix Tshisekedi, déclaré vainqueur de la présidentielle par la Céni, ainsi qu’à « d’autres parties prenantes congolaises à l’intérieur et à l’extérieur du pays », sans plus de précisions.

Lever rapidement les doutes

Dans le même temps et alors que le candidat Martin Fayulu qui conteste la victoire de Félix Tshisekedi a déposé, samedi, un recours devant la Cour constitutionnelle, il se dit favorable à un « recomptage des voix » qui permettrait de« rassurer à la fois les vainqueurs et les perdants ».

Ainsi, la SADC exhorte les autorités congolaises à« dissiper rapidement tous les doutes » qui pourraient « saper les élections » et constituer« un danger pour la paix et la stabilité du pays ».

« Ne pas accroitre davantage les tensions »

« Il est impératif qu’à ce moment crucial, les dirigeants politiques de RDC s’engagent à ne pas accroitre davantage les tensions », estime-t-il.

L’UA appelle à un large consensus  pour consolider la démocratie après l’élection de Tshisekedi

actualite.cd , dimanche 13 janvier 2019

 

L’Union Africaine a appelé la classe politique congolaise et les parties prenantes aux élections du 30 décembre à trouver un large consensus après la publication des résultats provisoires de la présidentielle par la commission électorale. Dans son discours devant le Conseil de Sécurité, FATIMA KYARI MOHAMMED  représentante de l’UA, a expliqué l’organisation panafricaine prend acte de l’élection de Félix Tshisekedi et reconnaît à seule la Céni le droit de publier le résultat.

« Étant donné que la CENI est l’unique organe légalement mandaté pour proclamer les résultats des élections en RDC, l’UA ne peut compter que sur le résultat annoncé (…)a noté que, de toute évidence, les résultats annoncés ont été contestés (…)À cet égard, l’UA estime que la situation actuelle au Congo appelle un consensus aussi large que possible entre les Congolais sur le respect de la démocratie, des droits de l’homme ainsi que du maintien et de la consolidation de la paix », a-t-elle déclaré. L’Union Africaine demande également la communauté internationale et le Conseil de Sécurité à s’aligner derrière le point de pays africains afin d’aider la République Démocratique du Congo (RDC) à renforcer la démocratie et à préserver la paix. Auguy Mudiayi

Election de Félix Tshisekedi : Kyungu appelle le peuple au calme et d’attendre l’arrêt de la Cour constitutionnelle

Radio Okapi, publié le dimanche, 13 janvier 2019

  

Gabriel Kyungu, coordonnateur de la coalition Lamuka dans le Grand Katanga appelle le peuple au calme après la publication des résultats de l’élection présidentielle et d’attendre les arrêts de la Cour constitutionnelle saisie par la coalition Lamuka.  Il a lancé cet appel samedi 12 janvier à Lubumbashi devant ses partisans. Il a, au cours de cette rencontre, invité toute la population à « éviter toute velléité d’affrontements intercommunautaires ».

Pour lui, seule la cour constitutionnelle est l’instance compétente pour trancher le litige lui soumis par sa famille politique. Il appelle ainsi toute l’opposition politique à privilégier la paix. Il voudrait aussi que tout se fasse en fonction de l’intérêt général de la population.

« On allait tout droit vers l’affrontement entre communautés chez nous au Katanga. Il fallait tout de suite stopper cela parce que ça serait un non-sens. C’est ce que j’ai fait. Parce que nous ne pouvons pas nous permettre en ces moments-ci de troubler la quiétude surtout de provoquer des affrontements intercommunautaires. Ça serait vraiment suicidaire pour nous de l’opposition », a indiqué Gabriel Kyungu.

Il demande aux opposants d’être des artisans de paix..

« Nous ne pouvons pas accepter que les gens cherchent à profiter de l’occasion pour semer le désarroi, pour faire souffrir encore le peuple qui a trop souffert. Et bien je prêche que seules les instances compétentes peuvent trouver le juste milieu et rendre justice dans le cadre du litige en place mais cela doit se faire pacifiquement parce que le peuple a trop souffert. Qu’on laisse les instances compétentes s’occuper de cette affaire mais tout devra se faire en fonction de l’intérêt général de notre population », recommande le coordonnateur de Lamuka dans le Grand Katanga.