Mise à jour: Avec toutes les défections qu’il vient d’enregistrer en plus de ceux d’avant, le nombre des membres du CNARED désormais se compte sur les bouts des doigts. Que peuvent-ils politiquement encore espérer réaliser? C’est la question qui revient régulièrement sur les bouts des lèvres de tous ceux qui suivent l’actualité burundaise. Leur capacité et leur potentiel d’action politique se sont aujourd’hui réduits drastiquement comme une peau de chagrin.
Rentrer? Pour faire quoi? Avec le jeu démocratique peuvent-ils réellement peser sur l’échiquier politique national? S’intégrer dans une des formation politique ayant pignon sur rue au Burundi, c’est une option plausible de même qu’aller jouer les troubles fêtes. Le plus sage serait que chacun de ces éminences restantes, comme des derniers des Mohicans, prenne l’initiative individuelle de se projeter dans les horizons et décider pour lui-même sans tenir compte de ce conglomérat en décomposition très avancée.
Cependant, là où tous ces autres jettent l’éponge et se tirent les jambes au cou, Mr. Bansubiyeko Mamès s’est proposé de sauter dans le cambouis, s’agit-il d’un acte d’un extrême courage ou d’un choix obligé par les sponsors du CNARED qui veulent un retour de leur investissement ? Ceux qui avaient promis la peau de l’ours avant sa mise à mort doivent aujourd’hui se mouiller, assumer et incarner les déboires observables du conglomérat qui était sensé renverser l’ordre des choses au Burundi.
Possible aussi qu’il s’agisse là d’un coup fumant d’avance, les élections de 2020 approchent à grand pas et ils se disent que rien n’est encore perdu. Mais ce « rien » quel en est-il au juste, du moins son contenu ? Négocier un gouvernement de transition, cela me parait irréaliste ; utiliser tous les moyens y compris la guerre comme ils l’ont souvent sous-entendu cela reste à voir ; aller au Burundi pour gagner les élections ce chemin pavé d’embûches n’est pas dans l’immédiat évident ; se coaliser avec des partis politiques en place au Burundi c’est une éventualité mais avec les coups bas mutuellement donnés au sein du CNARED qui peut encore leur faire confiance ? Visiblement c’est une autre carte innovée que Mr. Bansubiyeko devra jouer. Laquelle ?
Faisons l’hypothèse que probablement ce sont les élections de 2027 qui réellement les intéressent et là ce « rien » peut avoir un sens, de même, gageons que le nouveau parti agréé qui a démarré ses activités cette année 2019, lui aussi soit vraisemblablement dans cette même vision. Pour les élections de 2020, le reliquat du CNARED pourrait jouer la stratégie de 2015, agir comme une 7ème colonne à l’intérieur du Burundi puisque la démonstration a été faite que de la Belgique le bilan est trop maigre pour pouvoir continuer à espérer quelque chose. Pour eux, arriver à perturber les élections de 2020 par des actes de déstabilisation, est une option potentiellement réaliste et par la suite, attendre tranquillement celles de 2027. Et là, il aura le temps suffisant pour voir venir le petit « rien ». Gagner du temps voila l’enjeu.
Les déchirements internes au CNARED jusqu’aujourd’hui continuent et dans l’indifférence totale des citoyens Burundais, qui dans leur majorité les avaient ignoré dès le départ. A présent, seule la méfiance réciproque, chacun surveillant l’autre, est le seul liant qui les maintient encore ensemble, réduits à la simple expression qu’ils sont et ne sachant pas comment laver la déception au paroxysme de leurs financiers. C’est une mission qu’on ne pouvait que confier aux personnes d’une certaine expérience et qui de surcroît, bénéficient de la confiance des milieux d’affaires et des néo-colons, les profils se sont imposés d’office.
C’est dans ce contexte que cette plateforme a procédé à la réorganisation de sa structure dirigeante, dont la nomination de nouveaux Commissaires, avec l’éruption fracassante de Mr. Mamès Bansubiyeko, qui jusque là tirait les ficelles dans l’ombre, au poste stratégique des Questions Diplomatiques et Politiques. Du sang neuf pour booster le conglomérat en débandade, notamment après la défection des partis FRODEBU, RDB, CNDD Nyangoma, Kaze-FDD Jean-Bosco Ndayikengurukiye, et UPD-Zigamibanga, UPRONA du Pr. Charles Nditije, PPD-Girijambo de Léonidas Hatungimana alias « Tout autre »ainsi que d’autres personnalités, dont Frédéric Bamvuginyumvira, Honorable Pie Ntavyohanyuma sans parler des autres qui ont quitté en silence. Sortir de cette situation délicate pour le Président Jean Minani par cette opération, reste un coup de poker qui malgré tout, risque de ne pas sauver son organisation déjà au bord de la désintégration totale. Le CNARED est devenu comme une armée composée uniquement de Généraux.
L’autre point fort qui les unit est le partage du même patron. Malheureusement, le pactole financier qu’il a mis sur la table ne suffit plus pour maintenir l’amalgame compact et cohérent, les objectifs poursuivis qui avaient été la raison d’être du CNARED, s’éloignant avec une vitesse accélérée du point de départ et tous les efforts s’avérant n’être que des coups d’épée dans l’eau.
Le seul espoir qui subsiste repose dorénavant sur les épaules de Mr. Bansubiyeko Mamès, de l’énergie et de la volonté il en a à revendre dit-on. Certains au CNARED dans leur for intérieur se demandent tous les jours à quel saint se vouer, surement dans leur situation et à la limite, même le diable ferait l’affaire. L’habit ne faisant pas le moine mais permettant, tout de même, d’avoir une identification non ambiguë, celui du CNARED devient à la fois, de plus en plus lourd à porter et difficile à enlever. Dans ces circonstances, un miracle ne serait pas de trop. Viendra-t-il de la personne qui porte le nom susmentionné ? Qui vivra verra car tout est dans tout et réciproquement.
Ruvyogo Michel