UE: Xi Jinping promet à Rome une « nouvelle route de la soie » à double sens

Le président chinois Xi Jinping a promis vendredi à Rome que son projet ambitieux de « nouvelles routes de la soie », qui suscite de l’inquiétude à Bruxelles et à Washington, ne serait pas à sens unique. « La partie chinoise souhaite des échanges commerciaux dans les deux sens et un flux d’investissements dans les deux sens », a-t-il affirmé, selon une traduction en italien de son discours prononcé après une entrevue avec son homologue italien Sergio Mattarella, qui l’a reçu avec tous les honneurs.

Rues du centre-ville vidées de tout véhicule, escorte à cheval d’ordinaire réservée aux monarques, des milliers de policiers mobilisés: la ville éternelle a déroulé le tapis rouge pour cette visite dont les autorités italiennes attendent une relance des échanges économiques entre les deux pays. « La contribution italienne à la nouvelle route de la soie est cruciale », a indiqué de son côté le président Mattarella, soulignant toutefois la nécessité que les échanges se fassent « dans les deux sens » et dans un esprit de « compétition loyale, dans le respect de la propriété intellectuelle et dans la lutte commune contre la contrefaçon ».

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte doit signer samedi un protocole d’accord avec M. Xi pour sceller la participation de l’Italie à son projet pharaonique d’infrastructures maritimes et terrestres. Un protocole d’accord « non contraignant », s’est empressé d’indiquer M. Conte à plusieurs reprises face à la nervosité manifestée à Washington et à Bruxelles. 

Un responsable de la Maison Blanche, Garret Marquis, a ainsi jugé la semaine dernière sur Twitter que Rome n’avait « nul besoin » de rejoindre ce projet de « nouvelles routes de la soie » (« Belt and Road Initiative, BRI »). L’Italie, dont l’endettement est le deuxième plus important de la zone euro et dont l’économie est officiellement en récession, ne cache pas son désir de faire affaire avec la Chine. Une importante délégation d’hommes d’affaires chinois accompagne le président Xi. Ils étaient les hôtes vendredi du président Mattarella.

L’Italie est en retard par rapport à ses partenaires dans le commerce avec la Chine. Ses exportations vers l’empire du milieu n’ont pas dépassé les 13 milliards d’euros l’an dernier, quand elles représentent sept fois plus pour l’Allemagne, a arappelé vendredi le secrétaire d’Etat italien à l’Economie Michele Geraci, fervent défenseur à Rome de la cause chinoise. « Notre protocole d’accord est le premier dans son genre », car il prévoit des « concepts qui rapprocheront les projets conclus dans le cadre du « BRI » des pratiques en vigueur dans l’UE », notamment en matière d’environnement, a-t-il ainsi assuré.

« Le président français Emmanuel Macron reste sceptique. Ce n’est « pas une bonne méthode de discuter de manière bilatérale des textes d’accord sur les nouvelles routes de la soie », a-t-il déclaré vendredi à Bruxelles après une première discussion à 28 sur le sujet. La chancelière allemande Angela Merkel s’est montrée plus mesurée, ne trouvant pas pour l’instant de critique à faire, mais soulignant toutefois qu’il est toujours « mieux d’agir de manière uniforme » en Europe.

Ce déplacement en Europe du président Xi intervient dix jours après la publication par l’Union européenne d’un plan en dix points, qui souligne que la Chine est tout autant un « rival » qu’un partenaire commercial. Vendredi à Bruxelles, les dirigeants européens ont posé les bases d’un front européen commun face à Pékin, voulu par Paris et Berlin afin de surmonter les divisions avant un sommet UE-Chine le 9 avril dans la capitale belge.

« Il y a, pour la première fois, la volonté de nous coordonner », s’est félicité Emmanuel Macron.

La Commission présentera par ailleurs d’ici « fin 2019 » une large proposition sur « le futur industriel » de l’UE, qui incluera des mesures au niveau commercial et de la concurrence. Après l’Italie, M. Xi se rendra à Monaco et en France, où il participera mardi à une rencontre inédite avec le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

L’objectif, selon la présidence française, sera de « trouver des points de convergence entre l’Europe et la Chine » sur des sujets comme le multilatéralisme ou la mise en oeuvre de l’accord de Paris sur le climat.

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AFP – La Libre