Gitega: enfin libres d’exercer leur métier ?

Après plusieurs années dans la galère et le matraquage, leurs marchandises saisies, plus de 6OO commerçants ambulants à Gitega sont aujourd’hui reconnus officiellement. Ils portent des badges et ne sont plus inquiétés par la police. Néanmoins, ils demandent que les taxes mensuelles qu’ils paient soient revues à la baisse. 

Dans les quartiers, sur les parkings automobiles, ils sont des dizaines à proposer leurs produits. Vendeurs de fruits, arachides grillées et cuites, friperies, beignets, pains, jus, etc. se bousculent à chaque appel d’un client. Arborant leurs badges, ils ne fuient plus les policiers. Pour eux, c’est une avancée. Les jours passés, ils jouaient au chat et à la souris avec les hommes en uniforme.

« Quels que soient les bénéfices, je travaille librement sans me soucier des policiers qui saisiraient mes marchandises », avance Christiane, une maman vendeuses d’arachides cuites. Avec son bébé d’une année au dos, cette dame indique qu’elle a dû emprunter une petite somme à sa voisine pour revenir dans le métier qui lui permet de nourrir ses trois enfants.

« Je suis veuve et ce commerce m’a empêchée de faire la manche ou de verser dans la prostitution. La police nous avait traumatisés avec des saisies incessantes de nos marchandises. Parfois, il fallait être courageux pour passer dans la rue avec une bassine sur la tête », a-t-elle ajouté.

Même d’autres commerçants ambulants font savoir que les temps étaient durs ces derniers mois. 

Selon ces commerçants ambulants rencontrés dans la ville de Gitega, ils sont prêts à contribuer au développement du pays, mais il faut que la commune reconsidère les taxes qu’ils doivent payer mensuellement.

« Avec mon capital, je gagne tout juste de quoi manger la nuit avec ma famille. En plus d’un badge, payer mensuellement 3 000 BIF peut devenir irréalisable », estime Gaspard. 

Par ailleurs, Chantal ne comprend pas pourquoi un boutiquier qui a un capital plus consistant paie à la commune 10 000 BIF par an alors qu’un commerçant ambulant paie 3 000 BIF, c’est-à-dire 36 000 BIF par an. A la commune de Gitega, les explications semblent plutôt tourner vers une budgétisation que vers la collecte journalière.

Pour Montfort Bigirimana, le conseiller technique chargé du développement en commune de Gitega, travailler dans la sécurité sans toujours fuir la police a un prix. Selon lui, les boutiquiers paient aussi le loyer, l’Office burundais des recettes en plus de payer la taxe communale. « Inutile alors de vouloir comparer les deux personnes qui ne sont pas dans les mêmes conditions. »

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Jean Claude Manirakiza – iwacu-burundi.org