Discours d’investiture de S.E. Pierre Nkurunziza

1. Nous commençons par rendre grâce à Dieu Tout Puissant qui nous a gardé en vie et qui a veillé sur tous les Burundais ainsi que notre pays jusqu’à ce jour mémorable. Que le Seigneur, Dieu de l’univers, soit loué dans toute sa grandeur, son dessein sur le Burundi et son peuple est merveilleux.

2. En effet, aujourd’hui, 20 août 2015, Nous prêtons serment en qualité de Président de la République, vainqueur des élections de juillet de cette même année.

3. Nous vous remercions alors vivement, vous tous qui avez répondu à l’invitation vous transmise, car ce faisant, vous avez rehaussé de votre présence les présentes cérémonies et vous nous avez témoigné de votre soutien. Burundaises, Burundais partout où vous vous trouvez dans le pays ou à l’étranger, à vous la victoire de la paix, la sécurité, la joie et le développement dont vous nous avez comblé.

Distingués invités, Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,

4. Nous vous félicitons pour l’honneur que vous nous faites, que vous faites au pays et à vous-mêmes en montrant à la face du monde que vous avez compris l’importance des élections en respectant les principes de la gouvernance démocratique. Les Burundais, nous sommes vraiment braves.

5. En vous présentant à tous les scrutins, vous avez accompli un acte louable manifestant la souveraineté de notre pays ainsi que le respect des décisions du peuple, en même temps que vous avez exercé votre plein droit d’élire les institutions dignes de diriger le pays, en dépit des saboteurs qui ne manquaient pas, mais ils viennent de se rendre compte de ceci que « personne ne peut empêcher au soleil de se lever ».

6. Nous vous en remercions du fond de notre cœur, car en plaçant en Nous votre confiance, vous avez montré à quel point vous avez compris et apprécié le projet de société que Nous vous avons présenté lors de la campagne électorale, et vous nous avez accordé la première place face aux autres concourants. Nous vous promettons d’être un bon serviteur et de ne jamais vous décevoir.

7. Nous saisissons cette occasion pour remercier encore une fois les candidats qui étaient en course pour le fauteuil présidentiel, et qui ont accepté le verdict des urnes. Notre victoire est aussi la leur.

8. Nous voudrions remercier également ceux qui ont prié en Esprit et en Vérité pour notre pays tout au long de cette période électorale. Dieu a exhaussé leur prière, et Nous Lui rendons hommage, car toutes ces élections ont pu se dérouler dans une atmosphère de paix et de sécurité ; il est temps que ceux qui ont mal prié demandent pardon à Dieu et à ceux qu’ils ont désorientés et induits en erreur.

9. Nous remercions aussi les organisateurs des élections ainsi que tous ceux qui ont prêté main forte pour la réussite de tous les scrutins : la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), les responsables administratifs à tous les niveaux, les Forces de Défense et de Sécurité, la Cour Constitutionnelle, etc.

Distingués invités, Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,

10. L’étape à laquelle nous sommes aujourd’hui est un signe éloquent et rassurant qui montre que le peuple Burundais a fait un pas décisif et appréciable sur le chemin de la démocratie, une démocratie fondée sur l’expression libre de la volonté du peuple, et concrétisée par le respect de la volonté du peuple exprimée à travers le vote.

11. La victoire que nous venons de remporter aux dernières élections appartient donc à tout le peuple burundais, ceux qui ont voté pour nous comme ceux qui ont porté leur choix sur d’autres candidats, et même les étrangers vivant au Burundi ou qui y viendront. Nous nous sommes engagés à respecter l’arrêt de la Cour Constitutionnelle en ce qui concerne ce dernier mandat que vous nous accordez, et qui a été reconnu par la Cour de Justice de l’EAC ; cela traduit que lorsque le Seigneur ouvre, personne d’autre ne peut fermer : il n’y a pas à se risquer.

12. Nul ne l’ignore, en démocratie, la liberté de chacun est la règle, la majorité, un corollaire. On devrait comprendre qu’ici ne fonctionne pas l’adage « Malheur au vaincu ! », car les concourants sont des frères et des sœurs, et non des ennemis. Ainsi, l’élu est élu pour tous, et celui pour qui on n’a pas voté a l’obligation de rejoindre le camp des autres pour prendre part à la construction de son pays.

13. Nous disons merci aux représentants des partis politiques et aux burundais membres de la Société Civile, aux média, à tous ceux-là qui se sont dépensés pour suivre de près le déroulement des élections à travers tout le pays, devenant de ce fait des témoins oculaires du bon déroulement des élections, accomplies en toute liberté et transparence.

14. Cette victoire, nous la devons au peuple burundais, mais les amis du Burundi y ont également pris part. Nous remercions la Communauté Internationale, l’Union Africaine, les pays de la Sous Région et les Etats de la Communauté Est Africaine pour les nombreux et heureux efforts faits à plusieurs reprises afin que les élections puissent se tenir dans les délais consacrés par la Constitution de notre pays comme ils le conseillaient.

15. Nous remercions très vivement les citoyens burundais et les amis du Burundi qui ont entendu notre appel à l’effort financier pour appuyer librement les élections et qui ont donné de bon cœur leur contribution, au point que les fonds qui manquaient ont été obtenus sans tarder, permettant ainsi la bonne organisation des élections.

Distingués invités,
Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,

16. En ce qui nous concerne, Nous allons manifester notre volonté ainsi que notre dévouement dans la gestion des affaires de notre pays pour le bien de tous les Burundais seuls détenteurs de la souveraineté nationale. Nous allons d’ailleurs incessamment mettre en place un Gouvernement d’union nationale ainsi que les autres services nationaux élargis aux autres pour le bien être de la population conformément au prescrit de la Constitution nationale de l’Accord d’Arusha.
Pour mieux réussir, nous allons nous concerter en vue d’examiner ce qu’il convient de faire et, en cas de besoin, réviser l’article 129 de la Constitution.

17. Nous sommes investi Président de toute la République du Burundi et de tous les Burundais ; les bonnes décisions que nous prendrons seront dans l’intérêt de tous les Burundais, sans discrimination. Ce à quoi Nous nous engageons, c’est de travailler avec tous les Burundais, pour tous les Burundais, sans aucune exclusion.

18. Il a été clairement établi que ceux qui ont fui le pays l’ont fait à cause des rumeurs. Nous invitons donc tous les réfugiés à rentrer au pays pour se joindre à leurs frères et sœurs dans la construction du pays natal. En outre, à ceux qui ont suivi cette voie sans issue d’attaquer et de combattre leur pays, Nous recommandons de l’abandonner, sinon ils s’attirent la colère du Dieu Tout Puissant ; ils vont se répandre comme cendre, Dieu est témoin, et le peuple va vivre une paix abondante.

19. Nous rappelons que les terres et autres biens des fils de la nation burundaise en exil doivent être protégés. Aussi, Nous demandons à l’administration et à l’appareil judiciaire de suivre cela de près, afin que ces biens soient bien gardés, car cela fait partie des sources de problèmes par le passé. Il est alors strictement interdit de vendre ou d’acheter leurs avoirs tels que les maisons, les véhicules, les propriétés, et j’en passe.

Distingués invités, Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,

20. Même si nous approchons la phase finale des élections, nous condamnons énergiquement ceux qui ne les aiment pas ou ne veulent même pas en entendre parler, ceux-là qui se sont cachés derrière les manifestations pour essayer de renverser les Institutions démocratiques.
Nous restons vigilants, nous Burundais, et l’œil de Dieu les poursuit ; ferait bien celui qui renoncerait à ces vilénies pendant qu’il est encore temps.
21. Nous remercions les Forces de l’Ordre ainsi que les nombreux citoyens patriotes qui se sont levés pour les combattre et qui ont réussi à les décourager sur ces pratiques démodées. Que cela serve de leçon au monde et à tous les Burundais.

22. Dans un pays comme le nôtre qui fait encore ses efforts pour consolider la paix, la justice et la sécurité, il n’est pas d’autre pilier solide sur lequel peut s’appuyer l’Etat de droit si ce ne sont les élections libres, apaisées et transparentes telles que convenues dans l’Accord d’Arusha, tout cela secondé par une bonne gouvernance démocratique.
Bien plus, Nous allons mobiliser tout le monde pour le respect de notre Constitution, l’Accord d’Arusha et l’Accord global de cessez-le-feu en corrigeant les irrégularités constatées dans certains secteurs ; Nous remercions ceux qui nous l’ont fait remarquer, Nous allons nous y pencher sérieusement.

23. C’est pourquoi Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la paix et la sécurité soient plus renforcées dans le pays et que les relations sociales entachées suite aux idées et au désordre des uns et des autres sur base des élections que nous terminons puissent être réparées.

24. Nous demandons spécialement aux formations politiques de se ressaisir et de revoir en profondeur leur politique intérieure d’unité et de discipline, et de sensibiliser leurs militants afin qu’ils restent unis.

25. Nous vous le demandons donc instamment, rejetez loin de vous toute forme de division, renoncez à toutes ces tentations et manœuvres qui vous incitent à vous entretuer sous prétexte que vous n’êtes pas de même appartenance politique, ethnique, régionale, que vous n’avez pas les mêmes visions politiques, etc.

26. Nous demandons aux politiciens, qui qu’ils soient, de prendre garde pendant qu’ils jouent leur politique, et de ne pas jouer avec la vie de la population. En tout ce que vous dites et faites, vous êtes tous appelés à faire prévaloir les droits de l’homme ; Nous vous invitons à éviter tout ce qui serait de nature à compromettre la paix et la sécurité. « La vie humaine est sacrée et inviolable. » Les enquêtes sont en cours et, tôt ou tard, ceux qui sont en train de tuer les gens seront appréhendés et sanctionnés sévèrement, qu’ils soient au pays ou à l’extérieur, les tribunaux nationaux ou internationaux s’en occuperont.

27. Nous demandons aux associations de la Société Civile de ne pas s’immiscer dans les affaires politiques et de se garder de tout acte ou parole susceptible de provoquer la division et des dissensions de quelque nature que ce soit, d’inciter aux tueries, comme cela est apparu lors des récentes insurrections. Préoccupez-vous plutôt du bien-être de la population en l’appuyant dans ses actions de développement. Pour cela, la réglementation des ONGs et des ASBLs en vigueur va être révisée afin que le désordre que l’on a observé par le passé ne se répète plus.

28. Nous demandons aux Responsables des Confessions Religieuses de poursuivre la mission leur confiée par Dieu pour prêcher la Bonne Nouvelle et de réconforter dans la foi leurs adeptes. Gardez-vous des actions politiciennes qui vous détourneraient de l’orientation tracée par Dieu pour qui vous travaillez. Continuez à intervenir dans les travaux de développement du pays, sans oublier de transmettre les enseignements sur le respect et la promotion des droits de l’homme.

29. Nous demandons aux honorables membres de l’Assemblée Nationale et du Sénat de suivre de près leur électorat. Gardez à l’esprit que notre gouvernement est d’essence démocratique, puis concentrez vos efforts à développer votre Province d’origine.

30. Le dialogue et la concertation doivent rester comme la lumière sur nos routes, car le pays sera fort et puissant s’il dispose des partis politiques forts, des confessions religieuses fortes, une société civile forte, c’est-à-dire dont les membres sont solidaires dans le bien, et tolérants face aux idées des opposants.

31. Concernant le dialogue que certains nous proposent, nous voudrions vous rappeler que ce n’est pas une nouveauté pour les Burundais, car c’est une orientation politique que nous avons adoptée depuis l’année 2005, et qui nous a fait parvenir aux résultats ci-après : le forum des partis politiques de qui résulte la feuille de route de Kayanza, la Stratégie Nationale de bonne gouvernance qui inclut la lutte contre la corruption, et la traduction devant les juridictions compétentes pour les présumés coupables ; la Stratégie Nationale de sécurité ; le Cadre Stratégique de lutte contre la Pauvreté (CSLP), la Vision Burundi 2025, etc.
Même en cet instant, Nous réaffirmons que le dialogue va se poursuivre, car c’est lui qui caractérise la bonne gouvernance. Les Burundais devraient donc garder à l’esprit que c’est leur propre tâche et qu’ils sont capables. En outre, le Burundi sera construit par ses propres fils et filles, et soyons-en rassurés, aucun étranger n’aimera le Burundi plus que nous à qui ce pays appartient.

Distingués invités,
Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,

32. Au cours de ces cinq années pour lesquelles Nous avons la confiance du peuple pour diriger le Burundi, le projet de société que nous avons annoncé s’articule autour de trois axes, et nous allons y revenir après la formation du nouveau gouvernement. Il s’agit de :
1° La paix, la justice et la sécurité pour tous ;
2° La bonne gouvernance démocratique ;
3° Le développement intégral et durable ;
33. Avant de terminer, Nous voudrions vous prodiguer quelques conseils et Nous vous demandons de bien vous y conformer. Vous savez tous que les élections sont terminées, et qu’elles se sont bien déroulées. Il est temps maintenant que chacun retourne à son travail, et que les élus commencent à traduire en actes les promesses faites au pays et à ses citoyens.

34. Nous servir de l’intelligence que Dieu nous a donnée pour construire et consolider notre pays.
35. Constituer un front pour lutter contre les enseignements divisionnistes ainsi que les manœuvres visant à détruire notre pays.

36. Nous invitons particulièrement vous, les jeunes, à ne plus prêter oreille aux gens qui vous ont trompés et vous ont plongés dans des soulèvements, abandonnant vos études, cédant à la consommation des stupéfiants, aux actes de pillage, de meurtre, et autres vices.

37. Les différentes activités auxquelles nous vous invitons à retourner ne sont possibles que dans un climat de sécurité. La sécurité est en effet la pierre angulaire de tout, ce sans quoi rien ne va, car en l’absence de sécurité, aucune bonne action, aucun développement. Nous vous invitons alors à la sauvegarder nuit et jour ; renforcez la collaboration à quatre niveaux dont nous ne cessons de vous parler : l’administration, les Forces de l’Ordre, l’Institution judiciaire et la population. La sécurité est un travail qui incombe à nous tous, et c’est une préoccupation de tous les jours.

38. Démanteler les groupes de malfaiteurs et traquer, dans un délai ne dépassant pas deux mois seulement les criminels qui ont endeuillé le Burundi ces derniers jours et qui continuent.
[Nous vous invitons à vous lever pour observer une minute de silence en mémoire des nôtres qui nous ont quittés]

39. Nous avons mis en place la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). Nous invitons ses membres à se mettre rapidement à l’œuvre, surtout que les élections sont terminées, pour nous informer sur les succès et les échecs du passé, en vue de dire définitivement adieu aux antagonismes qui ont marqué l’histoire de notre pays, et ainsi construire un avenir radieux aux générations présentes et à venir.

40. Aimons notre pays et Dieu Tout Puissant qui nous en a fait don. C’est à Lui que nous donnons ces noms : NIYONKURU (c’est Lui le plus grand) NIYONZIMA (c’est Lui le vivant) et nous vivons aujourd’hui les temps de NAHIMANA (c’est le moment de Dieu). Or Dieu, rien ne Lui résiste, il est infatigable (NTINANIRWA) ; sur toute la terre, c’est Lui le commencement et la fin de tout, particulièrement au Burundi, surtout que nous sommes nombreux à croire en Lui et à espérer en Lui.

41. Pour terminer, nous voudrions réaffirmer notre engagement solennel à œuvrer pour le bien-être de toute la population burundaise dans sa diversité politique, ethnique, religieuse, etc.

42. Nous terminons également en portant à la connaissance des Burundais et de la Communauté Internationale que, en matière de l’éducation et de la Santé Publique, les mesures de gratuité de l’enseignement au primaire, des soins de santé pour les enfants âgés de moins de 5 ans, ainsi que l’accouchement des mères dans les établissements publics restent en vigueur.

43. Nous annonçons encore une fois aux Burundais et à la Communauté Internationale qu’après ces élections, le pays va vivre une période de paix, de sécurité et de développement ; par la même occasion, nous mettons en garde quiconque, Burundais ou étranger, voudrait s’ériger en obstacle à cela : il n’échappera pas à la colère de Dieu ; les malheurs s’abattront sur lui, sans aucun secours. Le Dieu du ciel est témoin, il aura à faire avec Dieu, les malheurs vont le frapper par surprise et il n’aura pas de secours ; le Dieu de l’univers est témoin.
Que le Bon Dieu qui nous a fait don de toi, Burundi, te protège pour nous.

QUE DIEU VOUS BENISSE ET VOUS COMBLE DE SES GRACES
JE VOUS REMERCIE !

Source: http://www.presidence.bi