Nkurunziza affermit son autorité et les casses s’accumulent chez ses détracteurs

Lorsqu’en avril dernier, les USA, les Occidentaux et le Rwanda lançaient les troubles visant à renverser Nkurunziza comment il en fut pour Moummar Kadhafi, les spins doctors et les médias internationaux tablaient sur une opération de quelques jours. Depuis 2013, tout avait été monté pour que le changement survienne sans que la majorité des Burundais se se rende point compte de l’enterrement réservé à la démocratie au Burundi. Les accusations de la société civile portant sur une menace de génocide contre les Tutsis par la société civile et l’ADC Ikibiri, les ambitions déçues de Gervais Rufyikiri, Jeremie Ngendakumana, la jalousie de certains généraux comme Godefroid Niyombare, Zenon Ndabaneze: un cocktail explosif qui devait avoir raison facilement du régime CNDD FDD. Et il faut ajouter, aux yeux des Occidentaux, la naïveté apparente d’un président intéressé par le football et les travaux communautaires!

Le 26 avril 2015, les agents de la CIA dans la société civile burundaise et dans les médias sont passés à l’offensive. Une violence rapide et sans cesse grandissante. Et pourtant, tous les médias locaux et internationaux parlaient de manifestations pacifiques et accusaient les forces de l’ordre d’user de moyens disproportionnés! France 24, RFI, Reuters, Libre Belgique, Voix d’Amérique attendaient avec impatience de couvrir la révolution made in USA au Burundi. Tout a été fait pour diaboliser la police et encenser l’armée. Une manière de la préparer à être complaisante une fois qu’un groupe bien encadré par des experts américains et belges allait faire un coup d’Etat éclair. Ce qui a eu lieu le 13 mai.

Mais les Occidentaux avaient commis de graves erreurs d’appréciation. Ils ont cru les rapports de la société civile sur les forces en place et ceux des diplomates sur la solidité du régime de Nkurunziza. Pour la société civile et certains militaires ex-FAB, les manifestations devaient affaiblir le régime, casser le moral des forces de défense et de sécurité, provoquer une désapprobation générale de la candidature de Nkurunziza et ainsi le pouvoir était à ramasser dans la rue. La menace qu’il fallait anéantir ne viendrait que des Imbonerakure. D’où le stratagème de l’ériger déjà en milice et de lui attribuer les mêmes folies que celles des Interahamwe du Rwanda en 1994. Ce tableau peint par les détracteurs de Nkurunziza était faux.

D’aucuns savaient très bien que les frondeurs étaient plutôt naïfs et aveuglés par leur appétit du pouvoir. Si les marionnettes des Occidentaux et de Kigali prenaient le pouvoir, ils allaient installer un régime de transition, adopter une nouvelle constitution qui impose une alternance Hutu Tutsi à la présidence de la république, supprimer le modèle un homme une voix pour adopter le vote censitaire. Adieu la démocratie populaire! Aucune allusion aux ethnies comme à Kigali et surtout empêcher que le travail de la Commission Vérité et Réconciliation ne débouche sur une reconnaissance internationale du génocide des Hutus en 1972! Car le Rwanda ne souhaite jamais que ce génocide soit reconnu et montre que la minorité tutsie n’est pas faite d’agneaux!

Déjà dans son discours après son investiture par le parti comme son candidat, Pierre Nkurunziza a galvanisé ses troupes: » Vous venez de me choisir pour gagner les élections. Je vous demande de vous mobiliser pour gagner une victoire qui sera historique. Nous allons imposer une fois pour toute le respect de la volonté du peuple burundais. Beaucoup se trompent sur le CNDD FDD. Nous sommes une force populaire. Et nous avons surmonté des épreuves horribles dans le maquis. Ce qui nous attend ne doit point vous faire peur. Nous allons gagner le respect et tout ce que notre lutte armée ne nous avait pas donné! » Nkurunziza savait pertinemment que les Occidentaux faisaient une lecture erronée des réalités politiques du Burundi. Intrépide et faux naïf, il a depuis longtemps mis les Occidentaux sur de faux espoirs de l’écarter facilement! Or, il avait confiance dans sa garde et dans la police. Il savait que l’ennemi était très puissant et qu’il fallait jouer son jeu et torpiller ses plans à travers une guerre d’usure. Le temps comme arme contre les impérialistes!

Après deux semaines de manifestations, les Occidentaux et Kigali ont sorti la carte du putsch. Ils comptaient sur le ralliement de toutes les garnisons militaires. Et dans les régions militaires, ce fut la confusion totale. Aucun camp n’est spontanément descendu pour sauver le régime. Ce qui a fait croire à la réussite du putsch! Petite anecdote. Gervais Rufyikiri commit la maladresse, dans la soirée du 13 mai, d’appeler un général impliqué dans le putsch pour le féliciter et offrir ses services. Il tomba des nues lorsqu’à la fin de la conversation, on lui jeta sur la figure comme un crachat: »le général que vous félicitez a été arrêté. Nous allons lui transmettre votre message! »

La résistance aux mutins a été organisée du côté de Kamenge par le général Adolphe Nshimirimana avec les munitions et les armes de la garde présidentielle et du SNR. La garde présidentielle avait rapidement pris le contrôle des points névralgiques de la capitale. Dans la nuit du 13 au 14 mai, les combats ont été particulièrement violents autour de la RTNB, de la radio RPA et de TV Renaissance. Un renfort est finalement venu de Gitega et un autre de Muzinda. Parce que tout devenait clair cette nuit même que Nkurunziza avait regagné le pays avec l’aide de la Tanzanie. Il a parlé aux chefs des régions militaires. Cette donne a précipité la désillusion des putschistes et la déclaration du général Cyrille avouant l’échec et la reddition.

Le monde entier découvrait le fiasco d’une opération de la CIA comme au Venezuela de Hugo Chavez. Essuyer un tel affront de la part d’un pays minuscule et pauvre d’Afrique noire? La CIA, la Belgique et le Rwanda ont opté pour le plan B. La rébellion montée de toutes pièces avec des militaires burundais déserteurs, des jeunes recrues parmi les anciens manifestants, des éléments du M23 et des démobilisés du FPR ayant vécu longtemps au Burundi. L’attaque de Kayanza fut un autre fiasco. Plan C: la guérilla urbaine et les assassinats ciblés avec intention de provoquer des massacres interethniques comme après l’attentat contre Habyarimana. Et c’est intéressant de voir à quel point les experts occidentaux assimilent le Burundi au Rwanda!

Maintenant, les USA, Kigali et la Belgique aimeraient passer au plan D. Comme élément déterminant: l’assassinat du président Nkurunziza. Et ce sera un plan à moyen terme. En attendant, il faut refuser de reconnaître le gouvernement, de lancer des menaces pour obtenir la relance du dialogue, faire pression sur les partenaires financiers et geler les investissements vers le Burundi. Kigali va continuer à servir de plaque tournante pour les opposants et les fauteurs de troubles au Burundi tandis que les renseignements américains vont veiller à ce que Bujumbura ne soit tenté d’ouvrir un passage au RNC! Dans ce plan D qui pourrait durer six mois à deux ans, les Occidentaux espèrent mettre à genoux l’économie et bloquer les déplacements des officiels burundais pour qu’ils ne fassent point connaître le « vrai visage du Burundi »! Richard Sezibera a promis de pousser le Burundi vers la sortie de l’EAC afin de permettre la faisabilité d’un embargo! Ce qui n’a pas de chance de lui réussir car l’intégration régionale dépasse les compétences du duo rwandais!

Et le plan D est une erreur monumentale. Du côté de certains réseaux occidentaux, des analystes n’attendent que le lobbying du gouvernement burundais sont déjà terminés pour vulgariser plutôt le modèle de démocratie burundaise. Un Belge qui garde encore l’anonymat fait remarquer que c’est la première fois dans l’histoire du Burundi que l’UPRONA, le CNDD FDD et des ténors de l’ancien mouvement FNL Palipehutu forment un gouvernement! L’entrée de Rwasa Agathon dans le gouvernement avec 5 ministres est un fait historique. C’est un exploit pour le président Nkurunziza! De l’avis de cet expert belge, le respect des quotas ethniques avec 40% de Tutsis et 60% de Hutus dans le gouvernement est une preuve que le régime ne souhaite nullement violer l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha. Il recommande de réviser l’article 129 de la constitution pour qu’à côté du poste de Premier Vice Président, le parti UPRONA ait quelques ministres et des éléments dans les ambassades. N’est-ce pas là les ingredients d’un gouvernement d’unité nationale?

Nkurunziza est toutefois attendu au tournant sur le volet de la sécurité. Il est évident que les groupes qui semaient la terreur et la mort dans les quartiers sont infiltrés et que bien des jeunes renoncent à la voie armée. Mais il y a trop d’armes en circulation dans la population. Le tandem CNDD FDD-Rwasa-UPRONA reçoit toujours des attaques sans cesse sanglantes. Cela donne l’impression d’une rivalité non maîtrisée entre les deux annciens mouvements rebelles. Le silence de Rwasa n’arrange rien: car s’il s’adresse à ses anciens combattants et expliquait le choix qu’il a fait, cela pourrait faire baisser la tension ou les appréhensions. Rwasa est sans doute l’homme de l’année. Il a tué tous les espoirs de l’opposition radicale d’obtenir des concessions de la part du pouvoir. Et ce n’est pas cette unique carte de Rwasa qui montre le grand jeu politique de Nkurunziza. Il y a des concessions en cours quant aux causes réelles de la crise: la gestion du sous sol burundais! Les Américains pourraient accepter les offres améliorées et les Français se félicitent des attentions accordées aux sociétés françaises dans les travaux de construction des routes! Les Pays Bas attendent un émissaire du gouvernement car très déçus de l’usage qui aurait été fait des formations et techniques de gestion des émeutes par la police!

Kigali ne voit pas d’un bon oeil cette évolution car la crise burundaise a éclipsé le volcan rwandais: à travers la mise en place d’une plateforme de cinq formations et organisations politiques déterminées à combattre Paul Kagame et son système. Sans parler des condamnations tièdes de la révision de la constitution. Kagame est attendu début septembre prochain aux Pays Bas et Victoire Ingabire pourrait être sa patate chaude dans la gorge! Si la vigilance et un sursaut républicain sauvent lentement le Burundi de la descente aux enfers, Kigali pourrait regretter son rôle de fauteur de troubles dans la sous région.

C’est triste pour le Burundi de voir la petitesse d’esprit des opposants dits radicaux. Ils ont créé une coalition dirigée par Nyangoma. Face à l’intransigeance du régime, les rivalités réapparaissent au grand jour. D’abord, Pacifique Nininahazwe et Vital Nshimirimana sont sommés de choisir d’être des politiciens ou des activistes. Audifax Ndabitoreye vient de claquer la porte du CNARED! L’ambassadeur Félix Ndayisenga est prié de rester à sa place. Les anciens chefs d’Etat ( Ndayizeye et Ntibantunganya) sont écartelés entre le poste de sénateur et celui éphémère de conseillers de Nyangoma. Bernard Busokoza perd les illusions et négocierait son retour au Burundi pour occuper son siège de député. Du côté des militaires déserteurs, ils sont nombreux à revenir dans les rangs sauf pour les généraux qui souhaitent une implication de l’Union Africaine pour leur garantir un retour honorable au pays. Ce que semblent approuver l’Afrique du Sud et la Tanzanie, les deux grands soutiens de Nkurunziza, à côté de l’Angola, de l’Égypte, de la Chine, de la Russie et de l’Iran! Les USA se préparent aux élections du successeur du président Obama. Ce qui pourrait signer l’échec du plan D avec le départ du réseau de Samanta Power et John Kerry. Le temps a été l’allié de Nkurunziza pendant la crise. Il pourrait devenir son ennemi pour les réformes à mettre en place pour juguler l’insécurité, la relance des activités économiques, la redynamisation de la diplomatie, la réouverture de l’espace médiatique.

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