La rue a échoué. Le coup d’état militaire a connu un échec cuisant

Dès le début de cette crise « politique », on assiste à une naissance des mouvements qui disent combattre le nouveau mandat de Nkurunziza par tous les moyens. Certains sont plus vieux que les autres.

Par Fridolin Nzambimana

Le collectif de « quelques » associations des sociétés civiles réunies au sein du mouvement dit « Halte au 3ème mandat, » créé bien avant que le parti présidentiel ne présente Pierre Nkurunziza comme son candidat aux présidentielles et le mouvement dit « Arusha » regroupant les partis de l’opposition. Les deux mouvements avaient le même but : « amener Nkurunziza et son camp à renoncer à ce mandat. »

La rue a échoué. Le coup militaire a connu un échec cuisant. Les opposants à Nkurunziza décident alors de créer une plateforme plus politique que citoyenne réunissant toutes les forces en opposition au « nouveau mandat de Pierre Nkurunziza. » Elle regroupe des frondeurs du CNDD-FDD, des partis d’opposition, des activistes de la sociétés civile et d’anciens présidents de la République.

Aujourd’hui, une question se pose : les activistes qui se retrouvent dans les rangs de ce collectif nommé CNARED (Conseil National pour le Respect de l’Accord d’Arusha et la Restauration d’un État de Droit) portent-ils encore la casquette d’activistes ? Ont-ils soudainement effectué un virage brusque et malicieux vers la politique ? Là, il s’agit particulièrement de Pacifique Nininahazwe, président du FOCODE (Forum pour la Conscience et le Développement) et de Vital Nshimirimana, délégué général du FORSC (Forum pour le Renforcement de la Société Civile) figurant dans le bureau de cette structure.

Le jeu du « Dedans –dehors »

« Ce n’est pas une structure politique » a déclaré Vital Nshimirimana à la RFI. C’est une autre façon de « poursuivre le combat » a-t-il ajouté. Mais, finalement, quelle serait alors la différence entre partis politiques et sociétés civiles si les deux peuvent se coaliser autour d’un même point pour un objectif politique ? Les partis politiques convoitent le pouvoir par le jeu politique et la société civile doit défendre ce jeu démocratiquement et librement sans parti pris. S’allier à l’un des joueurs ou participer dans ce jeu amène la société civile à perdre tout le sens de responsabilité et de crédibilité. La participation de Pacifique et Vital dans le CNARED est comme un masque qui tombe car ces deux hommes se sont toujours déguisés en activistes des droits humains pour faire des revendications politiques et cela pour des intérêts jamais inavouables et inavoués.

Ils ont toujours joué le jeu du « dedans et du dehors ». A mon avis, comme tout autre citoyen burundais d’ailleurs, ils avaient plein droit de dire qu’ils sont opposés « au nouveau mandat de Nkurunziza Pierre » mais pas celui de s’allier aux politiciens. Il est alors grand temps qu’on clarifie les choses : Pacifique Nininahazwe et Vital Nshimirimana ont été et sont plus politiciens qu’activistes et leur participation dans le CNARED vient pour enlever le doute qu’on avait. Ils ne peuvent pas être en même temps activistes et politiciens. Le choix s’impose.

Personnellement, je soutiens que le gouvernement puisse retoucher la loi qui régit les sociétés civiles burundaises non pas pour les restreindre ou les réprimer mais pour établir des limites afin de démêler les activistes des politiciens.