Le gouvernement du Canada choisit d’aller à l’encontre des intérêts du Burundi

Depuis le putsch contre Melchior Ndadaye en 1993, le Canada a choisi de geler la coopération bilatérale avec le Burundi. Aucune aide n’est donnée au gouvernement. Certains appuis à caractère humanitaire ne sont donnés que via les Organisations Internationales ou les ONG. Les demandes du gouvernement du Burundi depuis 2005 pour une redynamisation de la coopération se sont toujours heurtées à la méfiance du Canada et surtout au lobbying des détracteurs du CNDD FDD dans ce pays. Il faut ajouter deux ou trois bourses d’études qui sont accordées chaque année aux Burundais à condition qu’ils supportent eux-mêmes les frais de voyage et d’inscription dans une université canadienne pour la première année! Le ministre Kavakure s’est rendu au Canada pour plaider la cause du Burundi en vain. Ce qu’il ignorait: il avait dans sa délégation une personne qui agissait contre le Burundi: l’ambassadeur Speciose Nzeyimana!

Madame Speciose Nzeyimana a été premier conseiller d’ambassade à Moscou, puis à Paris. Puis dans un temps record, elle a été proposée par l’UPRONA comme ambassadeur à Moscou. Une fois cette nomination tombée, elle s’est rendue au Burundi où elle aurait eu un échange particulier avec Gervais Rufyikiri. Elle fut alors proposée comme ambassadeur pour le Canada! Quand son agrément pour Moscou est tombé, le ministre Kavakure aurait eu tout le malheur du monde à expliquer que le Burundi souhaitait plutôt lui confier d’autres responsabilités! Et la farce fut jouée.

Cette dame a récemment défrayé la chronique pour avoir dansé en croyant que le système DD avait été emporté par la tentative de putsch du 13 mai dernier! Elle a été rappelée au Burundi depuis le mois de juin mais a préféré l’option de l’asile politique au Canada. Mais ce qui est révoltant pour les Burundais qui vivent au Canada, c’est de voir madame Speciose Nzeyimana occuper toujours la résidence de l’État burundais! Il se raconte qu’elle avait exigé le salaire des mois de juin et juillet pour elle et sa petite sœur qui lui servait de gouvernante. Elle aurait exigé des billets d’avion et un container pour rapatrier ses biens et sa famille et tout lui a été payé. Le transporteur se serait présenté chez elle plus d’une fois sans recevoir les affaires à acheminer au Burundi! Tout simplement parce que la dame a entamé une procédure d’asile!

Le Burundi fait quoi pour que la résidence soit libérée? De l’avis d’un informateur proche de l’ambassade, le chargé d’affaires a saisi les autorités compétentes de plusieurs correspondances. Il a sollicité le concours de la police canadienne qui traîne plutôt les pieds. Entre temps, notre informateur signale que madame Speciose Nzeyimana se promène dans la maison comme un éléphant dans un magasin de porcelaines! Elle ferait tout pour abîmer et casser tout ce qu’elle peut dans la maison! Notre informateur s’indigne de ces agissements de la diplomate en disgrâce et dénonce la complicité des autorités canadiennes avec les fauteurs de troubles!

Pour rappel. Au moment des élections des conseillers communaux et des députés, madame Speciose Nzeyimana a fait son lobbying pour que celles-ci n’aient pas lieu dans son ambassade. Le gouvernement canadien a sorti une communication interdisant le scrutin sous prétexte qu’il n’avait pas été informé à temps. La même interdiction a été publiée pour les élections présidentielles. Ce dont l’ambassadeur Speciose Nzeyimana s’est félicité car elle ne se gênait pas de participer aux barbecues de collecte des contributions pour appuyer les manifestations à Bujumbura. Une attitude qui avait scandalisé les Burundais favorables au régime et les collègues de l’ambassade à Ottawa.

Le gouvernement du Canada est libre de ne pas avoir une coopération bilatérale avec le Burundi. Il est toutefois tenu de respecter les conventions en matière des relations diplomatiques et consulaires qu’il a ratifiées. Dans ses obligations, il doit apporter son concours aux autorités de l’ambassade qui ont sollicité l’appui de la police pour sortir Speciose Nzeyimana de la résidence de l’État burundais. Ce cas de l’ambassadeur en procédure d’asile évolue déjà vers un incident diplomatique dont le Canada se passerait. Car il a déjà fait beaucoup de mal à des centaines de Burundais qui ont été privés du droit d’élire suite à la mauvaise foi de madame Speciose Nzeyimana. Des leçons pour le régime de Nkurunziza et ses conseillers diplomatiques?

Malheureusement, ce cas n’est pas unique car même celui qui était ambassadeur du Burundi à Bruxelles a obtempéré à l’ordre de Bujumbura après un avertissement de la police belge. Il occupe une maison sociale et perçoit les allocations des réfugiés. Nul ne souhaite que ces Burundais soient contraints à l’exil mais ces sorties par la petite porte devraient faire réfléchir. Quand on a connu la dignité d’ambassadeur d’un pays, même en désaccord avec le gouvernement, on devrait partir sans histoires. Sinon, on s’interroge sur ces personnalités. Et le Canada ne sortira pas honoré de ce bras de fer grotesque sur son territoire. Il sait que le Burundi pourrait fermer cette ambassade même si ce serait une grande déception pour des milliers de Burundais qui y ont trouvé une deuxième patrie.

Editeurs B-24