Après le Génocide rwandais de 1994 et depuis l’arrivée du Front Patriotique Rwandais (FPR) au pouvoir à Kigali, la région des Grands-Lacs n’a cessé de connaître des turbulences et des conflits armés les plus meurtriers de l’histoire de l’Afrique. Au centre de ces turbulences et conflits, un drame et un homme : le génocide Rwandais et le Général Paul KAGAME, ancien rebelle et actuel chef de l’Etat du Rwanda. Considéré comme le nouveau « Mobutu » du Rwanda dans la nouvelle configuration géopolitique d’après la guerre froide, ce dernier s’illustre par son arrogance et sa stratégie de victimisation et d’interventionnisme belliqueux au nom du droit de poursuite contre les présumés génocidaires : « INTERAHAMWE ». Mais d’où tire-t-il cette audace d’agir ainsi ? Nul n’ignore que Kagame, à l’instar de l’ancien Président zaïrois est arrivé au pouvoir grâce à l’appui des puissances occidentales (surtout la CIA comme l’affirme le journal britannique The Guardian dans un article d’Ellen E.), et par conséquent il leur est redevable d’une ferme loyauté. Dans le cas de la Région des Grand-Lacs et pour la survie de son pouvoir, Kagame doit donc servir de pont et garantir les intérêts de ces puissances. La question qui se pose est de savoir jusqu’où ira-t-il pour se pérenniser au pouvoir et continuer à assouvir les intérêts de ses mentors dans la région ? Après la République démocratique du Congo, certains analystes continuent à croire que le Burundi serait toujours dans le viseur de déstabilisation par le Rwanda, malgré son échec cuisant de 2015. Cette fois-ci, ils parient sur les élections en vue de 2020.
Depuis le génocide rwandais de 1994, et galvanisé par les soutiens des grandes puissances, en particulier les Anglo-saxons avec comme chefs de file les clans Bill Clinton, Margueritte Albright et Tony Blair, le pouvoir FPR a su profiter du génocide rwandais pour renforcer et ethniciser son pouvoir ; et d’en régionaliser l’idéologie. Comme l’on dit qu’à quelque chose malheur est bon, le génocide rwandais est devenu une arme et un fonds de commerce redoutable pour la survie du pouvoir de Kigali et le début de la prédation de la région des Grands-Lacs par les Occidentaux. Et pour y arriver, d’abord un climat de terreur basée sur la bipolarisation ethnique de la société rwandaise entre d’une part des victimes Tutsis appelées à être protégées et d’autre part des génocidaires Hutus invités à se repentir collectivement et se soumettre éternellement, a été instauré. Ensuite, du côté de la communauté internationale, Kigali est parvenu à lui faire avaler la pilule de culpabilité en l’accusant de n’avoir pas agi pour stopper ce drame macabre de la fin du 20ème siècle. Une stratégie qui paie vu le Mea Culpa de cette communauté internationale, et surtout sa volonté de se racheter en soutenant le régime de Kigali à l’aveuglette et en fermant les yeux sur tous les crimes et toutes les violations des droits humains commis par ce régime.
Face à cette approche , tous les feux ont viré au vert pour permettre au FPR de s’enraciner et de se positionner en tant que la seule force qui a pu stopper le génocide contre les Tutsis et qui par conséquent a dorénavant l’obligation morale de protéger par tous les moyens les survivants Tutsis contre les forces du mal, en l’occurrence les INTERAHAMWE, le nom de ces fameux tueurs HUTUS (mais curieusement dirigés par un TUTSI) qui en l’espace de 100 jours ont exterminé à la machette et au fusil des centaines de milliers de Rwandais, majoritairement Tutsis. Ici l’histoire est connue de tous même si elle reste complexe. Pour le Rwanda, c’est un génocide TUTSIS tandis ce que pour les Nations Unies, qui considèrent que des HUTUS ont aussi péri, c’est un génocide rwandais (Depuis une année environ, les Nations-Unies le qualifie de génocide tutsi exclusivement). Une version rwandaise qui semble être privilégiée dans la plupart des milieux Occidentaux, car celle-ci les arrange dans la pérennisation de leur agenda géopolitique. En somme, si Kagame a su maitriser la soi-disante communauté internationale qui d’autre pourra oser barrer la route de sa locomotive sous peine d’être appelé révisionniste et négationniste ?
Ainsi, de la bipolarisation ethnique au laisser-faire de la communauté internationale est né malheureusement une véritable violence structurelle dont les victimes sont considérées comme des vrais citoyens et les autres, des citoyens de second rang. C’est cette même philosophie que véhicule le pouvoir de Kagame et sur laquelle il s’appuie pour contrôler le Rwanda, mais aussi pour déstabiliser les Etats voisins pour le compte des forces prédatrices à savoir les multinationales occidentales. C’est en effet dans cette perspective que la RDC est systématiquement pillée et pleure actuellement ses millions de morts au regard et au su de tout le monde. Son crime étant d’avoir accueilli et hébergé sur son sol des génocidaires / INTERAHAMWE. « Nous les traquerons partout où ils seront et le temps qu’il faudra », telle est le slogan du pouvoir FPR de Kagame. Et si celui-ci ose déclarer publiquement qu’il a dans la région, je cite, « parmi nos voisins il y a deux pays amis et deux pays ennemis…mais avec le temps nous allons pousser ces derniers pacifiquement ou par la force à devenir nos amis… nous avons fait cela avec les pays lointains pourquoi cela ne marcherait pas avec un voisin ? ». L’on sait que Kagame et ses mentors ont désormais mis la main sur la RDC et y ont par conséquent installé leurs hommes pour mieux la contrôler et profiter librement de ses ressources. Who is the next ? Présentement, même si les tensions paraissent palpables entre Kigali et Kampala, certains analystes pensent que c’est une diversion et que la prochaine cible demeure le Burundi de l’irréductible panafricaniste et Président Pierre NKURUNZIZA.
A la veille des élections présidentielles de 2015 au Burundi et suite au débat né sur une éventuelle nouvelle candidature du Président Nkurunziza dont les Occidentaux ne voulaient pas entendre parler d’une seule oreille, nombreux sont ceux qui ont été surpris du revirement des relations entre Kigali et Bujumbura, pourtant très bonnes jusque-là. Ainsi, sous les ordres de Washington, Paris et Bruxelles, Kagame a changé de veste et pris le rôle de Judas contre son pays frère et ses dirigeants. Celui-ci a pris position et est rentré dans le jeu des Occidentaux. Habitué aux guerres par procuration, Kagame n’a pas hésité une seconde à se lancer dans une campagne de déstabilisation du Burundi et de tenter de renverser le pouvoir de Nkurunziza. Avant même que la candidature de ce dernier ne soit officialisée, Kigali a formé et armé des jeunes burundais qui ont attaqué le Burundi à partir de la RDC. Malheureusement, ces jeunes se sont heurtés au feu nourri des forces de sécurité et de défense burundaises qui les ont anéantis. Cette agression rwandaise n’a jamais été condamnée par la communauté internationale ; cette dernière se contentant plutôt de condamner Bujumbura l’accusant d’avoir commis des exécutions extra-judiciaires. La suite on n’y revient pas. Mais le Rwanda n’a pas renoncé pour autant. Après l’annonce et l’officialisation de la candidature de Nkurunziza pour les élections de 2015, Kigali et les chancelleries occidentales ont financé et organisée une insurrection déguisée en manifestations contre cette nouvelle candidature et qui s’est soldée par une tentative de coup d’Etat. Là aussi les forces de sécurité et de défense loyalistes ont répondu présent et ont neutralisé les mutins. Ceux qui ont pu prendre le large se sont repliés vers le Rwanda d’où ils se sont réorganisés et ont essayé par tous les moyens d’attaquer le Burundi afin de perturber les élections mais en vain. Toutes les tentatives du genre venant de l’intérieur comme de l’extérieur ont échoué.
Le mensonge et la manipulation du pouvoir de Kigali faisant partie de sa stratégie pour asseoir sa légitimité, celui-ci, après s’être heurté à une résistance farouche de la part des Burundais, s’est lancé dans son jeu d’alarmer et effrayer l’opinion comme quoi il y avait un génocide en cours de préparation au Burundi. Le ridicule ne tue pas et le Burundi n’est pas la RDC. Son argument et toutes les démarches qui pouvaient légitimer son agression contre le Burundi sont progressivement tombés à l’eau. Le Burundi, dans son unité, est dorénavant entré dans un train de la démocratie et rien ne peut le faire reculer. Le mot d’ordre étant : « celui qui va tenter de déstabiliser le Burundi, cela commencera chez lui et ça se terminera chez lui ». Ceux qui avaient cru que le pouvoir de NKURUNZIZA allait s’effondre comme de la neige ont bien compris qu’il n’est pas interdit de rêver. Malgré les sanctions que les Occidentaux ont infligées au Burundi et les tentatives de déstabilisation répétées du Rwanda, le Burundi reste stable, uni, en paix et en sécurité. Toutes les institutions de l’Etat fonctionnent normalement. Le seul ennemi que les Burundais craignent aujourd’hui et qu’ils sont appelés ensemble à combattre c’est la pauvreté. Quant au dialogue inclusif tant décrié par ceux qui voudraient ramener les putschistes aux affaires, le Burundi a bien donné sa position et l’a maintenue. Le pouvoir de Bujumbura ne veut plus de distractions inutiles et maintient toujours le cap d’organiser les prochaines élections dans la tranquillité, dans toute transparence et sans l’aide extérieure pour éviter certaines ingérences. Il a invité pour ce faire tous les politiciens en exil qui ne sont pas poursuivis par la justice pour des faits liés à la tentative de putsch de 2015 à regagner le bercail et à se préparer aux élections de 2020.
Pour le pouvoir de Kigali, le Burundi en paix, stable et démocratique est toujours gênant. En effet, Kigali gère mal comment les deux composantes ethniques, HUTUS et TUSIS cohabitent et gouvernent ensemble au Burundi malgré les périodes sombres de l’histoire qu’a traversé ce pays. Il a peur que ce modèle unique dans la région puisse à long terme impacter sur le clivage ethnique en vigueur au Rwanda car pour Kigali il serait inimaginable de partager le pouvoir avec ceux qu’il considère éternellement comme génocidaires. D’où pour le régime Kagame, un scénario à la Rwandaise serait préférable aussi au Burundi pour se sentir confortable dans son idéologie. C’est dans ce sens qu’il relance sur le marché son produit préféré : « génocide contre les Tutsis » en préparation au Burundi. Mais conscient que ce produit à l’état actuel risque de manquer de clientèle, il essaie d’y ajouter d’amples ingrédients. Beaucoup sont ceux qui se rappellent qu’à la veille de l’invasion de l’ex Zaïre, le pouvoir de Kagame disait que sa sécurité était menacée par les génocidaires/INTERAHAMWE qui s’y étaient réfugiés et qu’il fallait à tout prix déloger. Le résultat est connu de tout le monde, ce fût un prétexte pour aller chasser le Président Mobutu. Aujourd’hui après avoir exploré toutes les voies possibles pour renverser le pouvoir de Bujumbura, le même slogan refait surface au Burundi : Le Burundi héberge des INTERAHAMWE.
En 2015, le pouvoir de Kigali accusait le Burundi d’héberger les rebelles HUTUS des Forces Démocratiques de Libération Rwandaise (FDLR). Un alibi qui ne tenait pas pour légitimer son agression contre le Burundi surtout que le Rwanda se dédouanait des accusations du Burundi d’héberger, d’entrainer et d’armer les putschistes burundais. Le Mécanisme Conjoint de Vérification des Pays des Grand-Lacs, après enquête, a, réfuté les accusations rwandaises. Par contre le Rwanda a toujours refusé à ce Mécanisme d’enquêter sur les accusations provenant du Burundi. La soif de Kigali et ses mentors pour mettre la main sur le Burundi et ses ressources restant toujours d’actualité, ceux-ci voudraient cette fois-ci profiter du prochain processus électoral pour réveiller leurs vieux démons déstabilisateurs. Faisant croire au monde que le Rwanda connaît actuellement une rébellion armée à la frontière avec le Burundi, celui-ci n’hésite pas à dire que cette rébellion a sa base arrière au Burundi. Des éléments armés seraient même envoyés par Kigali pour franchir la frontière burundaise et se faisant passer pour des déserteurs de cette rébellion qui rejoignent leur base arrière au Burundi. Ce qui donnerait raison à la thèse de Kigali. Pour Bujumbura l’impossible n’est pas politique et la vigilance reste de mise. Chaque fois que le Burundi attrapera ces éléments, il prendra l’opinion à témoin et les remettra aux autorités rwandaises dans le strict respect du droit. Néanmoins ce qui est sûr, c’est qu’une nouvelle campagne de déstabilisation du Burundi par Kigali et ses mentors n’est plus un secret de polichinelle. Et ceux qui prennent cela à la légère ont certainement la mémoire courte. Avec le Rwanda de KAGAME seule la fin justifie les moyens. La bataille sanglante de Kisangani du 5 au 10 juin 2000, appelée « Guerre des six jours » , entre les forces rwandaises et celles de l’Ouganda en dit long. Des frères jumeaux ; et pour être modeste, un fils et un parrain qui s’entretuent pour des intérêts des Occidentaux, il y a de quoi s’interroger.
En effet, et peut-être un élément décisif, Kigali affirme qu’il y a au sein des forces de sécurité et de défense burundaises des INTERAHAMWE qui menaceraient la sécurité du Rwanda. Un des officiers de l’armée burundaise interrogé à ce sujet et qui a voulu garder l’anonymat a répondu je cite : « Si les INTERAHAMWE ont existé dans l’appareil de sécurité et de défense du Burundi, ceux-ci étaient à la solde du pouvoir de Kigali et sont ceux-là même qui ont tenté de renverser les institutions démocratiquement élues au Burundi et qui après être démasqués et pourchassés se sont repliés chez eux au Rwanda à l’image du Général Godefroid NIYOMBARE et compagnons….de telles gens n’ont pas de place dans cette institution républicaine et s’il en reste encore, tôt ou tard ils retourneront chez leur maître … ». Donc pour Bujumbura, ces accusations c’est du n’importe quoi. Pourquoi le Burundi aurait-il besoin de ces INTERAHAMWE quand l’on sait que les forces de sécurité et de défense burundaises, de par leur configuration régionales et ethniques reconnue par la constitution burundaise, sont suffisantes et sont parmi les mieux aguerries du continent qu’elles sont même sollicitées ailleurs dans le monde pour ramener la paix ? Dans tous les cas, le pouvoir de KIGALI devra penser mille fois avant de se lancer dans cette nouvelle mésaventure. Trop c’est trop et le peuple des Grands-Lacs a droit à la vie et à vivre en paix. Les six millions de Congolais tués au nom du droit de poursuite des présumés génocidaires INTERAHAMWE ne suffisent-ils pas pour comprendre que la folie de grandeur à ses limites ? Africains et Peuple des Grand-Lacs, tous ensemble disons non à ces va-t’en guerre et bâtissons notre chère Afrique en paix et en unité!
Par TINGITINGI James