Busokoza destitué : les fauteurs de troubles ne savent plus à quel saint se vouer .
par Webmaster ⋅ lundi 3 février 2014 – publié sur Nyabusorongo
Les choses sont allées très vite dans les arcanes politiques burundais. Tout se déroule comme dans un film d’action avec cascades et rebondissements. La cour suprême prononce un non-lieu dans l’affaire des protagonistes de l’UPRONA décidés, de guerre lasse, de fumer enfin le calumet de la paix.
Alors que tout le monde commence à saluer la maturité des leaders de l’UPRONA qui, après cinq ans de bataille judiciaire et de guerre d’idées ou d’intérêts divergents, une conférence de presse de la porte-parole de la cour suprême vient doucher l’euphorie des frères ennemis en réconciliation bruyante. Elle s’appelle Bangiricenge comme un roi du Burundi, père du fondateur de l’UPRONA. Madame Bangiricenge précise que l’arrêt du non-lieu n’annule en rien les décisions judiciaires prises par les instances inférieures. Autrement dit, l’UPRONA sera géré par les organes de 2009 ! Et la cour suprême précise qu’il incombe au Ministre de l’Intérieur de faire son travail de gestion et de régulation des affaires des partis politiques. Bangiricenge vient ce faisant de tuer tous les espoirs des leaders de l’UPRONA qui rêvent de bloquer la révision de la constitution et l’adoption d’une loi créant une cour spéciale pour la Commission Terre et Autres Biens.
Cinq ans de retour en arrière pour l’UPRONA, dérisoire par rapport aux dégâts du putsch de 1993 pour le pays
Edouard NDUWIMANA prend un malin plaisir à mettre de l’ordre dans l’organisation et le fonctionnement des partis politiques. L’appel de la cour suprême tombe dans les oreilles attentives et très rapidement, le Ministre NDUWIMANA s’appuie sur l’arrêt de la cour suprême pour dire à ceux qui étaient jusqu’alors reconnus comme dirigeants de l’UPRONA qu’ils ne sont que des usurpateurs. Il invite les militants et les dirigeants du parti à remettre aux commandes de l’UPRONA ceux qui y étaient en 2009 ! Cinq ans de retour en arrière ? Le ciel tombe sur la tête du couple BUSOKOZA-NDITIJE et associés.
Avec cette décision d’ignorer tous les congrès ou compromis ayant eu lieu dans le parti UPRONA depuis 2009, la justice a frappé fort. Mais il faut se poser la question de savoir pourquoi les leaders de l’UPRONA, sachant que le non-lieu était synonyme d’acceptation des décisions judiciaires jusqu’alors prises, ont joué la carte du retrait des plaintes ? Quel piège tendaient-ils au pouvoir en place ? Etaient-ils si aveuglés par le blocage de la révision de la constitution et d’autres lois qu’ils n’ont pas vu l’erreur monumentale qu’ils commettaient ? Etaient-ils si convaincus d’avoir infiltré le parti au pouvoir qu’ils espéraient voir le ministre de l’intérieur cautionner leur mascarade de réconciliation ? Est pris qui croyait prendre !
Malgré la décision de la cour suprême, l’UPRONA a refusé d’avancer en reculant comme il aimait imposer marche des affaires à la nation burundaise ! L’UPRONA a décimé les Burundais et ne veut pas répondre de ses crimes. L’UPRONA a spolié les biens et les terres des fils et fils du Burundi et ne veut pas que justice soit rendue ! L’UPRONA sème la pagaille dans son camp et se fabrique des boucs-émissaires avant d’exiger que l’on le laisse faire comme bon lui semble ! Ce genre de monstre sacré est-il supportable au Burundi ?
Le Burundi a reculé plusieurs fois sous l’instigation des leaders cruels et machiavéliques se réclamant de l’UPRONA. La logique républicaine aurait été que les leaders de l’UPRONA respectent la décision de la justice, qu’ils acceptent de se faire violence, de ramener l’équipe de NIYOYANKANA aux affaires et d’obtenir de lui qu’il organise un congrès permettant de doter le parti d’organes représentatifs du vent de réconciliation qui soufflait apparemment. La colère est mauvaise conseillère et l’UPRONA l’apprend à ses dépens ! Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Bujumbira et l’UPRONA n’est plus le mastodonte des années 60 ou 80. Le Burundi s’est affranchi de l’UPRONA mais ce fut au prix de sacrifices énormes et de martyres. Avec la leçon infligée à l’UPRONA par la cour suprême, on s’attendait à ce que les intellectuels et les faucons de ce parti sachent mettre de l’eau dans leur vin. BUSOKOZA avec sa garde rapprochée lachée sans état d’âme sur les agents de la police assurant la sécurité des lieux, cela rappelle la négation du verdict des urnes en 1993 et ceux qui ont pris les choses à la légères se trouvent maintenant dans un cimétière ou dans des fosses communes.
BUSOKOZA aura fait trois mois de règne et une sortie disgracieuse
Nommé mi-octobre 2013, Bernard BUSOKOZA n’aura pas atteint le camp de 100 jours de règne. On se souvient qu’à l’annonce de sa candidature, les députés avaient eu des frissons et avaient refusé d’accorder leur bénédiction. Ce fut arrachée au forceps comme s’il passait sur le cadavre encore saignant de Melchior Ndadaye.
Comme nous le lisons dans le décret portant destitution, BUSOKOZA s’opposait à la révision de la constitution malgré l’espoir suscité par les dernières rencontres initiées par l’assemblée nationale sur ce dossier. BUSOKOZA s’en est pris au Ministre de l’Intérieur et a voulu l’humilier publiquement en se prenant pour le chef du Gouvernement. Or, le chef du Gouvernement n’est personne d’autre que le Président de la République. Les Vice-Présidents coordonnent les activités des ministères comme de superviseurs qui doivent tous rendre compte au Président de la République. BUSOKOZA a été pris à son propre piège de mégalomanie et d’intentions malveillantes. Il sort de la scène tête baissée !
Une crise gouvernementale ou une crise d’un parti politique ?
Il faut rappeler que la constitution du Burundi garantit la séparation et la collaboration des pouvoirs. L’exemple d’un arrêt pris régulièrement par la cour suprême et qui a su compter sur la collaboration du pouvoir exécutif pour sa mise en application est très intéressant. Il convient alors de souligner la petitesse d’esprit de BUSOKOZA qui s’est ligué contre la mise en application d’une décision judiciaire coulée en force de chose jugée. Peut-on être guidé par la folie de grandeur et se ridiculiser jusqu’à ce point ? Mais le ridicule ne tue pas. Et on serait naif de croire que BUSOKOZA s’intéresse aux scrupules. Il vient du moins de donner une illustration de son personnage et de ses visées : un homme dangereux !
La spontaneité avec laquelle le Président de la République, jugé généralement attentiste, a fait monter sa popularité. Il rassure la nation et avec la destitution opportune et bien justifiée, la nation doit comprendre qu’on n’est plus en 1993. La nation découvre que des citoyens choyés par la République depuis des lustres ont toujours horreur de l’Etat de droit. La correspondance de BUSOKOZA désavouant le Ministre de l’Intérieur trahit le desespoir des fauteurs de troubles jamais guéris des démons du chaos et de la fabrication des charniers. C’est une invitation au pouvoir en place à rester vigilant.
BUSOKOZA chassé des affaires, les tractations vont déjà bon train pour lui trouver un successeur. Soit le coup de massue donné sur la tête de BUSOKOZA va ramener le troupeau de militants derrière lui à revenir à la raison et soutenir NIYOYANKANA jusqu’à l’organisation d’un congrès, soit NIYOYANKANA va profiter de l’aubaine inéspérée et se frotter les mains ; soit l’UPRONA va être absent du nouveau gouvernement et le Président NKURUNZIZA n’aura qu’à intéresser le parti de Jacques BIGIRIMANA et celui de Jean MINANI. L’UPRONA au parlement mais pas au gouvernement, ce serait inédit mais jouable pour le parti au pouvoir. Pour le moments, les fauteurs de troubles s’en mordent les doigts et ne savent pas encore à quel démon ou saint se vouer. Connaissant l’Uprona, beaucoup sont ceux qui vont basculer vers le nouveau PRESIDENT de ce Parti pour se positionner. He oui « Agakecuru gahishije ntikabura abuzukuru »
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