Des femmes autochtones victimes d’un « génocide » entre 1980 et 2012 au Canada – La Libre

Après plus de deux ans de travaux, une enquête publique a conclu ce lundi 3 juin 2019 que des milliers de femmes autochtones assassinées ou portées disparues au Canada ont été victimes d’une violence endémique caractéristique d’un « génocide ».
 
Le rapport de quelque 1.200 pages a été rendu public lors d’une cérémonie en présence du Premier ministre Justin Trudeau et des familles des disparues au musée canadien de l’Histoire, à Gatineau, ville québécoise située en face d’Ottawa. Intitulé « Réclamer notre pouvoir et notre place », le rapport conclut que les femmes et les filles autochtones font face à un niveau de violence disproportionnellement élevé en raison des « actions et inactions de l’Etat qui trouvent leurs racines dans le colonialisme et les idéologies connexes, reposant sur une présomption de supériorité ». Des autochtones comme des non-autochtones étaient à l’origine de ces meurtres et disparitions.
 
Certains étaient les partenaires de ces femmes, d’autres des membres de leur famille ou de leur entourage ou encore des étrangers, y compris des tueurs en série, selon le rapport. Selon des estimations officielles, environ 1.200 femmes autochtones ont été tuées ou portées disparues au Canada entre 1980 et 2012. Après avoir entendu ou recueilli les témoignages de plus de 2.000 proches des victimes, la commission estime que le nombre de victimes est probablement beaucoup plus élevé pour atteindre plusieurs milliers, mais que « nul ne connaît » leur nombre exact.
 
Le rapport appelle à des réformes majeures, faisant 231 recommandations pour améliorer la sécurité, la justice, la santé et la culture pour les 1,6 million d’autochtones, Inuits et Métis du Canada. « Malgré des circonstances et des contextes variables, tous les meurtres et disparitions ont en commun la marginalisation économique, sociale et politique, le racisme et la misogynie qui font partie intégrante du tissu social canadien », a expliqué Marion Butler, commissaire en chef. « La dure réalité, c’est que nous vivons dans un pays dont les lois et les institutions perpétuent les violations des droits fondamentaux, ce qui mène à un génocide envers les femmes, les filles et les personnes » autochtones issues de minorités sexuelles.
 
BELGA