L’absence des chefs des renseignements burundais à une réunion la semaine dernière à Kinshasa avec les autres chefs des services de la région a été très remarquée. L’ordre du jour était la lutte contre les groupes armés congolais ou étrangers qui sévissent dans l’est du Congo. Cette réunion était prévue de longue date, décidée lors d’un sommet à Kampala l’an dernier. Elle n’avait pas pu être organisée depuis, notamment en raison de la montée de tensions entre le Rwanda et ses voisins, mais aussi à cause des élections en RDC.
Cette réunion, les deux organisations sous régionales, CIRGL, Sadc, et surtout l’ONU, avaient beaucoup misé dessus, espérant relancer la coopération régionale et apaiser les tensions. Elles avaient demandé l’investissement personnel du président Tshisekedi qui avait lui-même invité les autorités burundaises à participer à cette réunion. Pourquoi le Burundi n’est pas venu ?
Le 28 avril dernier, le président Félix Tshisekedi avait pourtant envoyé un de ses envoyés spéciaux rencontrer son homologue burundais Pierre Nkurunziza pour évoquer une future rencontre entre les deux chefs d’État et obtenir son accord pour cette réunion, explique une source onusienne. Le jour J, seul un officier burundais du mécanisme régional de vérification se présente, il refuse de prendre part aux débats. Ce qui n’a pas empêché le bureau de l’envoyé spécial de l’ONU pour les Grands Lacs de parler d’une participation du Burundi, au grand dam de Bujumbura. « C’est dommage, le Burundi se plaint beaucoup du soutien du Rwanda à ses rebelles, cela aurait été l’occasion d’en faire part », conclut cette source onusienne.
Kagame « en difficulté avec tous ses voisins… »
Côté burundais, plusieurs officiels ont justifié cette absence par le soudain rapprochement entre Kinshasa et Kigali. « Paul Kagame est partout, Tshisekedi le fait applaudir dans un stade à Kinshasa, sa propre femme paradait encore ce week-end à Kigali », indique l’une de ces sources. Depuis son investiture, Félix Tshisekedi n’a pas rencontré son homologue burundais, alors qu’il a vu la plupart de ses voisins et notamment le Rwandais Paul Kagame. Mais la diplomatie burundaise se refuse à parler de brouille. Pour un de ses diplomates, Paul Kagame, « en difficulté avec tous ses voisins », miserait aujourd’hui sur Félix Tshisekedi pour avoir « au moins un ami » alors qu’il avait été parmi les premiers à mettre en doute les résultats de son élection.
RFI