En 2014, Marc Trussler & Stuart Soroka de l’Université Mc Gill à Montréal ont publié leurs conclusions sur une une étude qui évaluait les attentes des consommateurs quant aux actualités qu’ils lisent.
« Quoi qu’en disent les participants, ils manifestent une nette préférence pour les actualités négatives », avait conclu le duo. « Nous en arrivons à la conclusion qu’il est plus facile pour les individus de choisir des nouvelles négatives (…), même lorsque d’autres options sont disponibles. Même quand ils ont dit qu’ils préféraient des nouvelles moins négatives. »
« Quiconque tente de brosser un tableau de la situation actuelle à New York à partir des premières pages de nos nombreux journaux ne peut être blâmé pour parvenir à la conclusion que la société est sur le point de connaître une misérable anarchie. »
Articles sur le terrorisme : +facteur 3.906
Un bon exemple de cet état de choses est la couverture du terrorisme. Selon une étude de Max Roser, le terrorisme est surexposé par un facteur de près de 4 000 dans les médias.
Dans un article paru l’année dernière dans le magazine Foreign Affairs (« La véritable menace terroriste en Amérique »), Peter Bergen et David Sterman l’exprimaient comme suit :
« Le plus gros problème du terrorisme aux États-Unis aujourd’hui est celui des individus radicalisés par une multitude d’idéologies trouvées sur Internet. »
Mais le terrorisme n’est pas le seul à être surexposé par les médias. Il en va de même, dans une moindre mesure, pour les meurtres (facteur 31) et les suicides (facteur 7).
Roser est connu pour ses critiques sur la couverture négative qui domine les médias. Et cela à un moment de l’histoire où le monde n’a jamais été meilleur. Dans une nouvelle étude, il s’est penché sur la manière dont les médias rendent compte des décès et de leurs causes. Roser et son équipe ont comparé les statistiques officielles américaines sur les causes de décès avec les informations parues dans le New York Times, The Guardian et les termes de recherche liés à la mort saisis par les utilisateurs de Google Search et accessibles via Google Trends. Telles sont leurs conclusions :
Suicide, meurtre et terrorisme … notre pain quotidien
- Environ 33 % des décès sont causés par une maladie cardiaque. Tant dans Google Search que dans les médias, les maladies cardiaques occupent 2 à 3 % de l’espace disponible pour les articles d’actualités.
- Un peu moins du tiers des décès sont dus au cancer. Le cancer est un terme de recherche très populaire sur Google (37 %), mais ne représente que 13 à 14 % de tout l’espace disponible dans les médias.
- Nous recherchons plus souvent sur Google Search les accidents de la route que les décès, mais les médias n’y accordent que très peu d’attention.
- Le nombre de crises cardiaques est rapporté de manière étonnamment équilibrée à la fois dans Google Search et dans les médias.
- Les plus grandes différences résident dans les causes violentes de décès : suicide, meurtre et terrorisme. Dans Google Search et les médias, ils reçoivent beaucoup plus d’attention que leur part dans le nombre total de décès. En moyenne, les médias consacrent les deux tiers de leurs reportages aux morts violentes. Mais ils ne représentent même pas 3 % de tous les décès aux États-Unis.
Ce que nous recherchons dans Google est plus proche de la réalité que ce que les médias nous servent.
Ce que nous recherchons dans Google est plus proche de la réalité que ce que les médias nous servent
Le graphique ci-dessous (une version plus grande peut être consultée ici) nous enseigne déjà que les termes de recherche que les Américains introduisent dans Google Search sont beaucoup plus proches de la réalité que ce que les médias nous servent. Roser suppose que les médias produiront plus facilement un contenu qui, selon eux, intéresse leurs lecteurs. Mais cela ne se reflète pas dans nos propres préférences lorsque nous collectons nous-mêmes des informations.
[Dans la colonne de gauche, les véritables causes de décès. Dans la deuxième colonne, les thèmes de nos recherches dans Google Search. Les deux colonnes de droite reflètent les reportages d’actualités du New York Times et du Guardian.]