Les cinq discours les plus marquants de l’Assemblée générale de l’ONU

L’Assemblée générale des Nations Unies est parfois l’occasion d’assister à de belles envolées lyriques.
Grand moment de la diplomatie mondiale, choc des cultures, vaste scène théâtrale où se règlent parfois les comptes. L’Assemblée générale de l’ONU a vécu de grands discours.


[bleu ciel]RT France[/bleu ciel],L’Assemblée générale des Nations Unies est parfois l’occasion d’assister à de belles envolées lyriques.
Grand moment de la diplomatie mondiale, choc des cultures, vaste scène théâtrale où se règlent parfois les comptes. L’Assemblée générale de l’ONU a vécu de grands discours. RT France vous a sélectionné les cinq plus marquants.

Le plus long : Fidel Castro en 1960
Alors que son frère Raoul devrait monter à la tribune pour la première fois le 28 septembre, il y a 55 ans, Fidel Castro prononçait le plus long discours de l’histoire de l’ONU. Un speech de 4h29 vu par le meneur de la révolution cubaine comme une formidable opportunité : «C’est ici que nous avons la possibilité de dire la vérité, et nous ne perdrons pas cette possibilité». A commencer par la manière dont le gouvernement américain aurait traité le leader. Isolement dans l’île de Manhattan, tentatives de limiter les contacts avec d’autres délégations, hostilité, autant d’éléments ayant mis l’administration du président Eisenhower dans l’embarras.

La phrase à retenir : «Que disparaisse la philosophie du pillage, et la philosophie de la guerre aura disparue».

L’orateur met à profit son large temps de parole pour dénoncer la puissance néfaste de la finance et du capitalisme. «Le capital financier impérialiste est une prostituée qui ne parviendra pas à nous séduire» déclare-t-il. Fidel Castro en profite également pour donner un cour d’histoire et expliquer à l’audience la réalité de l’indépendance de Cuba par rapport à la couronne espagnole. Une indépendance qui, selon lui, vient d’être réélement gagnée par le peuple et qu’il défendrait quel qu’en soit le prix.

Le plus démonstratif : Nikita Khrouchtchev en 1960
Décidément, cette année 1960 fut un bon cru. Quelques jours après le discours marathon de Castro, c’est le leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, qui prend la parole. En pleine guerre froide, c’est la première fois qu’un dirigeant de l’URSS se rend à l’Assemblée générale de l’ONU. Pas intimidé pour un sous, Khrouchtchev en profite pour critiquer les visées impérialistes américaines et soutenir les pays africains récemment libérés du joug colonial.

Mais c’est pour une tout autre raison que son intervention fait désormais partie de la légende. Lorenzo Sumulong, représentant les Philippines, attaque l’URSS lors de son passage à la tribune. Selon lui, les pays de l’Est sont victimes d’une absorption par le géant soviétique. Une intervention qui rend fou de rage Khrouchtchev qui demande à intervenir. Devant le manque de réaction, il saisit alors sa chaussure et frappe son pupitre. Frederick Boland, le président irlandais de l’Assemblée, médusé, décide de couper le microphone du leader.

La phrase à retenir : «Nous avons à notre disposition des moyens qui auront pour vous de lourdes conséquences. Nous allons vous montrer de quel bois on se chauffe! (référence à la superbombe sur laquelle travaillait une équipe d’ingénieur au centre Arzamas 16)».

A l’époque, la question du désarmement intéresse tout particulièrement la puissance de l’Est. Cependant, elle est laissée à la charge d’une commission spéciale. De plus, l’URSS souhaite mettre sur la table la mise en place d’un comité en lieu et place du poste de secrétaire général de l’ONU. Débat refusé. Pour certains observateurs, ces camouflets diplomatiques auraient pu contribuer à la démonstration de colère de Khrouchtchev.

Le plus passionné : Thomas Sankara en 1984
Il restera dans les mémoires comme l’un des plus grands discours de l’histoire de l’assemblée. Ce 4 octobre 1984, un an après le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir, le leader burkinabé livre un speech devenu référence dans les milieux révolutionnaires. Il y défend la souveraineté des pays du tiers-monde et leur droit à disposer d’eux même. Se muant en porte-étendard des nations faibles, il appelle à une solidarité naturelle entre les continents de l’hémisphère sud : «Admettre, en tant que non-alignés, et avec la densité de nos convictions, qu’une solidarité spéciale unit ces trois continents d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique dans un même combat contre les mêmes trafiquants politiques, les mêmes exploiteurs économiques».

La phrase à retenir : «Forts de cette certitude, nous voudrions que notre parole s’élargisse à tous ceux qui souffrent dans leur chair, tous ceux qui sont bafoués dans leur dignité d’homme par un minorité d’hommes ou par un système qui les écrase.»

Il met également à profit son temps de parole pour expliquer son projet révolutionnaire au Burkina Faso et plus largement sa vision du monde. Il exprime ainsi sa solidarité avec les populations indiennes d’Amérique, la Palestine et même les Irlandais dont une partie est en guerre contre le Royaume-Uni. Il terminera son allocution par un lapidaire et passioné : «La Patrie ou la mort, nous vaincrons !»

Le plus offensif : Hugo Chavez en 2006
«Le diable est venu ici». Difficile de commencer plus à l’attaque. Le lucifer dont parle Hugo Chavez, c’est George W. Bush. L’ex président américain avait précédé d’un jour son homologue à la tribune afin de défendre la politique étrangère américaine. Ce qui avait manifestement énervé Hugo Chavez. Lors de son intervention, le leader bolivarien ne cesse d’attaquer frontalement le gouvernement de Washington, l’accusant de se comporter «comme si le monde lui appartenait». «Nous en appelons au peuple des Etats-Unis et au monde pour mettre fin à cette menace, qui est comme une épée planant au dessus de nos têtes» déclare-t-il à l’audience sans récolter quelques applaudissements de la part de plusieurs délégations.

La phrase à retenir : «Les Etats Unis ont déjà planifié, financé et lancé un coup d’Etat au Vénézuela. Et les Etats Unis continuent d’appuyer des mouvements putchistes au Vénézuela et contre le Vénézuela, ils continuent d’appuyer le terrorisme».

Le président vénézuélien invite même l’assemblée à lire l’ouvrage de l’intellectuel Noam Chomsy et intitulé : «Hégémonie ou Survie». La stratégie impérialiste des Etats Unis. Le leader, bouquin en main, explique que le livre est très utile «pour comprendre ce qui s’est passé dans le monde au 20ème siècle, ce qui se passe actuellement et la plus grande menace qui pèse sur notre planète, la pretension hégémonique de l’impérialisme Nord-américain mets en péril la survie même de l’espèce humaine».

Le plus illustré : Benyamin Netanyahou en 2012
Nous le savons, une des plus grande crainte de l’Etat d’Israël demeure l’éventuelle acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran. Afin de bien illustrer son propos, le chef du gouvernement de l’Etat hébreu a sorti le dessein. Dans un moment désormais célèbre, Benyamin Netanyahou a surpris l’Assemblée générale en exhibant un croquis rudimentaire censé représenter l’état d’avancement du programme nucléaire de Téhéran. Plus simple que de rentrer dans les détails, efficace pour éviter de parler uranium enrichi et centrifugeuse, la méthode Netanyahou a fait son effet.

A l’époque, la journaliste du Washington Post, Alexandra Petri s’interrogeait : «Etait-ce juste un mauvais choix de prendre le dessin d’une bombe au style ridicule, hypersimplifié… ? Ou etait-ce un choix calculé… de créer l’image indélébile de la journée dont tout le monde parlerait ?» En tout cas, sur les réseaux sociaux, l’image a valu le détour…nement. Une succession de montages représentant le chef d’Etat et son croquis ont envahi la toile.